Accueil | Culture | [Critique ciné] « Lion », un pari fou mais gagné

[Critique ciné] « Lion », un pari fou mais gagné


Le film raconte l'histoire incroyable, mais vraie, de Saroo Brierley, jeune Indien adopté par un couple australien après qu'il eut égaré sa famille à l'âge de 5 ans. (photo AP)

Il y a des premiers films qui valent la plupart des longs métrages de réalisateurs confirmés. C’est le cas de ce « Lion » de Garth Davis, connu, jusque-là pour la réalisation de trois épisodes de la minisérie « Top of the Lake » créée et écrite par Jane Campion.

D’ailleurs si le film est reparti bredouille des Oscars – malgré ses six nominations – et des Golden Globes – quatre nominations – il a remporté deux Bafta, dont celui du meilleur scénario adapté, et surtout le prix du meilleur premier film aux Directors Guild of America Awards.

Pourtant le film avait tout pour se casser la gueule. Au-delà du manque d’expérience du réalisateur, il y avait le manque d’intérêt de nombreux producteurs nord-américains, refroidis par le fait que le récit ne se déroulait pas aux États-Unis, mais en Australie, par les difficiles conditions de travail en Inde, autre pays de tournage, ou encore par tous les rôles assurés par des comédiens néophytes. Et pourtant…

Garth Davis est parti d’une histoire incroyable, mais vraie. Celle de Saroo Brierley, jeune Indien adopté par un couple australien après qu’il eut égaré sa famille à l’âge de 5 ans. Un soir, voulant accompagner son grand frère lors d’un travail de nuit, le petit s’endort dans un train à l’arrêt. Problème, quand il se réveille, celui-ci roule à pleine vitesse et les portes sont verrouillées. Il ne s’arrêtera que quelques jours plus tard, en gare de Calcutta. Là, seul, apeuré et ne parlant pas le bengali, il va vite devoir apprendre la survie en milieu hostile, car ce n’est qu’après plusieurs mois qu’il sera recueilli par un orphelinat et, ensuite, adopté par des Australiens. On le retrouve 25 ans plus tard, alors qu’il est devenu un vrai «Aussie». Il vient de découvrir le programme Google Earth et se met en tête de retrouver son village et sa famille. Mais l’Inde est le septième pays le plus grand du monde, et le deuxième plus peuplé ! Autant chercher une aiguille dans une botte de foin.

Une quête que le réalisateur a la bonne idée de nous raconter d’abord à hauteur d’enfant, puis à travers les yeux de ce jeune à fleur de peau. Un film fort qui doit aussi beaucoup à son casting : Dev Patel (Slumdog Millionaire, The Best Exotic Marigold Hotel), Rooney Mara (Carol), Nicole Kidman et un petit Indien surprenant, Sunny Pawar.

Pablo Chimienti