Depuis 2013, on avait presque tout oublié de cette histoire de princesses glacées, qui avait fait fondre les cœurs des enfants. Un conte à la Andersen comme Disney sait les fabriquer, fait de romance et de bravoure, mixé à la sauce Broadway avec son rythme effréné de chansons sucrées. Pour rappel, Frozen, premier du nom, carton au box-office mondial (il est toujours le film d’animation le plus rentable de tous les temps), avait en son temps mis dans la tête de tous les parents le terrible hymne Libérée, délivrée…, qui hante encore les cauchemars de certains. Soyez donc prévenu : elles sont de retour !
Une suite qui, si elle devrait connaître la même réussite que son prédécesseur, semble avoir grandi avec son public. Le film n’évite certes pas les élans du cœur et autres histoires d’amour, mais il les rend plus anecdotiques. Car aujourd’hui, ce qui préoccupe les deux sœurettes, Elsa et Anna, c’est d’en connaître un peu plus sur un passé nébuleux. La première, notamment, aimerait savoir d’où elle tient ses pouvoirs. Une quête identitaire qui, pour ne pas trop en dévoiler, vire à la fable moraliste sur les rapports entre l’homme et la nature. C’est de bon ton, certes, mais c’est dommage que le scénario tout entier s’arrête à cela. Disons qu’en l’absence, une nouvelle fois, de vrai méchant (ce qui fait quand même la saveur des Disney), Frozen 2 peine à remplir les vides.
Comble de l’histoire : plutôt que de gommer les failles avec ses autres personnages, caution humoristique de la série, le film met en retrait deux d’entre eux (Kristoff et Sven), laissant la part belle aux pitreries d’Olaf. C’est un peu maigre, mais ça a au moins le mérite d’obliger les frangines à se bouger. Finies les pauses, place à l’action ! Malgré tout, avouons-le, voir Frozen 2 n’a rien de désagréable, même pour un parent perdu dans un grand complexe cinématographique un dimanche après-midi au milieu d’une faune braillarde.
Pour deux raisons essentielles : d’abord parce qu’en termes de réalisation, les effets d’animation sont époustouflants, le film n’hésitant d’ailleurs pas à s’arrêter dessus, en mode contemplation. Ensuite, et surtout, aucun tube ne ressort parmi les nombreuses mélodies sirupeuses chantées durant plus d’une heure et demie. On souffle à l’idée qu’il n’y aura pas d’autres traumatismes musicaux et que les fêtes de Noël se dérouleront sans entendre les voix, lointaines et entêtantes, d’Anna et Elsa. Laissons-leur faire leur psychanalyse. La nôtre attendra.
Grégory Cimatti