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[Critique ciné] « Chez nous » : pas un grand film, mais un film utile


L'axe principal du film est finalement la manière dont ces partis extrêmes arrivent à recruter des personnes lambda. (photo DR)

En salles depuis le 22 février, « Chez nous » de Lucas Belvaux explore les mécanismes d’un parti d’extrême-droite pour nourrir ses rangs. Un film utile à la compréhension politique, à défaut d’être un grand film.

« On est chez nous ! On est chez nous ! » entend-on souvent dans des meetings politiques ou des rassemblements de partis d’extrême droite. Ces partis qui, un peu partout, depuis quelques années, semblent prendre le pouvoir, ou presque, les uns après les autres et imposer ainsi leur politique abjecte et raciste – même si le mot est tabou – qui monte les autochtones, natifs, indigènes… contre les immigrés, étrangers, frontaliers…

C’est dans ces milieux-là qu’a décidé de nous plonger Lucas Belvaux (La Raison du plus faible, Rapt, Pas son genre…). Le réalisateur belge décide de s’installer dans les Hauts-de-France, là où le Front national fait des scores records et où sa présidente, Marine Le Pen, est conseillère régionale. Il décide de suivre Pauline (Émilie Dequenne), jeune infirmière à domicile qui s’occupe seule de ses deux enfants. Elle aime son métier et n’hésite pas à passer plus de temps que nécessaire avec ses patients quand ceux-ci en éprouvent le besoin. Elle travaille consciencieusement et fait preuve d’une véritable empathie pour son prochain. Son père, ancien métallo, est communiste, mais elle ne s’est jamais intéressée à la politique.

Ce sera donc la politique qui s’intéressera à elle ! C’est que l’élection communale approche et le responsable local du parti d’extrême droite, le docteur du coin, voulant tirer profit de la popularité de la jeune femme, lui propose de se présenter. Elle refuse, il insiste et finit par trouver les mots justes pour l’embrigader.

Coécrit avec Jérôme Leroy, romancier ayant déjà travaillé sur l’extrémisme politique (Le Bloc), Chez nous, ne montre pas du doigt la jeune infirmière qui se laisse embarquer convaincue de pouvoir améliorer les choses pour tout le monde. La critique est plus du côté des hautes sphères, des dirigeants, du parti lui-même. Le FN n’est jamais nommé directement, mais le nom fictif de la commune où se déroule l’action, Hénard, rappelle étrangement celle bien réelle d’Hénin-Beaumont, dirigée par un frontiste.

L’axe principal du film est finalement la manière dont ces partis extrêmes arrivent à recruter des personnes lambda. C’est d’ailleurs la véritable réussite d’un film finalement bien trop militant pour intéresser au-delà d’un cercle de convaincus et qui, malgré un très beau casting, cinématographiquement se révèle un peu plat. Bref, pas un très grand film, mais clairement un film utile !

Pablo Chimienti