Avant les commémorations prochaines des attentats du World Trade Center, Baptiste Bouthier et Héloïse Chochois reviennent sur les événements. Pédagogique à souhait, leur livre raconte aussi les conséquences, toujours sensibles aujourd’hui, de cette tragédie.
Sur la couverture, un building mangé par les flammes et juste à côté, l’ombre menaçante d’un avion qui s’approche d’un second immeuble… Vingt ans après les attentats du World Trade Center, les souvenirs sont toujours vifs, et les images entêtantes. Dès les premières pages de leur ouvrage, Baptiste Bouthier et Héloïse Chochois parlent d’ailleurs d’un évènement «dont tout le monde peut dire où il était et ce qu’il faisait quand il a su».
Oui, ce mardi 11 septembre 2001, quand dix-neuf pirates de l’air détournaient quatre vols commerciaux pour attaquer les symboles des États-Unis et les meurtrir dans leur chair, reste l’événement majeur du XXIe siècle. Pour le cauchemar vécu en direct à la télévision, passant en boucle, «jusqu’à la nausée», le film des attaques. Pour tout ce qui va suivre après, aussi.
C’est sur cette base, entre souvenirs personnels et impacts géopolitiques, que s’articule ce livre. Dès l’entame, on y découvre Juliette. On est en septembre 2021, et elle s’apprête à embarquer sur un vol à destination de New York pour revoir sa cousine. Là, dans l’avion, cette trentenaire replonge vingt ans en arrière, au jour, comme le dit le titre, où «le monde a basculé».
Un spectacle hypnotique, un moment d’effarement et d’incompréhension
À travers ce personnage, adolescente au moment des faits, on suit le déroulé de la journée, soigneusement documentée et partagée entre deux continents. D’un côté, le point de vue d’une collégienne française, rappelant le retentissement planétaire de cette tragédie. De l’autre, l’horreur vécue sur place, à l’ombre des deux tours, mais relayée sur les écrans du monde entier : la boule de feu et la fumée noire qui monte dans le ciel, les corps qui sautent dans le vide pour échapper aux flammes, l’effondrement des Twin Towers, le nuage de fumée qui s’engouffre dans la ville, la peur et la panique qui s’emparent des rues…
Alors que chez la jeune fille de 14 ans, ce spectacle hypnotique provoque un moment d’effarement et d’incompréhension – partagé par les adultes, tout aussi perdus –, à New-York, tout le monde se mobilise. La BD, très factuelle, s’attarde toutefois brièvement sur plusieurs destins : celui de Brian Clark, l’un des quatre survivants qui se trouvaient au-dessus du point d’impact de la tour Sud. Ceux de Joseph Pfeifer et Frank Campagna, pompiers. Celui, encore, de Suzanne Plunkett, photographe de presse qui réalisera l’un des clichés les plus connus des évènements.
L’effroi passé, l’ouvrage s’intéresse ensuite aux conséquences du drame, toujours sensibles aujourd’hui : d’abord à court terme, des magasins dévalisés à l’emballement médiatique. Ensuite dans une vision plus large, à la suite de la réplique armée américaine et ses effets («War on Terror») : les guerres en Afghanistan et en Irak, les attaques sur le sol européen, le «Patriot Act », le plan «Vigipirate» en France (jamais totalement désactivé depuis), le centre de détention de Guantanamo, les révélations d’Edward Snowden, la mort de Ben Laden, la naissance de Daech…
L’intention de 11 septembre 2001 : le jour où le monde a basculé est simple : raconter, avec un maximum de pédagogie et de clarté, une journée dont les traces, vingt ans après, sont toujours présentes dans notre quotidien (notamment à travers la menace terroriste). Rien d’étonnant d’apprendre que l’ouvrage a déjà fait l’objet d’une publication en six épisodes dans la revue Topo, excellente revue (comme son grand frère, La Revue dessinée) spécifiquement conçue pour un lectorat de moins de vingt ans. Saluons donc ce travail de décryptage et de vulgarisation qui servira sûrement dans les prochaines semaines, devant la profusion de propositions consacrées à ce triste anniversaire.
Grégory Cimatti
11 septembre 2001 : le jour où le monde a basculé, aux éditions Dargaud. Sortie le 20 août.
L’histoire
Le mardi 11 septembre 2001, dix-neuf pirates de l’air du réseau Al-Quaïda s’emparent de quatre avions de ligne. Deux avions sont projetés sur les tours jumelles, symboles de la puissance financière américaine, le troisième termine sa course sur le Pentagone, siège du département de la Défense. Le bilan de ces quatre attentats-suicides est de 2 977 morts et 6 291 blessés. Construit en deux temps, ce documentaire raconte cette journée historique de l’intérieur en suivant plusieurs points de vue, et dresse un bilan du 11 Septembre, dans les jours, les semaines et les années qui suivent, montrant le bouleversement international de cet événement dont les conséquences se font encore sentir aujourd’hui.
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