Grand amateur de films de genre, Guillermo del Toro, 51 ans,a voulu proposer cette fois, avec Crimson Peak, une œuvre qui mêle épouvante, horreur, drame et romance. Rien que ça!
Crimson Peak, c’est l’horreur gothique dans toute sa splendeur. Et la preuve apportée par le réalisateur de, entre autres, El espinazo del diablo (2002) et El laberinto del fauno (2006), que les fantômes existent…
Guillermo del Toro confiait, récemment, avoir rédigé pas moins d’une douzaine de versions du scénario – la première datant de 2006– et imaginé y intégrer de nouvelles scènes, alors que le tournage avait débuté. Tout ça parce qu’il était habité par une idée fixe : inscrire son Crimson Peak dans la même catégorie que les films de Mario Bava, réalisateur italien (1914- 1980) de quelques chefs-d’œuvre du genre : La maschera del demonio (1960), Sei donne per l’assassino (1964) ou encore Diabolik (1968). Côté inspiration, il y a de grands romans : Les Hauts de Hurlevent, de Jane Austen, De grandes espérances, de Charles Dickens, Rebecca, de Daphné du Maurier, ou encore Dragonwyck, d’Anya Seton. Tous des livres avec une part d’horreur qu’on retrouve dans Crimson Peak .
Autre caractéristique de del Toro pour ce film : avant de commencer le tournage, il a rédigé les biographies détaillées (sur huit pages chacune) des trois personnages principaux. Confidence de Mia Wasikowska, l’interprète d’Edith Cushing : « C’était incroyablement précis. Il y avait des informations sur son éducation, ses rapports avec ses parents, les odeurs qu’elle aimait .»
Un film terriblement arty
Et voilà le spectateur embarqué dans l’Amérique bourgeoise de la fin du XIX e siècle. On se pose à Buffalo, dans l’État de New York. Là, avec son père industriel Carter, vit Edith Cushing. Elle est jeune, romancière et… hantée, au sens premier du mot, par la mort de sa mère. Mieux : la jeune fille a un don, elle communique avec les âmes des défunts. Un jour, elle reçoit un message venu de l’au-delà : «Prends garde à Crimson Peak.» Dans la société «bien comme il faut» de la ville, elle est montrée du doigt – à cause de son «imagination».
Et, en plus, elle est tiraillée entre deux prétendants : son ami d’enfance et le docteur Alan McMichael. Sur ordre de son père, elle quitte le pays, direction l’Angleterre et un manoir isolé et délabré en Cumbria, terres emplies de sang. À ses côtés, une belle-sœur parfaitement détestable. Et s’il a mis une bonne pincée de romance dans ce film, Guillermo del Toro sait revenir vite fait bien fait à son objectif initial : l’épouvante et l’horreur.
On plonge alors dans les caves du manoir : partout, des cuves rouges et aussi une machine à vapeur qui dévore les capitaux. Ça continue : des secrets terrifiants surgissent et, dans ce manoir délabré et habité par des corbeaux, tombe la neige… Crimson Peak n’est pas un film d’horreur, mais une romance gothique, avec les débordements autorisés par le genre : neige qui rougeoie, papiers peints qui suintent et palpitent, portes qui geignent.
Visuellement, Crimson Peak, avec un budget de 55 millions de dollars, c’est terriblement arty. Comme chez son maître Mario Bava, del Toro a usé – sans en abuser – des éclairages saturés. Et d’expliquer : « Ce type de film fonctionne comme un mélodrame horrifique dont les acteurs doivent un peu surjouer. Le décor et les éclairages ont une importance capitale pour souligner leurs performances et c’est pour cela que j’ai voulu que le film soit très coloré, comme ceux de Mario Bava. Cela rajoute à l’atmosphère fantastique de l’ensemble. »
Enfin, les acteurs. Face au duo fraternel interprété par Tom Hiddles-ton et Jessica Chastain (l’une des nouvelles stars d’Hollywood), l’Australienne Mia Wasikowska, 26 ans, dans le rôle de la jeune Edith. Avec les autres comédiens, elle porte le film du réalisateur mexicain, nouveau grand maître du gothique. Un maître qui avoue croire aux fantômes.
Serge Bressan
Crimson Peak, de Guillermo del Toro. (États-Unis, 1 h 59) avec Mia Wasikowska, Tom Hiddleston, Jessica Chastain…
Alors il y a un truc faux dans l’article… Son père ne lui ordonne pas de quitter l’Amérique, bien au contraire, mais bon je vais pas spoiler ;P
Un film génial, j’ai adoré, des décors ÉPOUSTOUFLANTS, des acteurs bourrés de charme et juste dans leur jeu, une des meilleurs films de 2015 c’est sûr !