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Coronavirus : New York noie son stress dans l’alcool


Plus que le vin, ce sont surtout les "quarantinis", ces cocktails improvisés avec les alcools que l'on a sous la main, qui sont populaires (Photo d'illustration : AFP).

Pour oublier le coronavirus, un petit verre ? Ou deux, ou trois ? Les ventes de vin et d’alcools ont augmenté avec la montée du stress et de l’anxiété à New York, épicentre de l’épidémie aux Etats-Unis, où les cocktails virtuels ont supplanté la traditionnelle « Happy Hour ».

Craignant initialement une fermeture des magasins de vins et spiritueux face à l’épidémie de coronavirus – qui a déjà fait près de 200 morts dans l’Etat de New York et plus de 800 aux Etats-Unis – les New-Yorkais, et les Américains en général, se sont mis à acheter vins et boissons alcoolisées en grandes quantités.

De quoi réjouir les propriétaires de magasins de vins et spiritueux. D’autant que vendredi, le gouverneur de New York, Andrew Cuomo, les a placés sur la liste des commerces jugés « essentiels », autorisés à rester ouverts malgré les mesures de confinement.

« Rendre les gens heureux »

« Les clients sont-ils anxieux? Tout le monde est anxieux, et nous sommes là pour soulager leur anxiété », a indiqué le consultant en vins Randy Ray, du magasin Fine Wines on First, au coeur de Manhattan.

« Il vaut mieux ça que d’autres alternatives, si vous voyez ce que je veux dire », a-t-il ajouté, ravi des ventes inhabituelles réalisées par son magasin proche du siège des Nations Unies.

Pour Evan Cuciniello, associé du magasin Ambassador Wines, les gens achètent plus pour constituer des réserves comme pour consommer davantage, en raison du stress généré par le confinement, le télétravail ou la perte de leur emploi.

« Avant, on vendait à un client une ou deux bouteilles, maintenant on vend plusieurs caisses », a confié M. Cuciniello.

« Quand Broadway a fermé, quand le tournoi de basket de March Madness et les matches de la NBA ont été annulés, les gens ont réagi en se disant ‘Ca a l’air sérieux’ « , a abondé Daniel Tallman, gérant du magasin Sutton Wine.

L’association des magasins d’alcool de l’Etat de New York a confirmé que les ventes avaient sensiblement augmenté, sans pouvoir donner de chiffres précis.

« Beaucoup de gens boivent du vin en mangeant, pour eux c’est une habitude. Ils auraient été gênés si l’alcool avait été déclaré non essentiel. Le gouverneur a pris la bonne décision », a indiqué son président, Stefan Kalogridis.

Les « quarantinis », cocktails improvisés

Avec la fermeture des bars et des restaurants, les gens consomment plus d’alcool chez eux. Et pour lutter contre la solitude, les invitations se multiplient à prendre « un quarantini » – cocktail fait à partir des alcools disponibles – une « happy hour » virtuelle entre amis, collègues ou même inconnus, via des plateformes comme FaceTime, Google Hangout ou Zoom.

« J’ai fait une ‘cocktail hour’ avec des amis via Google Hangout, c’était très chouette », a indiqué Lindsey Andrews, présidente de Minibar Delivery, société de vente d’alcools en ligne, qui livre à travers les Etats-Unis.

Le lundi 16 mars, après que la mairie eut annoncé la fermeture des écoles, des bars et des restaurants, et le jour où la bourse new-yorkaise a connu sa pire chute depuis la crise financière de 2008, les ventes de Minibar Delivery ont plus que doublé (+131%) par rapport au lundi précédent, dit-elle.

« J’ai beaucoup de clients qui travaillent à Wall Street. Ils sont très stressés par la chute des bourses, ils achètent beaucoup. Et ils ne font pas que stocker, ils boivent beaucoup », dit un autre gérant de magasin, sans vouloir révéler son nom.

« Quand tout cela sera terminé, les centres de désintoxication vont gagner beaucoup d’argent », prédit-il.

Arnold Washton, psychologue et expert en addictions qui suit plusieurs cadres de Wall Street, confirme que certains de ses clients boivent plus qu’avant.

Au début, l’un d’eux buvait moins, grâce au télétravail, mais maintenant il retrouve ses amis via l’application Zoom « pour bavarder, boire pendant une heure et se saouler », a-t-il confié.

Un autre de ses patients, un avocat qui n’avait pas bu depuis deux ans, avait acheté une maison, en anticipation de son bonus annuel. Il a été hospitalisé la semaine dernière dans une unité de désintoxication, après avoir appris que son entreprise ne verserait aucun bonus cette année.

« Je suis un peu surpris que les magasins d’alcool restent ouverts », dit M. Washton. « Mais je comprends que le gouvernement redoute des émeutes s’il les fermait ».

AFP