Petite sélection d’ouvrages ou de films sur les virus et pandémies à lire (ou voir) au chaud chez soi. Pour rire, se faire peur, ou simplement s’occuper. Aujourd’hui, le premier film catastrophe de l’histoire du cinéma : La Fin du monde d’Abel Gance.
L’histoire : La panique s’est emparée de l’humanité : un savant a découvert une comète qui se dirige en droite ligne vers la Terre et la détruira. Celui-ci tente alors de faire voter la proclamation d’une République universelle.
Premier film parlant d’Abel Gance, La Fin du monde (1931) n’est en quelque sorte, dans l’impressionnante filmographie du réalisateur français, pionnier de la fresque historique et du film-fleuve, qu’un projet démesuré de plus. Adapté d’un roman de l’astronome Camille Flammarion (frère d’Ernest, qui fonda la célèbre maison d’édition), ce devait être là le premier grand spectacle sonore du cinéma français, mais il fut surtout l’un des premiers exemples de l’ascendant financier qu’un groupe de producteurs a eu sur un film.
Si celui-ci a fini aux oubliettes lorsque l’on cite les grands films de Gance, c’est en effet à cause des coupes imposées par les producteurs, mutilant ainsi une œuvre qui, pour une durée initiale d’un peu plus de trois heures, s’est vue amputée de près de la moitié de son métrage et réduite à la durée de 1 h 45. L’entreprise ambitieuse du cinéaste transparaît tout de même, ne serait-ce que par sa vision remarquable et l’audace de son sujet, mais il reste toutefois de La Fin du monde surtout son côté lyrique et parfois naïf.
«Vue, entendue et interprétée par Abel Gance», comme l’indique l’affiche, cette Fin du monde anticipe de soixante ans la grosse période des films catastrophe hollywoodiens, mais surtout, elle résonne étrangement avec l’actualité : le scénario parle de panique de masse, d’un régime quasi totalitaire dirigé par un milliardaire complotiste, de «fake news» et d’effondrement du marché boursier.
Avec des effets spéciaux spectaculaires dans sa dernière partie, La Fin du monde est un coup d’éclat stérile qui conduira Gance, après cet échec, vers du cinéma plus conventionnel et des relectures de ses grandes œuvres passées.
V. M.