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Murray Head à Longlaville : « Je me promène toujours dans les villes où je joue »


Murray Head, des succès planétaires à (ré)entendre ce vendredi soir à Longlaville. (Photo DR/Olivier Herault)

Événement à Longlaville ce vendredi soir avec la venue de Murray Head. Avec une double carrière d’acteur et de chanteur, l’interprète de « Say it ain’t so Joe » et de « One night in Bangkok » possède à son actif quelques-unes des références incontournables de la culture musicale populaire.

Quelle est la question qu’on vous a trop souvent posée ?

Murray Head : Si je préférais être comédien ou chanteur. Pour moi, ces deux métiers sont la même chose. C’est toujours le fait de s’exprimer, mais de façon différente. Je n’aurais pas pu vivre seulement avec la chanson ou la comédie, donc je fais les deux.

N’en avez-vous pas assez de voir votre carrière réduite à deux titres, certes mythiques, Say it isn’t so Joe ou One night in Bangkok, qui ne reflètent pas forcément votre univers ?

Tout le monde vogue dans le même bateau. Quand on a commencé dans les années 60, on ne savait pas qu’on serait, plus tard, bouffé par la télé et la radio. En général, les gens de la télé et de la radio ne sont pas des experts. Ils sautent sur quelque chose qui a du succès et le matraquent à mort. J’ai écrit plus de deux cents chansons et cela m’énerve un peu qu’on n’en entende que deux ! Ça ne vaut pas la peine de se fâcher. Il faut seulement accepter ça.

Ne pensez-vous pas que le fait d’avoir eu une carrière entre chanteur et comédien a limité votre carrière musicale ?

Pas du tout. Quand je jouais Chess sur scène pendant neuf mois, j’écrivais la journée et j’enregistrais un nouvel album. C’était quand même dur et mon mariage a souffert. En général, j’ai tendance à accepter tout ce qui vient et ça n’a jamais été trop frustrant. On n’arrête pas de me dire « c’est quand le prochain album ? » Les gens sortent cette phrase sans penser du tout ce que ça veut dire. Et puis la radio préfère diffuser des chansons qui ont déjà eu du succès. Il n’y a aucune motivation financière à faire un nouveau disque. La seule raison, c’est de le faire pour soi-même. Je pense que je le referai avant ma mort.

Qu’est-ce qui a changé depuis le début de votre carrière ?

La jeunesse aujourd’hui a un besoin de célébrité. Je trouve que la première à avoir eu cette attitude, c’est Madonna dans les années 1980. Elle n’avait pas vraiment un grand talent – elle chantait, dansait c’est tout… et encore on a besoin de tripler les voix pour avoir quelque chose qui tienne la route – mais par contre, elle avait un point fort : c’était son ambition ! Et c’est cette ambition-là que tous les jeunes ont aujourd’hui. Ils sont entrés dans un autre monde.

Vous serez ce vendredi soir à l’espace culturel Jean-Ferrat, à Longlaville. Murray Head sur scène, ça ressemble à quoi ?

À quelqu’un qui a très envie de rencontrer les gens qui paient pour venir écouter sa musique. Le spectacle live, c’est le bastion de la « tactilité ». C’est le dernier endroit où ne viennent pas les radios et les télés. Je trouve qu’en province, les priorités des gens sont bien plus saines qu’à Paris. Donc sous n’importe quel prétexte, si une ville m’appelle : je viens. C’est une soirée intime entre moi et les gens qui ont payé pour me rencontrer. Ils ont développé une tendance de voir l’artiste après le show et souvent, ces séances-là sont plus longues que le concert !

Abordez-vous différemment un concert dans une petite ville ?

Je regarde systématiquement sur Wikipédia les villes où je joue. Et je me promène toujours en ville : je regarde l’âge du public à travers les boutiques (bouchers, pharmacies, coiffeurs). Je ne suis pas de la génération des selfies. Aujourd’hui, on ne voit pas la figure des gens mais leurs portables : donc il n’y a pas de contact. Et moi, j’aime le contact ! Il faut que ce soit le concert du public, alors je change toujours le set en espérant avoir absorbé assez d’atmosphère en ville pour savoir ce qui va marcher. Une demi-heure avant le début du show, je choisis ma liste de titres. J’en suis d’autant plus flatté que j’ai appris récemment que Mick Jagger faisait la même chose !

Pouvez-vous vivre sans musique ?

(Longue hésitation) Je n’ai jamais été sans musique. A force de 50 ans d’amour pour ce truc que j’ai vu détourné, torturé tellement de fois, je ne peux pas écouter beaucoup de radio, car c’est trop formaté. Ce n’est pas la musique que j’aime. Il faut que moi je cherche. Il y a heureusement une demi-douzaine de chanteurs qui ont fait des choses magnifiques. Mais j’écoute moins de musique que j’ai pu en écouter avant.

Recueillis par Michaël Sutter (Le Républicain Lorrain)

Espace culturel Jean-Ferrat, à Longlaville, ce vendredi à 20h30. Tarif : 28 euros (25 euros en réduit). Renseignements et réservations : www.espacejeanferrat.fr, 03 82 25 65 19, culture@longlaville.fr.