La 5e édition du Luxembourg City Film Festival a baissé définitivement son rideau hier soir après la projection supplémentaire du Grand Prix, The Lesson, de Kristina Grozeva et Petar Valchanov.
L’actrice Margita Gosheva entourée de ses partenaires dans The Lesson, Ivan Burnev (à g.) et Ivan Sovov.Absents à la cérémonie de clôture, les trois avaient présenté leur film à Luxembourg le week-end précédent. (Photos : Luxfilmfest)
Le Luxembourg Film Festival s’est terminé hier, mais c’est la veille au soir que la manifestation a clôturé officiellement. Une nouvelle fois, tout ce que le Grand-Duché compte de spécialistes du septième art était réuni pour découvrir le palmarès de cette cinquième édition et assister à l’avant-première du nouveau film du réalisateur luxembourgeois Donato Rotunno, Baby(a)lone. Un film sombre et traitant d’un sujet difficile, les enfants en perte de repères, et en ce sens dans la lignée de toute la sélection.
Une sélection que le jury ALPC de la critique a résumée de fort belle manière : « Audacieuse et engagée, qui fait la part belle aux sujets d’aujourd’hui, malgré, parfois, leur âpreté, aux personnages féminins d’exception, et aux partis pris cinématographiques forts. » Ainsi, le Grand Prix est allé à The Lesson (Urok, en bulgare), un film qui montre comment la crise économique peut transformer une personne profondément honnête pour les besoins de sa famille.
« Un film qui présente de manière très efficace un problème moral qui veut qu’on fasse ce que l’on dit », note le jury conquis par « son humanité, sa mise en scène merveilleuse et le superbe jeu des acteurs ».
Et l’histoire est belle. Tourné avec un « nano-budget » de 11 000 euros seulement, « mais avec beaucoup d’amour, des amis et du dévouement », expliquent les acteurs du film dans une petite vidéo tournée lors de leur passage au ciné Utopia, le film reçoit le Grand Prix avec sa dotation de 10 000 euros. « Espérons que cette dotation leur permettra de réaliser leur rêve », note le représentant du sponsor du prix, en rappelant que The Lesson est prévu comme la première partie d’une trilogie.
Si le jury ALPC a également bien apprécié le film, il lui a finalement préféré Three Windows and a Hanging, d’Isa Qosja « pour la dimension essentielle et humaine du sujet traité (NDLR : le viol et l’omerta qui pèse sur les femmes violées, au nom de « l’honneur de la famille »), dans une proximité géographique et temporelle, pour la qualité de la direction des acteurs, pour l’audace cinématographique qui réinterprète les codes du western ».
> Fréquentation record
Le sujet du film lauréat du prix documentaire n’est, lui non plus, pas des plus faciles. Toto and His Sisters se penche sur la vie d’un jeune Rom et de ses deux sœurs obligés de s’en sortir seuls après que leur mère a été emprisonnée pour trafic de drogue.
Ce film d’Alexander Nanau est qualifié par le jury de « film qui saisit le réel avec les outils premiers du cinéma : le cadre et le montage. Un film qui regarde avec respect, pudeur, mais sans concession, des personnages lumineux. Un film qui nous crie que l’avenir est dans l’éducation. Un film qui laisse sa place aux émotions, un film noir mais qui laisse surgir des instants de lumière ».
Sombres aussi les films – deux coproductions luxembourgeoises – récompensés par le prix du jury jeunes et par le « Coup de cœur des enfants ». Le premier nommé va au film d’animation Extraordinary Tales, de Raul Garcia. Il regroupe cinq récits d’Edgar Allan Poe dans un univers visuel naviguant entre le gothique et l’expressionnisme allemand. Secrets of War, de Dennis Bots, raconte, lui, avec autant de clarté que de retenue la Seconde Guerre mondiale, l’occupation nazie des Pays-Bas, la Shoah… à travers des regards et des récits d’enfants.
Finalement, comme bien souvent dans les festivals, le public a fait un choix à la fois plus léger et convenu en primant Taxi, de Jafar Panahi, récent Ours d’or à la Berlinale.
En tout état de cause, bien au-delà de son palmarès, cette cinquième édition du festival a été une réussite. « Le festival est arrivé à un niveau où il n’a plus besoin de démontrer quoi que ce soit. Il a trouvé sa vocation », a même lancé le Premier ministre et ministre des Communications et des Médias, Xavier Bettel, lors de la cérémonie de clôture.
Et les premières estimations de la fréquentation lui donnent raison. Avec quelque 18 300 festivaliers, dont 14 100 entrées en salle, la performance générale est en hausse de 5,5% par rapport à 2014 et même de 12% en ce qui concerne les projections. De très bon augure pour la sixième édition, qui se tiendra du jeudi 25 février au dimanche 6 mars 2016. Plus que 51 semaines à attendre !
De notre journaliste Pablo Chimienti