Accueil | Culture | [Cinéma] Une horde de morts-vivants lance le 41e festival d’Annecy

[Cinéma] Une horde de morts-vivants lance le 41e festival d’Annecy


Seul prétendant français au Cristal du meilleur long métrage, ce film au second degré prononcé qui aborde les questions de la lutte des classes et du consumérisme irraisonné de nos sociétés, sortira en salles le 18 octobre. (Illustration : DR)

Zombillénium, comédie d’animation en 3D projetée lundi soir en ouverture du 41e Festival international d’Annecy, s’inspire d’une bande dessinée croquant le quotidien joyeusement macabre d’un parc d’attractions tenu par des morts-vivants.

Seul prétendant français au Cristal du meilleur long métrage, ce film au second degré prononcé qui aborde les questions de la lutte des classes et du consumérisme irraisonné de nos sociétés, sortira en salles le 18 octobre.

Présenté en avant-première au Festival de Cannes, son intrigue s’est bâtie autour d’un scénario inédit : fidèle à l’univers de la BD et à ses principaux protagonistes, mais pas à son héros, le « trop passif et malléable » Aurélien, juge Arthur de Pins, auteur des trois tomes parus aux éditions Dupuis entre 2010 et 2013. « Il ne se rebelle jamais et ne cherche même pas à s’évader ou à comprendre ce qui lui arrive », raille malicieusement le dessinateur, qui a décidé de le remplacer pour adapter ses livres à l’écran. Ainsi est né Hector Saxe, un contrôleur des normes odieux transformé en monstre lors d’une visite à Zombillénium, alors qu’il tente de faire fermer ses attractions.

Condamné – comme les vampires et zombies du parc – à y demeurer pour l’éternité, il est embauché comme vendeur de barbe à papa. Mais le parc fait faillite et Hector n’a désormais plus qu’un seul but : retrouver sa fille Lucie, restée dans le village voisin entre les mains d’une institutrice aux méthodes austères. « Il nous a semblé plus juste de ne modifier que le personnage qui joue le point de vue du spectateur. Nous pouvions ainsi l’adapter librement aux nouveaux thèmes que nous voulions aborder dans le film et ne pas tomber dans l’adaptation », explique le co-réalisateur et scénariste Alexis Ducord.

Momie en stop et squelette syndicaliste

Christopher Lee (« Dracula ») ou encore Robert Pattinson (« Twilight ») : comme ceux de la BD, les personnages de Zombillénium présentent un air de ressemblance avec des acteurs qui ont marqué certains films de monstres. Ce long métrage a vu le jour après cinq années de travail réparties entre quatre studios à Paris, Angoulême, en Belgique et sur l’île de La Réunion. Au total, 200 personnes se sont affairées à donner vie aux loups garous, vampires et autres zombies qui peuplent le parc d’attractions.

Pour le duo de réalisateurs, une des principales difficultés a été de décider des différentes façons d’éclairer les personnages et les décors sans pouvoir en prévisualiser le résultat, obtenu seulement un an et demi plus tard. Pour adapter la graphie de la trilogie, ils ont choisi la 3D, une « technique d’animation fluide qui autorise davantage de détails visuels et permet de s’éloigner d’une animation type cartoon. Nous souhaitions transmettre davantage de réalisme », justifie Arthur de Pins, qui avait pensé au grand écran dès l’écriture du premier tome de la BD.

« J’imaginais déjà la momie faire du stop dans un plan fixe en cinémascope… », se souvient-il. Les décors ont été plantés dans une ancienne mine désaffectée et les « paysages brumeux » du département du Nord, « une terre industrielle qui évoque les grands drames sociaux des XIXe et XXe siècles. C’est aussi une terre de parcs d’attractions », explique le dessinateur. Une manière également d’ancrer le propos du long métrage autour des notions « d’enfer et d’ascenseur social ».

Très rythmé et rock’n’roll, Zombillénium a été mis en musique par Mat Bastard, leader du groupe de rock français Skip The Use. Lequel a également prêté sa voix au personnage de Sirius, un squelette devenu délégué syndical au sein du parc.

Le Quotidien/AFP