Menée tambour battant par le duo Tom Holland et Mark Wahlberg, l’adaptation du jeu culte Uncharted, sortie ce mercredi est une entrée en matière pour PlayStation, qui veut se lancer dans le cinéma.
Derrière le studio américain Naugty Dog se cache l’un des plus précieux faiseurs de jeux pour Sony. À chaque génération de console PlayStation sa saga culte, depuis la trilogie Crash Bandicoot (1996-1998) jusqu’au formidable diptyque de «survival» The Last of Us (2013-2020), en passant par les aventures de Jak and Daxter (2001-2004).
Pour Naughty Dog, le tournant s’est véritablement opéré en 2007 : jusqu’alors, les jeux du studio déployaient des mondes fous et indéniablement «funs». Mais au moment où sort la toute nouvelle PlayStation 3, la première en haute définition et dont la qualité des graphismes était exemplaire, l’heure n’est plus aux «cartoonades».
Sur la console, le premier titre de Naughty Dog sera donc Uncharted (2007), jeu d’action et d’aventure plutôt réaliste à la sauce Tomb Raider, dans lequel le joueur incarne le pilleur de trésors Nathan Drake, descendant supposé de l’explorateur et corsaire Francis Drake, parti sur les traces de l’eldorado.
Carton immédiat, le jeu connaîtra deux suites sur PlayStation 3 (2009 et 2011) puis deux autres, plus éblouissantes encore, sur PlayStation 4 (2016 et 2017).
De même que le succès des jeux Tomb Raider n’avait pas tardé à éveiller les envies de producteurs de cinéma, tirer un film d’Uncharted était une option posée dès 2008, un an seulement après la sortie du premier volet.
Mais le projet passe de main en main pendant une décennie : alors qu’on attache très vite le nom de l’acteur américain Mark Wahlberg au rôle de Nathan Drake, le script, lui, est écrit, modifié, remanié voire complètement réécrit plusieurs fois.
À la valse des scénaristes suit celle des réalisateurs : des «yes men» ou des réalisateurs plus respectables se confondent dans la longue liste de ceux qui ont dit oui, même à demi-mot. Et les cartes sont redistribuées quand, fin 2014, Sony Pictures subit un piratage massif de ses données.
Chez Columbia, qui chapeaute le tout, on semble néanmoins être bien décidé à faire le film. Et pour cause : le studio appartient à Sony, maison mère de PlayStation, qui possède aussi Naughty Dog depuis 2001. Une économie circulaire qui peut se permettre de prendre son temps…
Finalement, c’est l’excellent Joe Carnahan qui écrit la version «définitive» d’Uncharted, charcutée par la suite par un trio de scénaristes (Rafe Lee Judkins, Art Marcum et Matt Holloway) qui éclipsera le nom de Carnahan au générique du film, et réalisée par un autre «yes man», Ruben Fleischer réalisateur de l’amusant Zombieland (2007) et des affreux Gangster Squad (2013) et Venom (2018).
Tom Holland, star des derniers Spider-Man, y incarne donc un jeune Nathan Drake, aux côtés de Mark Wahlberg, qui a hérité depuis du rôle de Victor «Sully» Sullivan, l’ami et mentor du chasseur de trésors. Et le film de resservir la vieille recette du «prequel» du jeu vidéo, où les deux héros (et d’autres personnages secondaires des jeux) font connaissance et partent sur les traces du trésor perdu de Magellan, que l’explorateur aurait dissimulé avant sa mort, il y a cinq siècles.
Sans surprise, on reste à l’intérieur des frontières du film tous publics, avec beaucoup de grand spectacle (rarement beau à voir) et des effets spéciaux qui défient la gravité, mais un casting plutôt plaisant, si tant est que l’on accepte qu’aucun personnage, y compris les antagonistes (Antonio Banderas et Tati Gabrielle), ne profite du même traitement que les deux héros.
Uncharted est bien l’ersatz d’Indiana Jones que l’on pouvait supposer. Mais à Hollywood, «money talks», c’est tout ce qui compte. À l’image des trésors cachés que les deux aventuriers tentent de déterrer, Sony prend soin de bien gérer son économie.
Ainsi, on est interpellé par l’un des logos qui ouvrent le film, celui de PlayStation Productions, studio fondé tout récemment et dont Uncharted est le premier projet. Le but est évident : rivaliser avec le conglomérat Disney-Marvel-Lucasfilm et piocher dans la bonne centaine de titres de jeux vidéo que possède Sony dans le but d’étendre ses univers et de créer des ponts avec le cinéma ou la télévision.
Un éventuel échec d’Uncharted n’y changerait rien : plusieurs projets sont déjà en route, dont une série HBO basée sur The Last of Us (attendue pour cette année) et une adaptation cinématographique de Ghost of Tsushima, tout simplement l’un des jeux les plus merveilleux de ces dernières années…
Uncharted, de Ruben Fleischer.
Uncharted est bien l’ersatz d’Indiana Jones que l’on pouvait supposer