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[Cinéma] Un King Kong version XXL


Depuis 1933 King Kong, «The Beast», fascine le 7e art. Dans ce nouveau film de Jordan Vogt-Roberts,il mesure carrément 30 mètres. (photo DR)

Troisième œuvre du réalisateur américain Jordan Vogt-Roberts, « Kong : Skull Island » n’est guère convaincant.

Une confidence de Jordan Vogt-Roberts, le réalisateur américain qui présente cette semaine son troisième film, Kong : Skull Island : «Ma version de Kong est très différente des précédentes. Chaque version de Kong revisitait à sa façon l’histoire de La Belle et la bête. Mon film devait avoir une raison d’exister, un but propre. Je ne voulais pas raconter à nouveau la même histoire… Voilà ce qui m’a porté, avec mon équipe : emmener ce film au-delà des attentes.» Alors, avec les scénaristes et les producteurs, il s’est emparé de la mythologie de «The Beast» et il a cherché à se concentrer, dit-il aussi, «sur des personnages et sur la façon dont cette île et cette créature vont les affecter. Et nous suivons également Kong en montrant à quoi ressemble sa vie sur l’île».

Ainsi, on se retrouve avec un groupe d’explorateurs plus différents les uns que les autres. Ils sont partis à l’aventure sur une île inconnue du Pacifique, Skull Island, l’île du crâne, aussi belle que dangereuse. Et ces aventuriers ignorent qu’ils sont entrés dans le territoire de Kong. Voilà une histoire, un scénario bien léger mais, avec certains réalisateurs, ça peut donner un bon, voire un excellent film.

On admettra que jusqu’alors, Jordan Vogt-Roberts n’a pas brillé dans le monde du cinéma, tant avec ses deux premières réalisations ciné (The Kings of Summer – 2013, et Nick Offerman : American Ham – 2014) que ses mises en image de séries télé (trois épisodes de Death Valley – 2011, et quatre de You’re the Worst – 2014). Le monde de Kong revisité par Vogt-Roberts, ce n’est pas vraiment convaincant – pis : à la fin de la séance, le spectateur peut avoir l’impression qu’il a vu une opération commerciale plus qu’un projet cinématographique. Certes, il y a quelques onces d’imagination dans le scénario, mais il est bousculé, malaxé par les effets spéciaux. Gare au gorille, a-t-on envie de crier…

Premier chapitre d’une franchise

Bon, reconnaissons que le Kong version Vogt-Roberts est impressionnant. Oui, gare au gorille parce qu’il est le plus grand pour une adaptation américaine de la légende. Chez Vogt-Roberts, «The Beast» mesure 30 mètres de haut – pour comparaison, dans le précédent film, chez Peter Jackson, il mesurait un peu plus de 7 mètres. Explication du réalisateur de Kong : Skull Island : «La taille de Kong a été impactée par le fait qu’il doit affronter Godzilla dans un futur film, et cela fait donc de notre Kong le plus énorme jamais montré. Nous retournons à un Kong bipède, dans la lignée de la version de 1933 et moins proche de ce que peut être un véritable gorille.» Et Vogt-Roberts a beau expliquer encore et encore qu’il est resté focalisé sur l’histoire, il confirme implicitement que les producteurs proposent là avec Kong : Skull Island le premier film d’une franchise.

Une franchise qui développera des films sur Kong, ce monstre incompris même s’il fascine… depuis 1933. «Kong représente la part primale de notre humanité, confie Jordan Vogt-Roberts. La raison pour laquelle nous aimons tous les films autour de Kong, c’est qu’il se rapproche de contes comme La Belle et la bête, ça nous renvoie à une part plus animale de nous-mêmes. Et puis, en termes d’identification au personnage, nous sommes tous, d’une façon ou d’une autre, incompris par quelqu’un. Et justement, Kong est l’incarnation ultime d’un personnage incompris.»

Voilà la thématique qu’aurait pu développer et décrypter le réalisateur de Kong : Skull Island. Ça aurait évité un film dopé aux effets spéciaux (dont le gorille créé avec la technique de la motion capture), copiant (mal) le cinéma japonais de monstres…

De notre correspondant à Paris, Serge Bressan