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[Cinéma] To the Moon : la face cachée de la Lune


To the Moon joue carte sur table et se montre tel qu’il se définit : une rom com dans les règles de l’art. (Photo 2024 ctmg, inc.)

Avec To the Moon, Greg Berlanti signe une nouvelle rom com dont l’originalité tient à toile de fond : l’éventualité d’un faux alunissage filmé par Stanley Kubrick.

Le 20 juillet 1969, devant quelque 600 millions de téléspectateurs (soit environ le cinquième de la population mondiale de l’époque), «l’impossible» est finalement arrivé : trois hommes se sont posés sur la Lune et sont revenus intacts sur Terre huit jours plus tard, laissant derrière eux la bannière américaine et une citation désormais gravée dans l’Histoire : «C’est un petit pas pour l’homme et un bond de géant pour l’humanité».

Un exploit, réclamé par John Fitzgerald Kennedy pour dominer le rival russe idéologiquement (on est alors en pleine guerre froide), qui interroge toujours aujourd’hui. Avec une question, centrale : au fil des progrès techniques accumulés ces cinq dernières décennies, comment expliquer que personne n’y soit retourné? De quoi alimenter les théories du complot, dont la plus célèbre : Stanley Kubrick, auréolé de son succès de 2001 : A Space Odyssey, aurait été chargé de filmer un faux alunissage.

«Vendre la Lune»

C’est sur cette hypothèse que Greg Berlanti, réalisateur-amateur de films «guimauve» (comme en témoignent ses films The Broken Hearts Club et Love, Simon) décide de repartir dans la romance avec, en toile de fond, des fusées et des ingénieurs en blouse blanche. Bien évidemment, pour que ça marche, il fallait imaginer deux personnages que tout oppose (mais qui vont apprendre progressivement à se connaître, selon l’équation propre au genre) : soit d’un côté, Kelly Jones (jouée par Scarlett Johansson), pétillante experte en marketing qui, avec son grain de beauté et sa blondeur, incarne une sorte de Marilyne plongée dans un monde d’hommes.

Sa nouvelle mission : «vendre la Lune». Soit redorer l’image de la NASA qui souffre d’un manque de personnel, de budget et de crédibilité, alors que les États-Unis s’embourbent au Vietnam. Elle va alors faire rimer conquête spatiale avec céréales, et même engager des figurants plus «glamours» pour parler à la télévision.

C’est un petit pas pour l’homme et un bond de géant pour l’humanité

En face, il y a Cole Davis (Channing Tatum). Psychorigide, portant d’affreux t-shirts en laine, il est doublement marqué dans sa chair : par la guerre de Corée à laquelle il a participé en tant que pilote de l’armée de l’air. Par Apollo 1 en tant que directeur de lancement, première mission emportant un équipage mais qui ne décollera jamais à la suite d’un incendie lors d’une répétition et la mort au sol de trois astronautes (il va se recueillir tous les jours au mausolée).

Entre les deux pourtant, la flamme s’allume, avec en arrière-plan la chanson jazz Fly Me to the Moon (le titre du film en version originale) chantée par Frank Sinatra, capable de porter les cœurs en apesanteur. Mais l’affaire se complique quand la Maison-Blanche estime que le projet est trop important pour échouer. Elle confie alors à Kelly Jones (par le biais de l’agent spécial Woody Harrelson) la réalisation d’un faux alunissage, en guise de plan B.

Tromperies et doubles jeux

To the Moon, contrairement à son héroïne et l’État américain qui multiplient les tromperies et les doubles jeux, joue carte sur table et se montre tel qu’il se définit : une rom com (pour comédie romantique) dans les règles de l’art. Son originalité tient surtout à la toile de fond et au contexte historique, qui évoque, directement ou entre les lignes, le pouvoir naissant de l’image à des fins de propagande étatique. Sa faiblesse, elle, repose sur la même base : mêler l’Histoire à la farce, la réalité à la fantaisie, au point qu’après plus de deux heures (beaucoup trop), on perd le fil des intentions (pour peu qu’il y en ait eu au départ).

Avouons encore que le charisme de Channing Tatum, parfois autant expressif qu’un Big Jim, ne pèse pas lourd face à une Scarlett Johansson qui crève l’écran (normal, le film est le premier produit par sa société, These Pictures). Un film féministe? Un peu, du moins autant qu’anticomplotiste, comme le résume l’actrice dans une mystérieuse réplique : «La vérité, c’est la vérité même si personne n’y croit. Un mensonge, ça reste un mensonge, même si tout le monde y croit».

To the Moon de Greg Berlanti avec Scarlett Johansson, Channing Tatum… Genre comédie/romance. Durée 2 h 11

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