Toujours sur le fil, entre déclin et renaissance, l’acteur brille dans The Surfer, thriller psychédélique tourné façon série B. Qu’on se le dise : Nicolas Cage a toujours de la ressource !
Star en 1990 avec Sailor et Lula (Wild at Heart en VO), égaré dans des navets oubliés dans les années 2010, Nicolas Cage rebondit encore avec The Surfer, série B qui a tout pour devenir culte.
En tout cas, l’année dernière au festival de Cannes, la Croisette était conquise. «Come on, come on!», a ainsi jubilé l’acteur quand l’équipe du film a reçu une standing ovation de six minutes après sa projection, hors compétition.
«On avait fini le film une semaine avant, alors, recevoir cet accueil, c’était inattendu et parfait. Avant ça, seulement six personnes l’avaient vu par petits bouts», se rappelle, le sourire aux lèvres, le réalisateur irlandais Lorcan Finnegan (Vivarium).
Partout où le film passe, le public réagit au quart de tour en encourageant le personnage principal – qui n’a pas de nom – quand il se bagarre. L’histoire est pourtant basique sur le papier : un père veut montrer à son fils la plage où il surfait gamin en Australie avant de partir vivre aux États-Unis.
Mais il tombe dans la nasse d’un gang de surfers emmenés par un gourou masculiniste. Sur ce script minimaliste 100 % série B se greffe une parabole biblique, avec un méchant que Lorcan Finnegan décrit comme «un démon christique» et un Nicolas Cage plongé dans un véritable «purgatoire» sous le soleil de plomb du réveillon de Noël australien.
Mordu par un serpent
Sans oublier la superbe prestation, brouillant la frontière entre délirium tremens et réalité, de l’interprète de The Cotton Club (1984), signé de son oncle Francis Ford Coppola. L’Américain, âgée de 60 ans, a payé de sa personne sur The Surfer, tourné en Australie, choisie pour son environnement plus hostile que la Californie.
Nicolas Cage a ainsi «été mordu jusqu’au sang à la main par un serpent, pas venimeux, qu’on ne trouvait pas assez actif pour la scène», rigole avec du recul Lorcan Finnegan. «Le lieu du tournage était bien, il n’y avait personne, ce qui veut dire que… personne ne pouvait venir nous sauver rapidement, alors qu’on avait une application pour surveiller la présence et le nombre des requins.»
L’acteur est habité, un peu comme dans le psychédélique Bringing Out the Dead de Martin Scorsese (1999), fin d’une décennie dorée ouverte par Sailor et Lula, de David Lynch, récompensé par une Palme d’or à Cannes.
Les années 2000 et surtout 2010 l’ont vu accepter des productions sans âme pour éponger les dettes de ses années de flambe (voitures, yachts, île…). «Vous vous souvenez de Bangkok Dangerous? Season of the Witch? Drive Angry? Seeking Justice?Trespass? Bien sûr que non! Qui va se souvenir de telles merdes?», lâchait-il dans le journal français Le Monde en 2014.
Un acteur «collaborateur»
Les années 2020, pour lui, ont démarré avec l’extravagant Pig (2021), histoire d’un cochon truffier enlevé, bien reçue par la critique. Dès la réception du script de The Surfer, Nicolas Cage «a été plus qu’un acteur, un collaborateur : il a amené une façon de placer les répliques, a changé des petites choses et on lui a laissé la place pour improviser».
Une scène et une réplique cultes avec un animal, qu’on ne dévoilera pas, viennent ainsi du comédien. «Il était incroyablement préparé : il connaissait tous ses dialogues, il a une énergie dingue, il rentre vite dans la scène, deux-trois prises et on avance!», décrit Lorcan Finnegan.
Mieux : «Entre les prises il traîne sur le plateau sur une chaise plutôt que dans sa caravane-loge, comme un réalisateur-acteur de film indépendant», poursuit le réalisateur.
Mais il faut aussi saluer la prestation de Julian McMahon, Australien vu dans la franchise The Fantastic Four ou la série Nip/Tuck, ici dans la peau du leader des surfeurs malsains, avec un sourire qui a tout de celui du requin. Un personnage inspiré, avoue Lorcan Finnegan, par le podcasteur vedette américain Joe Rogan, ancien kick-boxeur régulièrement accusé de relayer des théories complotistes.
The Surfer, de Lorcan Finnegan.