Succès sur la Croisette, The Secret Agent, un flamboyant thriller politique, plonge dans le Brésil des généraux.
Doublement primé à Cannes au printemps dernier, le film The Secret Agent du Brésilien Kleber Mendonça Filho s’impose comme un thriller politique qui suit la traque d’un homme pendant la dictature militaire dans le pays. Symbole du renouveau du cinéma brésilien après les années de présidence d’extrême droite de Jair Bolsonaro qui ont affecté le secteur, le réalisateur explore dans son long métrage les plaies encore vives laissées par la dictature (1964-1985). On y suit les pas de Marcelo, en cavale pour des raisons mystérieuses à Recife, dans le nord-est du Brésil.
Le film, qui se situe en 1977, emprunte aussi bien au thriller politique qu’au drame, en passant par le film noir, avec des clins d’œil au cinéma d’épouvante des années 1970. Cinéaste marqué à gauche, Kleber Mendonça Filho, tenant d’un cinéma engagé et onirique, a tourné son film juste après les années Bolsonaro (2019-2022).
Ancien critique de cinéma, il n’avait d’ailleurs pas hésité à dénoncer «un coup d’État» contre l’ancienne présidente progressiste Dilma Rousseff lorsqu’elle avait été destituée en 2016 par le Congrès. Déjà prix du jury à Cannes en 2019 pour son film Bacurau, le réalisateur a décroché cette année le prix de la mise en scène pour The Secret Agent.
Retour au Brésil pour Wagner Moura
L’acteur Wagner Moura, qui incarne Marcelo, a quant à lui remporté le prix d’interprétation sur la Croisette. Il est l’un des visages les plus connus du cinéma brésilien grâce à ses collaborations internationales, notamment la série Narcos où il campait le trafiquant de drogue Pablo Escobar. Ces dernières années, il a plutôt tourné aux États-Unis, comme dans Sergio (2020) avec Ana de Armas ou encore dans Civil War (2024) avec Kirsten Dunst. The Secret Agent est son premier film tourné au Brésil depuis 2012.
«Le personnage que j’interprète veut seulement vivre avec les valeurs qui le représentent. C’est terrible que, dans les moments dystopiques, ce soit dangereux de s’accrocher à ses valeurs de dignité», avait déclaré l’acteur à Cannes. Le film a enregistré un joli succès au box-office brésilien, devenant la plus grande réussite commerciale de Kleber Mendonça Filho.
Il a été choisi pour représenter le Brésil aux Oscars 2026. Rappelons que l’année dernière, le Brésil a remporté, à Hollywood, sa première statuette du meilleur film étranger pour I’m Still Here de Walter Salles.