Robert Pattinson n’avait jamais vraiment eu envie de jouer un superhéros… jusqu’à ce que Ben Affleck laisse derrière lui la cape et le masque de Batman. Le résultat est à découvrir aujourd’hui en salles.
Après une décennie passée à enchaîner les succès avec des films indépendants, Robert Pattinson, révélé par son rôle de vampire dans la saga Twilight, a pris l’initiative d’une rencontre avec les cinéastes chargés par les studios Warner Bros. de relancer la franchise Batman. «C’est lui qui est venu me chercher, et à un moment il a amené Batman dans la conversation», raconte le producteur Dylan Clark. Même si l’ex-jeune premier – qui affiche à présent 35 ans – semblait «un tout petit peu méfiant» à l’idée de se frotter de nouveau à une grosse production hollywoodienne, il était «sincèrement intéressé par le personnage de Batman et Bruce Wayne», ajoute-t-il.
Résultat de cette rencontre, le nouveau volet des aventures de l’homme-chauve souris, sobrement intitulé The Batman et qui sort aujourd’hui. On y retrouve un jeune Bruce Wayne qui débute derrière le masque du justicier nocturne et qui n’a pas encore gagné la confiance de la police et de la population de Gotham City. Le héros incarné par Robert Pattinson a encore du travail pour perfectionner son style et ses tactiques pour lutter contre les criminels écumant la ville fictive. Quant à ses fameux gadgets, ils n’en sont qu’à l’état de prototypes.
«Presque un antihéros»
The Batman, même comparé à la trilogie déjà sombre de Christopher Nolan avec Christian Bale, frappe par son ton macabre et noir. Le superhéros lui-même y paraît désespéré, presque dépressif, un personnage en partie inspiré par Kurt Cobain, défunt leader du groupe Nirvana dont la musique est très présente dans le film. Robert Pattinson, fraîchement sorti d’un second rôle dans Tenet (2020), la superproduction de Christopher Nolan, «voulait jouer un rôle physique», se souvient Dylan Clark. «Il ne savait pas que le scénario allait emmener ce personnage à travers des montagnes russes émotionnelles et physiques et qu’il allait lui-même se mettre à rude épreuve», s’amuse-t-il.
Ce Batman-là «est un héros tourmenté, presque parfois un antihéros. C’est vraiment la vengeance qui est son moteur», analyse le producteur du nouvel opus. Batman est à la poursuite du Sphinx (Paul Dano), un tueur en série des plus sinistres mais qui prétend dans son délire mener une croisade contre les élites corrompues de Gotham. Ses assassinats, diffusés sur les réseaux sociaux, deviennent rapidement très en vogue auprès d’une frange de la population qui va se mettre à aduler le sociopathe comme un gourou.
«Nouveau départ»
Le réalisateur, Matt Reeves, «a écrit ce scénario deux ans avant le début de la production (NDLR : en 2020). Je pense qu’il se contentait de regarder notre monde et ce qui s’y déroulait», commente Dylan Clark. «Gotham est comme un miroir de nos sociétés. Et je pense que c’est une représentation de ces gens qui se sentent laissés pour compte et qui sont mécontents», qui se défend toutefois de tout message politique ou «sensationnaliste».
Robert Pattinson succède dans ce rôle à Ben Affleck, dont les performances en Batman ont été reçues assez fraîchement par les fans de l’univers DC Comics. L’acteur de Gone Girl (David Fincher, 2012), également réalisateur avec quatre films à son actif, avait écrit un volet des aventures de Batman qu’il devait lui-même réaliser. Le projet a été abandonné après un passage à vide dans sa vie personnelle, entre sa dépendance à l’alcool et son divorce d’avec l’actrice Jennifer Garner. «DC devait passer par une sorte de transition», estime Dylan Clark rétrospectivement.
Le fait de devoir trouver un nouveau visage pour incarner Batman a donné aux cinéastes l’occasion d’effectuer «un nouveau départ» dans cette saga, inaugurée en bande dessinée voici plus de 80 ans. «L’idée de Matt était d’essayer de présenter ce nouveau Batman à un endroit où on ne l’avait jamais vu jusqu’alors», explique Clark. Une entreprise «très stimulante» mais «aussi terrifiante» car très ambitieuse pour un personnage d’une telle stature. L’attente du public, c’est : «Vous avez intérêt à faire un Batman génial ou on va vous haïr», résume le producteur.
The Batman, de Matt Reeves.
(C’est) un héros tourmenté, presque parfois un antihéros. C’est vraiment la vengeance qui est son moteur