En salle depuis mercredi, le film belge SpaceBoy se réapproprie joliment les ingrédients des productions familiales estampillées Spielberg, sans jamais forcer sur l’hommage.
Voilà une véritable madeleine de Proust qui fera chaud au cœur des nostalgiques du cinéma hollywoodien des années 1980 et 1990, élevés à grands coups de Goonies (Richard Donner, 1985), Back to the Future (Robert Zemeckis, 1985-1990) et Stand By Me (Rob Reiner, 1986). Tous les ingrédients sont en effet réunis ici : une jolie petite histoire familiale, de l’émerveillement, de l’aventure, de l’humour et un ton mesuré, qui évite de trop prendre le spectateur par la main.
Bref, un film à petit budget qui marche la tête haute dans les pas du cinéma hollywoodien «pop» et culte. À la différence près que celui-ci vient de Belgique. Et l’on sait si le plat pays sait surprendre…
Après un premier court métrage, Puzzle (2019), qui regardait déjà dans le rétroviseur l’univers du cinéma et du jeu vidéo des années 1980 – avec un Philippe Katerine, cheveux longs hérissés, dans l’armure de Destructor, un superméchant qui détruit… la Terre, rien de moins que ça – Olivier Pairoux s’est tout de suite lancé dans l’aventure du long avec SpaceBoy. L’histoire de Jim (Basile Grunberger), un jeune garçon qui vient d’emménager avec son père Graham (Yannick Renier), ingénieur spatial, dans une nouvelle ville où son père travaille.
Un ambitieux projet scolaire pour le jeune Jim…
Jim est un fou de l’espace : son père ira là-haut, un jour, il le sait. Lui est encore au collège, et doit préparer un projet pour la fin de l’année. Nouveau dans l’école, il est mis en binôme avec Emma (Albane Masson), qui doit elle aussi rattraper son retard à la suite d’une absence prolongée. Leur projet sera le plus ambitieux de la classe : recréer le saut en parachute de Joseph Kittinger, cet Américain qui, en 1960, a sauté de 31 kilomètres de haut. Pour Jim, tout est possible…
Il est difficile de bouder son plaisir devant de telles productions doucement sucrées qui nous renvoient à un an de la culture que l’on a forcément, à un moment ou à un autre, vu et aimé. SpaceBoy s’inscrit clairement dans la mouvance de «rétroculture» qui a pris de l’ampleur depuis le succès de la série Netflix Stranger Things, mais l’originalité du film se démarque dans le fait qu’il soit, justement, original.
Ces années 1980 sont celles, sans doute, de véritables souvenirs d’enfance – Olivier Pairoux avait plus ou moins l’âge du protagoniste au milieu des années 1980 –, ce sont surtout celles qu’il fabrique, avec son coscénariste Eusebio Larrea, sans jamais jouer le jeu facile et l’as-tu-vu de l’ultraréférence, comme on le voit dans beaucoup d’œuvres biberonnées aux productions Spielberg et qui tentent de se la jouer «geek».
Toutes les cartes du film familial
Respectant de son propre aveu à la lettre le souhait de Walt Disney, qui disait que «pour chaque rire, il faut une larme», Olivier Pairoux mesure le ton de son film entre des thématiques sérieuses (la mort et le deuil, notamment) et un récit qui joue toutes les cartes du film familial, les enchaînant sans temps mort, malgré quelques inévitables sensations de déjà-vu.
On sourit beaucoup et l’on est pris aux justes moments, heureusement utilisés avec parcimonie, par une force émotionnelle qui fonctionne très bien, en particulier dans la dernière partie.
Si le cocktail fonctionne, c’est aussi grâce au travail superbe des acteurs, les jeunes Basile Grunberger et Albane Masson en tête, qui sont une vraie bouffée d’air frais, habitant le cadre somme toute ordinaire d’Olivier Pairoux en y insufflant une luminosité fabuleuse, innocente mais jamais naïve. Évidemment, c’est à découvrir sur grand écran, là où la magie opère vraiment.
Valentin Maniglia
SpaceBoy, d’Olivier Pairoux.