Un jeune homme est victime d’un accident, une femme attend une greffe… Dans Réparer les vivants, avec Emmanuelle Seigner et Tahar Rahim, en salles mercredi, Katell Quillévéré adapte avec délicatesse le roman à succès de Maylis de Kerangal sur le don d’organes.
Le film s’ouvre sur le visage d’un jeune homme blond, Simon (Gabin Verdet), qui se réveille, enfourche son vélo et part retrouver deux amis pour aller surfer sur une plage de Normandie. Quelques heures plus tard, sur le chemin du retour, ils sont terrassés par un accident de la route. Transporté dans un hôpital du Havre dans un état désespéré, Simon est déclaré en état de mort cérébrale.
Ses parents, interprétés par Emmanuelle Seigner et le rappeur Kool Shen, sont plongés dans la douleur et l’incompréhension. Comment leur fils serait-il mort, puisque son cœur bat encore? Face au médecin qui a pris en charge leur fils (joué par Bouli Lanners) et à Thomas (Tahar Rahim), du centre de transplantation cardiaque, les parents de Simon vont devoir prendre une lourde décision : accepter ou non d’ouvrir le corps de leur fils et de donner ses organes.
Racontant le périple du cœur du jeune Simon jusqu’à la transplantation cardiaque, Réparer les vivants qui avait été présenté à la Mostra de Venise dans une section parallèle et au festival de Toronto, est l’adaptation du livre éponyme de Maylis de Kerangal. Ce roman poignant avait été l’un des succès littéraires de l’année 2014 en France, avec plus de 200 000 exemplaires vendus. Il avait aussi remporté plusieurs prix.
La cinéaste Katell Quillévéré, dont c’est le troisième long métrage, après Un poison violent et le remarqué Suzanne , met le spectateur face à la douleur des parents de Simon, en racontant cette chaîne qui se met en place entre la mort et la vie. « J’ai dévoré le roman en quelques heures, il m’a énormément remué, bouleversé et j’ai immédiatement eu l’intuition que j’avais quelque chose à voir avec cette histoire de manière très profonde », a expliqué la réalisatrice.
Maylis de Kerangal «extrêmement émue»
La seconde partie du film montre Claire (Anne Dorval), la cinquantaine, atteinte d’une grave maladie cardiaque qui attend une greffe. Une course contre la montre va alors s’engager pour prélever le cœur de Simon et le greffer à Claire. Au-delà de ce compte à rebours, le film, accompagné par la musique d’Alexandre Desplat, émeut en abordant avec sensibilité des questions tragiques, comme le faisait le roman. Katell Quillévéré, qui a écrit le scénario avec Gilles Taurand, met l’accent sur les sensations pour raconter cette histoire, qui se déroule sur 24 heures.
La réalisatrice, 36 ans, a voulu aussi relever des « défis de cinéma » face à l’« exigence documentaire », que représente le choix d’un tel sujet, mais aussi la « direction lyrique » qu’elle a voulu donner à sa réalisation. « La question de la juste distance à l’émotion était fondamentale. Je devais accompagner le spectateur tout en gardant la pudeur qui lui permette de vivre lui-même sa propre émotion. La direction d’acteur a beaucoup tourné autour de ce dosage : comment transmettre la douleur d’une mère face à un tel désastre et en même temps comment ne pas se complaire dedans? »
Emmanuelle Seigner a indiqué n’avoir « rencontré personne » avant de jouer son rôle, contrairement à Tahar Rahim, qui a longuement vu un infirmier coordinateur « pour comprendre comment ça fonctionne en réalité ». À Venise, Maylis de Kerangal, de son côté, avait confié avoir été « extrêmement émue » lors de la projection du film, dont elle a « accompagné le travail d’écriture », du moins au début.
Réparer les vivants, de Katell Quillévéré. Dès mercredi sur les écrans.