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[Cinéma] Oum Kalthoum, le biopic de légende


L'actrice Mona Zaki, si elle ne chante pas dans le film, a tout de même dû apprendre plusieurs timbres d'Oum Kalthoum à différents âges de sa vie. (Photo : synergy films)

Il a fallu plus d’un an à l’actrice Mona Zaki pour préparer le rôle le plus intimidant de sa carrière : camper l’iconique chanteuse égyptienne Oum Kalthoum, dans El Sett, biopic signé par le réalisateur Marwan Hamed.

«Au début, j’avais très peur. Je ne savais pas par où commencer», s’est remémoré l’actrice égyptienne Mona Zaki, en marge de la projection d’El Sett en avant-première mondiale, début décembre, au festival international du Film de Marrakech, au Maroc. Le film, actuellement en salle en Égypte, s’est imposé à sa sortie le 11 décembre comme un gros succès de cette fin d’année, dominant le box-office dès la première semaine, mais vite rattrapé ensuite par le blockbuster de James Cameron Avatar : Fire and Ashes. El Sett campe depuis en deuxième position. Sa première européenne est attendue le mois prochain au festival international du Film de Rotterdam, dans le cadre d’une rétrospective dédiée au réalisateur Marwan Hamed.

Disparue en 1975, Oum Kalthoum, dite l’«astre d’Orient», est une icône dans le monde arabe. Sa voix ample et majestueuse, reconnaissable entre toutes, et ses chansons-fleuves ont marqué des générations entières de Casablanca à Bagdad et continuent d’être écoutées aujourd’hui avec ferveur. Appréhender la vie d’«El Sett» («la Dame»), un autre de ses surnoms, a été «difficile», reconnaît l’actrice célèbre et chevronnée qu’est Mona Zaki, 49 ans.

Si ce n’est pas elle qui chante dans le film, elle a dû apprendre plusieurs timbres d’Oum Kalthoum, à différents âges. L’entraînement avec des coaches de voix, de chant, de posture ou d’art dramatique a duré «un an et trois mois», explique-t-elle.

Récitals à l’Olympia

Le film retrace plusieurs étapes charnières de la carrière de la diva égyptienne, de son enfance jusqu’à la consécration. «Son parcours a quelque chose d’incroyable et possède tous les éléments nécessaires pour créer une histoire unique», souligne Marwan Hamed. «Je pense que 50 ans après sa mort, elle est toujours bien vivante parmi nous, non seulement grâce à sa voix, mais aussi grâce à ce que sa voix portait pour les gens», souligne ce cinéaste égyptien réputé, rappelant que la chanteuse était une «femme influente dans le monde arabe».

Le film s’ouvre sur un des moments phares de sa carrière : ses deux récitals à l’Olympia en novembre 1967 à Paris, quelques mois après la défaite des pays arabes contre Israël dans la Guerre des six jours. La chanteuse avait fait don de la recette des concerts à l’armée égyptienne. La légendaire cantatrice y entonne sa célèbre complainte Enta Omri («Tu es ma vie») face à un public fervent, avant qu’un spectateur, dans tous ses états, ne la bouscule en se jetant à ses pieds.

Le biopic emporte ensuite les spectateurs dans le delta du Nil, là où tout a commencé pour Oum Kalthoum, née en 1898 dans une famille modeste. C’est dans l’Égypte rurale du début du XXe siècle que «Souma», comme la surnommaient ses proches, puis son public, fait ses premiers pas sur scène. Toujours accompagnée de son père – un imam qui a très vite perçu son talent –, elle interprétait des chants religieux dans des cérémonies, déguisée en garçon bédouin en raison des mœurs conservatrices de l’époque. «Les difficultés et les obstacles qu’elle a dû surmonter, ainsi que son pouvoir et sa force, étaient vraiment phénoménaux», commente le réalisateur.

«La voix du peuple arabe»

Elle est alors repérée et invitée à se rendre au Caire, où sa carrière décolle dès la fin des années 1920 avant de dépasser les frontières de l’Égypte et d’entrer dans la légende. «Elle est la voix du peuple arabe et incarne l’espoir, la force et la résistance», résume Mona Zaki.

C’est la vulnérabilité d’Oum Kalthoum qui a le plus marqué Mona Zaki et Marwan Hamed durant la réalisation du film. «Quand on la regarde sur scène, on ne voit aucune faiblesse, seulement beaucoup de puissance. Mais en réalité, derrière, il y avait beaucoup de vulnérabilité», affirme Marwan Hamed. Il admire aussi le fait qu’elle ait «réussi à imposer ses choix au public» et ne soit «jamais allée dans le sens du courant».

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