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[Cinéma] Oh my «goth», Beetlejuice revient !


Le visage à nouveau totalement grimé, Keaton prend, à 72 ans, un plaisir évident à renouer avec ce rôle. (Photo : warner bros. pictures)

Trente-six ans après, Beetlejuice fait son retour sur les écrans, toujours mort mais «juste un peu plus moisi», recyclant l’univers et les personnages du premier opus, ainsi que ses acteurs fétiches.

Pour Beetlejuice Beetlejuice, suite de la comédie macabre culte de Tim Burton en salles aujourd’hui, Michael Keaton réendosse le costume rayé du sinistre et farceur «bio-exorciste» tentant de rallier le monde des vivants. Un personnage qui n’a pas vieilli : il est toujours mort mais «juste un peu plus moisi», a plaisanté l’acteur en conférence de presse, lors de la Mostra de Venise fin août.

Le visage à nouveau totalement grimé, Keaton prend, à 72 ans, un plaisir évident à renouer avec ce rôle qui a marqué le début de son compagnonnage avec Tim Burton, en 1988, avant les deux films Batman (1989 et 1992). Mais, comme dans le premier volet, ses apparitions sont finalement peu nombreuses à l’écran, qu’il partage avec Catherine O’Hara, 70 ans, et surtout Winona Ryder, 52 ans.

«Il n’était pas question de nier le vieillissement»

Ces dernières reprennent leur rôle d’origine, ceux de Delia et Lydia Deetz, belle-mère et belle-fille qui emménagent dans une maison hantée par un couple de fantômes. Leurs personnages ont vieilli avec elles, rendant l’interprétation quelque peu mécanique. «Pour moi, il n’était pas question de nier le vieillissement, a déclaré Catherine O’Hara, mais plutôt de s’en emparer et d’être heureuse de vivre.»

Lydia, l’enfant qui communique avec les fantômes du premier volet, est devenue animatrice télé spécialisée dans le paranormal et, à son tour, mère d’une ado, Astrid, qui ne veut pas entendre parler de surnaturel. Cette dernière est jouée par Jenna Ortega, devenue une star à 21 ans grâce à la série de Netflix Wednesday (dérivée de la série The Addams Family), produite et coréalisée par Tim Burton, tandis que Willem Dafoe se parodie en inspecteur de la police de l’au-delà.

Ce film est comme un film de famille, d’une famille bizarre

«Ce film est comme un film de famille, d’une famille bizarre», a commenté le réalisateur qui, «déçu par l’industrie», souhaitait revenir à un cinéma plus artisanal, à base de techniques très simples comme du maquillage ou des marionnettes, qui fait le charme de son univers. «On a essayé de faire comme dans le premier film, où il y avait un tas d’impros. On a calé des choses le jour même, essayé des trucs (…) On ne va pas gagner l’Oscar des meilleurs effets spéciaux, mais ça ne fait rien!», a poursuivi l’auteur de classiques tels qu’Edward Scissorhands (1990), Ed Wood (1994) ou Mars Attacks! (1996).

Beetlejuice Beetlejuice n’en est pas moins produit par l’un des plus grands studios, Warner, qui espère en faire l’un des blockbusters de la rentrée. Avec l’idée de charmer la génération biberonnée au premier film, aujourd’hui adulte, comme ses descendants, cette suite enchaîne les clins d’œil au film original. Tim Burton : «Je me suis dit, si je dois refaire quelque chose, je veux que ça vienne du cœur (…) Je sens que je m’étais un peu perdu. Et donc faire ce film m’a redonné de l’énergie, c’était un retour aux choses que j’aime faire, de la façon dont j’aime les faire, avec les gens que j’aime.»

Intrigues multiples

Plus foisonnant, le film multiplie les intrigues au risque de se répéter : la quête initiatique de la jeune Astrid, plongée dans l’au-delà, les relations entre Lydia et sa belle-mère ou la vendetta de l’ex-femme de Beetlejuice, Delores. Cette nouvelle créature maléfique à la Frankenstein est jouée par Monica Bellucci, compagne de Tim Burton. Il offre à l’actrice une scène inattendue, digne d’un film d’horreur. Car plus que gothique, ce Beetlejuice est sanglant à souhait, avec ses personnages éviscérés, ses monstres en tout genre ou ses bébés démoniaques.

Le doux rêve d’une coexistence heureuse des vivants et des fantômes, qui faisait le charme du premier film, s’évapore. Mais Tim Burton continue de se moquer des travers de la société américaine contemporaine. Au snobisme du monde de l’art s’ajoutent les dérives des prophètes du bien-être et celles des influenceurs absorbés par leurs écrans. «Ce qui est marrant à propos» du film original, «pour autant que je l’aime, je n’ai jamais compris les raisons de ce succès», a confié le réalisateur de 66 ans, qui ne semble pas parti pour tourner un troisième Beetlejuice. «Il m’a fallu 35 ans pour faire celui-ci. Mathématiquement, ça nous amènerait donc à plus de 100 ans. Avec la médecine, ça pourrait se faire, mais je ne crois pas!», a-t-il souri.

Beetlejuice Beetlejuice, de Tim Burton.