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[Cinéma] «Mickey 17» : Robert Pattinson voit double


Après Parasite, le réalisateur Bong Joon Ho propulse l’acteur dans l’espace et se paie au passage, sans le vouloir, Elon Musk.

Six ans après Parasite, Bong Joon-Ho envoie Robert Pattinson en orbite et tourne en dérision les ambitions spatiales d’Elon Musk dans Mickey 17, une comédie de science-fiction, sorte de « space opera» parodique, distrayant et politique. «C’est une histoire qui se passe dans le futur mais elle pourrait aussi arriver dans le présent ou le passé», a déclaré Bong Joon-Ho. Son film met en scène Robert Pattinson, l’idole de la génération «Twilight» devenu l’un des Britanniques les plus demandés de Hollywood (The Batman, Tenet), dans la peau d’un jeune homme fauché, Mickey.

Ce dernier, fuyant une énième embrouille sur Terre, se retrouve cobaye dans un vaisseau spatial, en route pour coloniser une nouvelle galaxie. Un milliardaire transhumaniste à la Elon Musk, interprété par Mark Ruffalo (Avengers), est seul maître à bord, à l’exception de son épouse Ylfa (Toni Collette). Bong Joon-Ho précise qu’il n’avait pas eu de modèle particulier en tête pour ce personnage, mais les allusions aux gourous américains de la tech et au trumpisme sont transparentes.

«Réimprimé» à souhait

Mickey, embauché comme «remplaçable», se retrouve alors tout en bas de l’échelle sociale sur le vaisseau. Il est envoyé sur toutes les expériences et missions dangereuses, mais grâce à une machine, il peut être «réimprimé» et ressusciter chaque fois qu’il meurt. Tout déraille lorsque le vaisseau se pose sur une planète gelée, peuplée d’extraterrestres à la silhouette d’éléphants de mer. Parasite, chef d’œuvre de Bong Joon-Ho, Palme d’or à Cannes et oscarisé, où une famille déshéritée en infiltrait une autre, très aisée, résonnait déjà comme une satire acide de la société sud-coréenne et de ses inégalités.

Le film est plein de gens qui sont adorablement ridicules

Bong Joon-Ho peignait déjà les conflits sociaux et les rapports de domination qui en découlent dans Snowpiercer avec Chris Evans et Tilda Swinton, adapté d’une BD. Il continue ici, à 55 ans, de disséquer les rapports de classe. Cette fois, avec une bonne dose d’humour. Surtout, Mickey 17 sort à point nommé, alors qu’Elon Musk, patron de SpaceX qui rêve de voir coloniser Mars, a pris une place inédite aux côtés de Donald Trump après le retour de ce dernier à la Maison Blanche.

Prophéties transhumanistes

Son ombre plane sur le rôle du milliardaire, qui entretient son propre culte à bord et caresse des rêves de toute puissance. Et à la manière du film Don’t Look Up avec Leonardo DiCaprio et Jennifer Lawrence, qui avait fait mouche en dénonçant par le rire le déni climatique en 2021, Mickey 17 se moque aussi des prophéties transhumanistes en vogue dans le milieu de la tech, qui promettent l’immortalité. Bong Joon-Ho, se méfiant des «films de propagande», dit avoir voulu faire avant tout un film spectaculaire et drôle. D’ailleurs, il a été tourné en 2022, avant l’élection de Trump.

«Nous ne voulions pas qu’il soit quelqu’un en particulier», confirme Mark Ruffalo à propos de son personnage, décrit comme égoïste et fragile. «Nous avons vu ce type de leader à maintes reprises au cours du siècle dernier». Ce que prolonge le réalisateur : «Tout au long de l’histoire, les dictateurs ont été des figures terrifiantes, mais ils ont aussi possédé un charme étrange qui captive les masses». Mais avec ce méchant, milliardaire narcissique rappelant Elon Musk, «ce film est plus finalement pertinent qu’il ne l’était lorsque nous l’avons tourné», observe l’acteur.

La résistance des petites gens

Le réalisateur est catégorique : Mickey 17 met d’abord en lumière la résistance des petites gens contre les puissants, à une époque d’autoritarisme rampant dans de nombreux pays. Robert Pattinson, dans le rôle d’un jeune volontaire participant à un programme de clonage futuriste, subit une exposition aux radiations, inhale des gaz toxiques et subit des injections de vaccins expérimentaux. «C’est un jeune homme vulnérable et un peu pitoyable, mais qui, malgré les nombreux défis auxquels il est confronté, finit par survivre sans être brisé», a déclaré le réalisateur.

«Tout ce qui arrive à Mickey, sa situation et la manière dont il est traité dans le film sont politiques. Cela parle de la façon dont nous traitons et respectons un être humain», a-t-il commenté. «C’est un film de science-fiction où des gens vont sur des planètes extraterrestres, avec un vaisseau spatial et tout, mais il s’agit de gens ridicules. Ce n’est pas une grosse aventure spatiale où les gens se tirent dessus avec des lasers. C’est plutôt sur des perdants ridicules. Le film est plein de gens qui sont adorablement ridicules».

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