Dans Marie-Francine, Valérie Lemercier croque avec délectation la famille bourgeoise.
Dans son cinquième film comme réalisatrice, Marie-Francine , en salle depuis mercredi, elle campe une femme de 50 ans qui retourne vivre chez ses parents. Valérie Lemercier se plaît à y aborder à nouveau la famille bourgeoise, « son terrain de jeu favori ». L’histoire? Marie-Francine (Valérie Lemercier), chercheuse quinquagénaire à la vie rangée, se fait quitter par son mari (Denis Podalydès) pour une femme plus jeune, et perd son boulot.
À la rue, elle se voit contrainte de retourner vivre chez ses parents, un couple de bourgeois de l’ouest parisien (les excellents Hélène Vincent et Philippe Laudenbach), qui l’infantilisent, lui organisent des dîners pour la caser et lui ouvrent une boutique de cigarettes électroniques. Elle va alors rencontrer Miguel (Patrick Timsit), un cuisinier qui n’ose pas lui avouer qu’il est dans la même situation qu’elle, mais sans avoir de lieu pour abriter leur liaison.
L’idée du film, qu’elle a écrit avec la comédienne Sabine Haudepin, est venue à Valérie Lemercier quand « un ami lui a raconté que quand il avait 16 ou 17 ans, il avait une éventuelle petite copine, mais qu’il ne s’était jamais rien passé entre eux parce qu’ils ne savaient pas où abriter leur amour », a-t-elle expliqué. « Je me suis dit que ce serait drôle que ça arrive à des gens plus vieux », poursuit la réalisatrice, et comédienne de 53 ans.
«Une histoire d’amour de gens pas jeunes»
Elle assure cependant ne pas avoir voulu faire un film sur les gens qui retournent vivre chez leurs parents, sujet traité récemment dans Retour chez ma mère d’Eric Lavaine, ni « sur la femme de cinquante ans », thème également dans l’air du temps, abordé dans Aurore de Blandine Lenoir avec Agnès Jaoui. « Ça m’amusait comme âge, un peu charnière. Mais ce n’est pas un film sur les bouffées de chaleur et tout ça. C’est une histoire d’amour de gens pas jeunes », souligne encore l’humoriste, révélée à la fin des années 80 avec la série Palace de Jean-Michel Ribes.
À partir de ce point de départ de comédie romantique, quatre ans après 100 % Cachemire sur l’adoption internationale, mal accueilli par la critique, et 12 ans après Palais royal! sur l’univers des royautés d’opérette, Valérie Lemercier décortique avec un sens aigu du détail dans ce nouveau long métrage la famille bourgeoise, un sujet qui lui tient à cœur. « Je trouve que la famille, c’est un terreau merveilleux. La bourgeoisie aussi. Alors la famille bourgeoise, ça cumule! », souligne l’actrice césarisée en 1994 pour son second rôle de Béatrice Goulard de Montmirail dans Les Visiteurs .
« Je trouve dingue le sans-filtre de ces gens-là. (…) Il y a une façon de dire cash tout ce qu’on pense qui me cueille à chaque fois », poursuit l’actrice, issue elle-même « d’un milieu bourgeois, mais de la campagne », qui dit mettre aussi « toujours un peu » de cet univers-là dans ses spectacles, « parce que ça (l)’amuse depuis longtemps ».
Avec des situations et dialogues cocasses, Marie-Francine lorgne par moments du côté des comédies d’Étienne Chatiliez – de Tanguy , histoire d’un presque trentenaire vivant chez ses parents, à La Vie est un long fleuve tranquille avec, déjà, Hélène Vincent dans le rôle de la mère bourgeoise. Et fait mouche dans une série de scènes qui abordent les humiliations successives vécues par cette quinquagénaire maladroite et déprimée.
Le film fait rire quand il décrit la promiscuité forcée avec ses parents envahissants, sans-gêne et survoltés. « Moi, le côté « être enfermée en famille », je ne peux pas », confie Valérie Lemercier, tout en indiquant avoir aussi retrouvé « des sensations de son enfance » en faisant Marie-Francine. « Quand j’étais petite, je voulais avoir de la toile de Jouy dans ma chambre. Je n’en ai pas eu, alors je l’ai mise dans le film! »
Marie-Francine, de Valérie Lemercier. Actuellement sur les écrans