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[Cinéma] « Life », un thriller dans la Station spatiale internationale


Jake Gyllenhaal fait partie, dans Life, des six membres d'équipage de la Station spatiale internationale.

C’est le grand retour de l’alien! Avec Life, le Suédois Daniel Espinosa déroule un film de SF avec une créature unicellulaire confirmant la vie sur la planète rouge.

Il ne s’en cache pas. Mieux: le réalisateur suédois d’origine chilienne Daniel Espinosa le revendique sans détour: pour Life –son nouveau film en salles cette semaine–, il s’est inspiré du modèle du genre : Alien, réalisé par Ridley Scott en 1979 et dans lequel la grande Sigourney Weaver était confrontée à une créature extraterrestre, à bord d’un vaisseau commercial.

Avant même d’entrer dans la salle noire, on sait que l’on va avoir droit à un film de science-fiction. On sait aussi qu’à 39  ans, Espinosa présente une carte de visite tout à fait honorable avec neuf films et séries, dont Snabba Cash (2011), Safe House (2012) et Child 44 (2015).

Pour Life , et avec le producteur David Ellison, il raconte avoir suivi en 2012 la mission Curiosity  : « Le rover Curiosity venait d’atterrir sur Mars. On s’est alors interrogé  : que ce serait-il passé si le rover avait découvert une vie unicellulaire sur Mars et l’avait rapportée à bord de la navette ISS pour analyse? Une fois que cette forme de vie se serait trouvée dans des conditions propices à son développement, elle aurait commencé à grandir… Et comme c’est toujours le cas avec l’espèce humaine, nous aurions cherché –  avec les meilleures intentions du monde  – à l’analyser et elle se serait révélée hostile. Cela transforme le film en un thriller de science-fiction horrifique incroyablement tendu dans l’ISS, à gravité zéro .»

Et voilà, tout est en place pour un film de science-fiction. Un de ces films qu’on peut, pourquoi pas, voir. Pour plusieurs raisons. Parmi lesquelles les combinaisons spatiales que revêtent les personnages. En effet, deux Oscars ( Mad Max  : Fury Road et A Room with a View ) et nommée dix fois pour les costumes, la chef costumière Jenny Beavan a dessiné les deux combinaisons utilisées dans le film.

« Mieux vaut ne pas tenter de sortir avec dans l’espace! La combinaison dédiée aux activités extravéhiculaires est un faux absolu  : elle est en coton , confie-t-elle. Mais elle comporte des éléments superbes, comme les gants qui sont remarquablement détaillés et le support de vie dorsal. Vous avez là tout ce qu’il vous faut pour une balade de plusieurs heures hors de la station spatiale. La NASA fournit maintenant aux astronautes un pack bien plus moderne qui se place sur la poitrine mais je craignais que cet emplacement ne gêne les acteurs, alors j’ai choisi d’être un peu plus rétro, ce qui nous rapproche aussi de la vision habituelle qu’a le public des astronautes .»

L’alien ne ressemble à rien de connu

Et c’est parti pour le voyage interspatial. Dans l’ISS  –  la Station spatiale internationale  –, les six membres d’équipage vont faire une des plus importantes découvertes de l’histoire de l’humanité. Oui, ils vont trouver la toute première preuve d’une vie extraterrestre sur Mars, surnommée la planète rouge.

Ils vont aller plus avant dans leurs recherches, se lancer dans des expériences aux conséquences inattendues. Tout ça parce que la forme de vie révélée va s’avérer bien plus intelligente que ce qu’ils pensaient…

Cette forme de vie, c’est une créature étrange imaginée par Daniel Espinosa et ses deux scénaristes (Rhett Reese et Paul Wernick) après avoir consulté des exobiologistes, des médecins spécialistes de l’espace et d’autres scientifiques.

Le souci constant du réalisateur  : créer une nouvelle forme de vie originale au cinéma basée sur des principes biologiques tout à fait authentiques. Ainsi, a vu le jour une créature extraterrestre inconnue des humains et jamais vue au cinéma –  explication d’un des deux conseillers techniques, le Dr Adam Rutherford  : « Nous voulions un alien qui ne ressemble à rien de connu et qui soit en plus scientifiquement intéressant; une créature plausible et terrifiante à la fois. J’ai choisi de faire remonter l’apparition de cette forme de vie sur Terre il y a approximativement deux milliards d’années. Elle aurait été expulsée de notre planète, sans doute suite à un impact de météorite. Elle provient de la Terre, mais elle a disparu pendant plusieurs millions, voire plusieurs milliards d’années. C’est ce qui donne à l’un des personnages une piste pour la réveiller. » On ajoutera que, pour les créature de Life , les scientifiques se sont inspirés des slime molds, protistes et amibozoaires –  micro-organismes à organisation cellulaire simple.

Inspiré par Alien de Ridley Scott, Life pioche aussi dans le blockbuster Gravity (2013) d’Alfonso Cuaron avec George Clooney et Sandra Bullock. Mais, au final et malgré quelques touches de poésie, le film de Daniel Espinosa reste en apesanteur mais sans grâce. Certes, on a un casting de haut niveau et quelques effets spéciaux –  comme les gouttes de sang en apesanteur, mais le scénario reste faible, n’allant pas au bout des pistes de réflexion entr’ouvertes.

Serge Bressan

Life, de Daniel Espinosa (États-Unis, 1h44) avec Jake Gyllenhaal, Ryan Reynolds, Rebecca Ferguson…