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[Cinéma] Lebo M, le «son» du Roi Lion, revient pour Mufasa


Pour enregistrer le nouveau titre qui ouvre Mufasa, Lebo M s’est enfermé tôt en studio un matin, «et à 11 h, quand tout le monde est arrivé, j’avais fini la chanson». (Photo : afp)

Sa voix inimitable en ouverture du film Disney The Lion King a ému les spectateurs du monde entier. Trente ans plus tard, le chanteur Lebo M revient dans Mufasa, qu’il a abordé comme un «défi».

Le chant zulu Nants’ Ingonyama, qui lance la chanson Circle of Life au début du dessin animé sorti en 1994, a fait connaître ce chanteur, producteur et compositeur sud-africain, né il y a 60 ans dans le township de Soweto. Et après l’impact énorme laissé par The Lion King, Lebo M confie avoir ressenti la pression de devoir faire aussi bien qu’il y a trente ans dans la préquelle du classique d’animation Disney. «J’ai aimé écrire la séquence d’ouverture du premier film (…), mais écrire et chanter une nouvelle séquence trente ans après, c’était vraiment un défi», a-t-il affirmé en marge d’une avant-première à Londres de Mufasa : The Lion King, réalisé par Barry Jenkins et attendu mercredi au cinéma (lire encadré).

Pour Lin-Manuel Miranda, qui a écrit la musique du nouvel opus de Disney, sa contribution était indispensable. «C’était mon rêve. J’ai insisté dès que je suis arrivé sur le projet parce que je pense qu’il est la touche secrète» du film, a déclaré pour sa part l’auteur et compositeur des comédies musicales In the Heights et Hamilton. Lebo M «est le son du Roi lion, et ses arrangements de chœurs qui sont venus s’ajouter aux chansons que j’ai écrites donnent vraiment l’impression que ce film est lié au (dessin animé) original», a-t-il ajouté.

Malgré la pression, le processus a été relativement rapide, raconte Lebo M : il est arrivé au studio tôt le matin, a commencé à jouer «avec des cymbales et un bongo (…) et à 11 h, quand le réalisateur et tout le monde est arrivé, j’avais fini la chanson». Selon lui, la réussite du projet tient à «l’incroyable énergie» qui s’est dégagée de son travail avec Lin-Manuel Miranda. «Il y avait très peu de discussions à propos des cordes, de la mélodie. Nous nous sommes juste lancés et tout a coulé de source.»

«Mode survie»

Né en 1964, le chanteur, dont le nom complet est Lebohang Morake, est devenu incontournable pour les réalisateurs souhaitant apporter une touche africaine authentique à leurs productions. Il a produit et composé des chansons pour les cérémonies d’ouverture et de clôture de la Coupe du monde de football 2010 qui s’est tenue en Afrique du Sud, et poursuit une collaboration créative avec le compositeur de musiques de film Hans Zimmer, qu’il accompagne dans ses tournées mondiales.

Mais le succès n’a pas été immédiat, et Lebo M a connu des moments difficiles À 14 ans, il devient le plus jeune chanteur dans les clubs sud-africains. Victime de racisme et sans abri pendant deux ans à Los Angeles au milieu des années 1980, malgré la pauvreté, «j’avais la musique», déclare-t-il. En dépit du succès, l’artiste assure conserver les cicatrices de son passé dans la rue et affirme être «resté tout le temps en mode survie».

Selon lui, l’industrie américaine du divertissement lui a toutefois permis de «réussir plus (qu’il) n’aurai(t) pu le faire ailleurs dans le monde». Et après plusieurs décennies à œuvrer relativement dans l’ombre, il se dit aujourd’hui prêt à rencontrer le public, avec une première série de concerts programmés en avril prochain en Afrique du Sud. «Je sais qu’il y a une certaine attente de gens dans le monde qui ont envie de voir Lebo M en concert, plus seulement comme un invité (d’autres artistes) ni à travers des films», dit-il.

Mufasa : le grand écart
de Barry Jenkins

Aux commandes de Mufasa : The Lion King, le réalisateur Barry Jenkins, oscarisé pour Moonlight (2016), sur la jeunesse d’un garçon noir homosexuel qui grandit auprès d’une mère droguée. L’univers du Roi lion est à des années-lumière de ses précédents projets, qui s’intéressent aussi à l’histoire des Afro-Américains, comme le film If Beale Street Could Talk (2018), adapté d’un roman de l’écrivain noir James Baldwin, ou la minisérie sur l’esclavage The Underground Railroad (2021). Avant d’entreprendre ce grand écart entre cinéma indépendant et superproduction en animation 3D, sa «première réaction», dit-il, «a été que ce film n’était pas pour moi». «Ce n’est qu’en lisant le script que j’ai réalisé (qu’il) y avait tant de thèmes, tant de dynamiques entre les personnages (…) qui étaient directement liés à tout ce que j’avais déjà exploré.»

D’un point de vue technique, cette première expérience dans l’animation virtuelle a été «très amusante», glisse Barry Jenkins, qui dit s’être longtemps senti «handicapé» en tant qu’étudiant en cinéma puis jeune réalisateur, du fait qu’il était issu «d’un quartier très pauvre». En travaillant «à partir de rien», l’expérience Disney, basée sur «notre imagination», lui a fait se sentir «comme un enfant dans un magasin de bonbons».

Au fil du travail sur le film, le cinéaste de 45 ans a remarqué les «similitudes» entre ses combats et ceux de Mufasa, dont son film raconte l’enfance. À commencer par le lien qui l’unit à ses proches collaborateurs depuis 25 ans, qui ont «changé (sa) vie». «Mufasa fait la même chose (…) Il a été séparé de sa famille et il a construit sa propre nouvelle famille pour devenir le grand roi (qu’on) connaît. J’ai trouvé cela très inspirant. Je ne suis pas un roi. (…) Mais j’ai trouvé un moyen de construire une vie avec cette sorte de famille que j’ai construite moi-même.»

Mufasa : The Lion King, de Barry Jenkins. Sortie mercredi.