Avec Le confessioni, le réalisateur italien Roberto Andò met en images un thriller économico-politique. Un moine, un expert financier, des politiciens pour une plongée dans le monde des secrets.
« La politique, depuis toujours, m’intéresse. Surtout son évolution et sa faiblesse. Et c’est ça qui donne envie de raconter des histoires autour des hommes politiques », confie Roberto Andò. À 57 ans, écrivain, scénariste et réalisateur, il présente son nouveau film, Le confessioni . Il dit aussi : « Dans mon nouveau film, ce sont plutôt des économistes qui sont appelés par la politique à faire leur travail.
L’économie est aussi quelque chose de bien étrange, une sorte de théologie. En même temps, il y a le même problème, celui de l’illusion. Ce sont des jouets de prestige. C’est comme l’homme suspendu qu’on voit au début de Le confessioni . On voit qu’il y a un truc, mais on ne comprend pas où il se cache .»
Résumé : Le confessioni , c’est un luxueux hôtel, des politiciens sur le point d’approuver un plan mortel, un moine, un expert financier suicidaire, une confession… Plus en détails, on ajoutera qu’à l’occasion d’un sommet de chefs d’État destiné à éradiquer définitivement la pauvreté dans le monde, un moine est convoqué par Daniel Roché, président du sommet qui souhaite se confesser.
Mais le lendemain de leur rencontre, Roché est retrouvé mort. Protégé par le secret de la confession, le moine refuse de livrer le contenu de ses entretiens avec Roché, malgré la pression exercée par les autorités…
Roberto Andò ne s’en cache pas : il n’éprouve pas une grande empathie pour ces mondes de la politique et de la finance. Alors, il a filmé une plongée dans le monde des secrets, et propose un focus sur le comportement mafieux de politiciens et de banquiers, opposé à l’humanité d’un moine italien.
Comme un air de Hitchcock
La mise en scène est sobre et efficace, mêlant une inspiration puisée tant chez Agatha Christie que dans le cinéma italien des années 1960-70. Spectateur de Le confessioni , on pense aux mots de saint Augustin : «Le temps est seulement une dimension de l’âme.» On se prend de sympathie pour le moine Salus (impeccablement interprété par Toni Servillo), personnage éminemment respectable qui ne trahira jamais le secret de la confession.
En maître appliqué du suspense et de la fable politique, Roberto Andò déroule un conte métaphysique – malheureusement, on a aussi l’impression que le réalisateur n’a pas su résister au délayage pour ce film en forme d’«euro-pudding» (production italo-franco-britannique, comédiens italiens, français, allemands, danois ou encore québécois…).
Avec ce film en forme de Cluedo financier et moral, Andò (remarqué pour Le Prix du désir – 2004, et Viva la liberta – 2009) l’a dit et répété : il revendique une filiation directe avec I Confess , un des chefs-d’œuvre d’Alfred Hitchcock. Ça peut se comprendre, dans Le confessioni , le réalisateur propose au spectateur une dizaine de coupables potentiels (dont un chanteur «engagé»!).
À aucun moment, Andò ne joue la carte du réalisme – il a opté pour la farce ludique. Car oui, chez Andò, les politiciens sont des marionnettes, des pantins dont les fils sont tirés par l’idéologie dominante imposée par les marchés financiers, «mafia moderne, intouchable car invisible» – comme les qualifie dans le film le ministre italien des Finances… et c’est ainsi que Le confessioni n’est pas un film politique ni religieux mais tout simplement humaniste…
Serge Bressan
Le confessioni , de Roberto Andò (Italie/France, 1 h 40) avec Toni Servillo, Daniel Auteuil, Pierfrancesco Favino, Moritz Bleibtreu…