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[Cinéma] La success-story de Golo et Ritchie


(photo Apollo Films)

Des blocs de la cité parisienne au grand écran, il n’y a qu’un pas pour les influenceurs Golo et Ritchie. Une aventure humaine qui, dans la lignée d’Un p’tit truc en plus et dans la foulée des Jeux paralympiques, parle d’acceptation et d’ouverture. Rencontre.

Golo et Ritchie n’ont rien du profil type des stars du web : l’un est atteint d’autisme léger, l’autre filme leur amitié depuis des années à la Grande Borne, une des cités les plus pauvres de France. Pourtant, les deux trentenaires sont suivis par près de 1,5 million de personnes sur Snapchat, 700 000 sur Instagram ou encore 500 000 sur Tiktok et, consécration, un film sur leur histoire sorti en salle cet été (mais pas au Luxembourg). «On ne réalise pas, c’est complètement fou ! Passer de Snapchat au cinéma, dans le monde d’internet, ça n’arrive jamais !», s’enthousiasmait Golozer, dit Golo, après la projection en janvier en avant-première du documentaire Golo et Ritchie au festival de l’Alpe d’Huez.

À l’issue de la séance, se rappelle-t-il, «des mères de famille en pleurs» sont allées voir le duo pour «le remercier de la joie qu’on leur apportait». Tous sont attachés aux mimiques de Ritchie, à la bouille ronde et à la personnalité attachante, face aux très nombreuses facéties de son compère. «Ce que j’aime le plus chez lui, ce sont ses réactions magiques! Malgré sa maladie, il est super développé», explique Golo. Depuis leur quartier du Méridien à Grigny (Essonne), ils proposent à leurs abonnés des vidéos quotidiennes remplies d’humour, se mettant en scène en bas des blocs, dans leur Clio, ou au snack avec les potes, mais toujours «au naturel, sans filtre et tout en improvisation».

Pas de moquerie, que de la bienveillance

Après leurs premières vidéos, les avis sont pourtant partagés. «La majorité des personnes ont « kiffé » ce qu’on faisait, ont trouvé ça très drôle, mais d’autres ont pensé que je me moquais de lui», raconte encore Golozer. Il raconte même avoir «dû convaincre sa famille, expliquer qu’il n’y avait aucune moquerie derrière et que tout était bienveillant». Mais très vite, tous sont emportés par la complicité du tandem et soulignent l’évolution positive de Ritchie grâce aux vidéos, qui peu à peu se désinhibe. «Il s’est ouvert aux autres depuis qu’on a commencé : il a pris confiance, il est moins fermé. On voit un changement dans son rapport avec des inconnus», estime Golo, féru de musculation.

 

Celui qu’il considère comme son «frère» a lui exercé dans la préparation de commandes dans une entreprise de carrelage, ou encore dans la menuiserie, la plupart du temps poussé par son proche compère. Rien ne le prédestinait à devenir celui à qui on demande maintenant des selfies dans la rue : «Au début, il trouvait même pénible qu’on le prenne en photo!» À travers leur communauté, ils tentent aussi de sensibiliser à la différence et au handicap. Avec Ritchie, mais aussi auprès d’autres amis du quartier, parfois aussi diagnostiqués autistes, Golo veille à la bonne intégration de chacun.

«À Grigny, si je n’aide pas les gens qui en ont besoin, qui va le faire?», s’interroge-t-il. «On leur parle comme à n’importe qui. C’est ça que l’on doit faire. Ils sont mieux avec nous que dans des centres spécialisés.» Un parcours hors du commun remarqué par le rappeur Booba, dont Ritchie est fan, mais également de nombreux sportifs comme le footballeur Paul Pogba. Il y a deux ans, ils tapent aussi dans l’œil des réalisateurs Ahmed Hamidi et Martin Fougerol, qui repèrent chez eux une «relation fraternelle» et surtout l’occasion «de parler du quartier sans cliché». «Ces deux garçons mettent tout le monde par terre par leur gentillesse et leur amour», affirment-ils.

Après la France, le tour du monde ?

Renvoyé de son centre éducatif, Ritchie se voit alors proposer un défi par Golo : quitter le quartier et parcourir la France en tandem, de Marseille à Grigny, pour «pédaler dans la même direction». «On leur a dit : « on veut montrer les gens simples qui représentent 99,99 % des gens des quartiers »», explique Martin Fougerol. «Votre quartier, vous l’avez filmé dans tous les sens, maintenant on va à l’autre bout de la France vivre une aventure.» Le résultat est étonnant, voire émouvant, et le public, nombreux en salles, ne s’est pas trompé (le documentaire, sorti mi-août, a attiré 127 000 spectateurs en seulement une petite semaine).

Sur leur tandem, ils gravissent le mont Ventoux sous une pluie battante, dorment dans une ferme ou encore dans un centre social. On voyage avec eux en partageant leurs doutes, leurs souffrances physiques mais surtout leur amitié sans faille. «Depuis le film, Golo et Ritchie, ça ne fait plus qu’un. Tout va être encore plus fort!», prédit-il encore. Pour le duo, qui parle là d’une «consécration», pas question pour autant de s’arrêter : «On peut toujours faire mieux. Après le tour de France, pourquoi pas le tour du monde?»

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