Deux films d’auteurs très forts, tournés en Lorraine, sortent bientôt au cinéma : Une Enfance (23 septembre), tourné à Dombasle par Philippe Claudel, et La Volante (2 septembre) avec Nathalie Baye, filmé à Metz. Ils exploitent différemment les décors régionaux.
La Lorraine crève l’écran. Deux films aux scénarios très forts, tournés dans la région, sortent cette semaine en avant-première dans la région. Bien que de genres très différents, ils ont en commun la dureté de l’atmosphère qui les rythme de bout en bout. Un drame et un thriller, du cinéma d’auteurs, la Lorraine ne tient pas encore son film carte-postale ou régionaliste susceptible de déclencher l’arrivage de hordes de touristes. Façon Amélie Poulain ou les Ch’tis. Aucun des deux ne se prévaut d’ailleurs à l’écran d’un quelconque ancrage géographique.
Claudel, adepte de tournages en Lorraine
Avec Une Enfance (sortie officielle le 23 septembre), Philippe Claudel fait pourtant tout pour sublimer Dombasle-sur-Meurthe. Comme en témoigne la très esthétique affiche du film, où s’étale le décor industriel surréaliste et… poétique offert par l’usine Solvay.
Adeptes de tournages dans cette Lorraine qu’il aime tant – il en est à son troisième – l’écrivain-réalisateur a posé cette fois ses caméras pendant six semaines dans sa propre ville. Celle où il est né, a grandi et vit encore. « J’avais vraiment envie de la cadrer. De montrer ce qu’un décor ingrat peut receler de beauté », confie le cinéaste. Cette ville singulière, mi-industrielle, mi-campagnarde, possède effectivement une vraie gueule de cinéma.
Sur fond de chômage, d’alcool et de drogue, Claudel y filme un drame social. A l’ombre imposante de cette usine fabricant du carbonate de soude. Et entre les briques rouges de la cité ouvrière détruite juste après le tournage et les maisons bourgeoises qui lui font face. Avec l’histoire de Jimmy, un enfant de 13 ans que les circonstances forcent à devenir trop vite adulte, entre une mère à la dérive et un beau-père qui la tient sous sa coupe, le Lorrain signe son film le plus personnel : « Pas par l’histoire. Je n’ai pas eu cette enfance-là, aussi dure. Mais les lieux choisis, la langue, l’accent, les dialogues, il est d’une façon directe ou indirecte question de moi, tout le temps et partout. »
Le tournage s’est poursuivi en Belgique et au Luxembourg
Dans La Volante (sortie officielle le 2 septembre) , tourné à Metz pendant une semaine en octobre dernier, le décor joue un rôle plus anecdotique. « Ce n’est pas un film où la région est actrice. Nous avions envie de le tourner en province pour que tout le monde s’y reconnaisse.
Cela s’est fait à Metz, par le hasard des financements régionaux, l’engouement qu’a suscité notre projet auprès du bureau des tournages et la proximité de la Belgique et du Luxembourg, où s’est poursuivi le tournage », explique l’un des deux réalisateurs, Nicolas Bonilauri. Les Messins se retrouveront tout de même dans l’histoire de Marie-France, qui devient la secrétaire d’un homme qui a tué accidentellement son fils, alors qu’il accompagnait sa femme à la maternité pour accoucher.
Plusieurs scènes clés se déroulent dans des lieux connus. Comme l’ex-librairie Geronimo (théâtre d’une scène macabre), La Cigale, café au carrefour de Sainte-Thérèse rebaptisé pour l’occasion le Sans Souci, le majestueux escalier de l’hôtel de ville où se déroule la photo de famille d’après mariage, ou l’hôpital Sainte-Blandine, où sont filmées les premières scènes. Pas de quoi dépayser les Lorrains.
Philippe Marque (Le Républicain lorrain)
Avant-première au cinéma Le Palace de Metz de La Volante ce mercredi soir à 20h15 avec les deux réalisateurs et Nathalie Baye, et d’Une Enfance ce vendredi 28 août à 20h15.