C’est le blockbuster de ce printemps : le réalisateur Christopher McQuarrie remet en selle le héros Ethan Hunt dans ce qui est annoncé comme le dernier volet de la saga Mission : Impossible. Accrochez vous ceintures!
Après avoir conduit son héros aux quatre coins de la planète, c’est à Cannes que Tom Cruise a mis un point présenté comme final à Mission : Impossible, en présentant le huitième volet d’une saga aux millions de fans. Mission: Impossible – The Final Reckoning a en effet été décrit par ses producteurs comme l’ultime volet de cette franchise très rémunératrice, portée sur grand écran par Brian De Palma en 1996.
Tom Cruise le trompe-la-mort a-t-il donc définitivement enterré Ethan Hunt? Mercredi, à l’issue d’une projection – en première mondiale – d’une durée d’un peu moins de trois heures au Palais des Festivals, le doute reste permis.
Dans le film, tourné principalement en Grande-Bretagne et en Afrique du Sud, et qui sort en salle dans le monde entier la semaine prochaine, le héros poursuit sa lutte contre une impitoyable intelligence artificielle, appelée l’Entité, qui cherche à anéantir l’humanité en prenant le contrôle des principaux arsenaux nucléaires.
Le public a son lot de scènes d’action mais seulement au bout d’une heure, au terme de longues scènes introductives – un comble pour une série qui mise tout sur les cascades les plus folles, garanties sans trucage, de Tom Cruise.
Cascades mémorables
Au rayon des nouveautés, dans cet opus écrit et tourné avant la réélection de Donald Trump, une Afro-américaine a été élue présidente des États-Unis, en la personne de l’ancienne directrice de la CIA Erika Sloane, jouée par Angela Bassett.
Et intelligence artificielle mise à part, les ennemis restent les Russes. Visuellement, le précédent opus, Dead Reckoning (2023), avait mis la barre haut, avec de mémorables scènes de combat dans un train chutant dans le vide ou un vertigineux saut à moto depuis une falaise. The Final Reckoning relève le gant et propose une plongée dans une épave de sous-marin gisant au fond des abysses et un combat aérien à bord de bimoteurs.
De film en film, les cascades sont devenues «de plus en plus folles», a retracé l’acteur de 62 ans à Cannes. «Les gens peuvent avoir peur de l’inconnu, ça n’a jamais été mon cas. Qu’est-ce que je ressens face à la peur ? Je me dis : « ouh, c’est stimulant »», a-t-il plastronné.
La franchise dure «depuis trente ans. C’est le premier film que j’ai officiellement produit et ça signifie tellement pour moi», s’est aussi souvenu Tom Cruise. «On s’est beaucoup amusés à la faire et l’aboutissement intervient maintenant», a-t-il ajouté, aux côtés du réalisateur des derniers films, Christopher McQuarrie.
Ce dernier s’est ainsi fait un plaisir de détailler les coulisses du film, sous l’œil amusé de l’acteur avec qui il a collaboré sur onze long-métrages. Le réalisateur est notamment revenu sur cette incroyable scène aérienne, représentée sur l’affiche.
Pour celle-ci, l’acteur a dû sortir du cockpit avec «un vent qui vous balaye à 230 km/h en raison de l’hélice. Les molécules dans l’air sont si dispersées que vous respirez, certes, mais vous n’emmagasinez aucun oxygène», précise le cinéaste devant une salle comble et captivée.
Manque d’oxygène
Il poursuit : «On sait qu’au bout de douze minutes, la fatigue causée par le vent affaiblit son corps entier, au point que c’est comme s’il venait de passer deux heures à la salle de gym».
Au bout du délai, alors que, depuis son hélicoptère, Christopher McQuarrie lui fait signe de couper, Tom Cruise demande à poursuivre la scène. «Il s’est poussé à un point d’épuisement tellement extrême qu’il n’arrivait plus à se relever sur l’aile», s’est-il rappelé. Lui et son équipe guettent un signe de l’acteur, mais ce dernier «reste allongé» les bras ballants.
C’est à ce moment que le pilote du biplan annonce qu’il ne lui reste que trois minutes de gasoil. Tom Cruise, lui, est sur l’aile «depuis 22 minutes» et l’avion ne peut atterrir dans ces conditions, selon le réalisateur. «On l’a alors vu se relever et mettre sa tête dans le cockpit pour ré-oxygéner son corps et grimper à l’intérieur», a-t-il ajouté, avant de conclure : «Personne sur terre ne peut faire ça à part Tom Cruise!».
«Est-ce que je tournerais une séquence comme ça avec quelqu’un d’autre ?», s’est interrogé Christopher McQuarrie. «Je n’aurais sûrement pas les moyens de tourner une telle scène!», s’est-il amusé. La star américaine est, en effet, l’une des dernières à Hollywood capables d’attirer des millions de spectateurs sur son nom.
Test grandeur nature
Le réalisateur a également détaillé les coulisses d’une autre scène du dernier Mission : Impossible, lors de laquelle son héros doit plonger dans les profondeurs pour pénétrer dans un sous-marin. «Quand vous le regardez à l’intérieur d’une pièce à moitié submergée qui tourne sur elle-même et qui est logée à l’intérieur d’un câble en acier de 18 mètres de diamètre, de 1 000 tonnes, tournant à 360 degrés et entièrement submersible, vous nous regardez en réalité en train de tester l’installation», a insisté Christopher McQuarrie.
L’équipe avait bien fabriqué une maquette miniature avec une petite figurine dedans, mais «on l’a fait tourner une fois. Ça a brisé la petite figurine en plastique…».
Quand l’installation a été terminée et la rotation enclenchée, «nous avons été choqués de découvrir que rien de ce à quoi nous pensions physiquement n’avait été anticipé». «On s’est alors dit : « qu’est-ce qu’on va faire avec cet environnement? » C’est la séquence que vous verrez dans le film… avec Tom Cruise au milieu», a-t-il conclu.
Mission : Impossible – The Final Reckoning, de Christopher McQuarrie. Avant-premières à partir de samedi (Kinepolis Kirchberg & Belval).
Cinq choses à savoir sur Mission : Impossible
De la télévision au cinéma
La saga mondiale est l’héritière de la série télévisée américaine éponyme diffusée entre 1966 et 1973. Après le flop de Mission : Impossible, 20 ans après, qui essaie de faire revivre l’aventure entre 1988 et 1990, c’est au cinéma qu’elle renaît en 1996 avec pour trait d’union le personnage de Jim Phelps, chef de l’IMF (Impossible Missions Force), incarné par Peter Graves qui refuse de reprendre le rôle de ce héros passé du côté obscur de la force.
C’est l’acteur devenu maître en rôles de salopards, Jon Voight, qui s’y colle face à Tom Cruise, alias Ethan Hunt. Outre la musique originelle de Lalo Schifrin est reprise la désormais célèbre formule «Votre mission, si toutefois vous l’acceptez…», suivie de «Ce message s’auto-détruira dans cinq secondes», les emblèmes de la saga.
Tom Cruise en majesté
De 1996 à 2025, Tom Cruise est l’incarnation des huit opus de la franchise. Si la série télévisée se base sur un travail d’équipe, la saga repose quasi uniquement sur les exploits d’Ethan Hunt. Pour le comédien, qui donne le la et mène d’une main de fer Mission: Impossible, c’est le début du contrôle total de son image et de sa carrière. Le premier opus est aussi le premier film de sa boîte de production Cruise/Wagner.
Réalisateurs courus
La série reprend les codes du film d’espionnage pour mieux les tordre. Chacun des réalisateurs y mettra sa patte, ce qui fait d’ailleurs la force de la saga. Dès le premier film, Brian De Palma signe une œuvre pleine de suspense et d’adrénaline.
Il y a ensuite John Woo, moins heureux en réalisant le seul opus considéré comme raté, même s’il fait un tabac en salles. Leur succèdent J. J. Abrams, Brad Bird et Christopher McQuarrie, scénariste d’Usual Suspects, devenu le chef d’orchestre unique depuis 2015, avec quatre films à son actif.
Les ingrédients du succès
La franchise est fortement axée sur le spectaculaire et le visuel. Peur du vertige s’abstenir et sensations fortes garanties… Les cascades les plus folles s’enchaînent à un rythme endiablé. Tom Cruise – qui a peu recours aux doublures – court, fonce à moto, saute entre les buildings, fait des acrobaties sur le toit du train Eurostar entre Paris et Londres, s’accroche à un Airbus A440 en plein décollage, grimpe une falaise à mains nues ou gravit à Dubaï le Burj Khalifa, le plus haut gratte-ciel du monde…
La scène de la chambre forte dans le premier opus reste un sommet de tension quasiment inégalé. Mission: Impossible, c’est aussi la saga qui emmène le spectateur aux quatre coins du monde : les États-Unis bien sûr, l’Europe beaucoup (de la France à l’Ukraine et la Russie en passant par le Royaume-Uni, la Hongrie, l’Autriche, le Vatican…), mais aussi l’Australie, Cuba, la Chine, l’Inde, les Émirats arabes unis, le Maroc, un glacier du Cachemire, la mer de Béring…
Money, money, money…
La saga, succès tant commercial que critique, coûte très cher mais est aussi très rentable. Budget total : environ 1,5 milliard de dollars. Si le premier opus ne coûtait «que» 80 millions, le budget du dernier explose, avec un coût estimé à 400 millions !
Avant la sortie de ce huitième épisode, la saga a déjà rapporté, en 30 ans, près de 4 milliards de dollars dans le monde. Si Tom Cruise fait encore (un peu) planer le doute, tout laisse penser que The Final Reckoning sera le point final.
Comme cette bande-annonce filmée en forme d’adieu, avec des extraits des cascades les plus emblématiques depuis 1996.