Ça y est? La polémique est passée? Les appels à l’interdiction du film sont de l’histoire ancienne? On peut recommencer à parler de cinéma? Enfin! Parce que ce J’accuse signé Roman Polanski est un sacré bon film!
Historique, respectueux des faits, des personnages et de l’époque, pédagogique, sans pour autant délaisser l’aspect cinématographique, la direction d’acteurs, les décors, les costumes, la photographie, le rythme… Rien d’étonnant que ce J’accuse ait remporté le Grand Prix du jury et le prix FIPRESCI à la Mostra de Venise.
J’accuse a ceci en commun avec le Titanic de James Cameron que, à moins d’être un ignare absolu n’ayant jamais écouté le moindre cours d’histoire, le spectateur sait d’avance ce qui va se passer dans le film, son récit, sa fin, etc. Car oui, l’histoire de l’affaire Dreyfus, ce capitaine juif condamné injustement pour trahison en cette fin de XIXe siècle, se trouve dans tous les livres d’histoire.
Tout le challenge du cinéaste est, alors, de tenir le spectateur en haleine avec les autres moyens à sa disposition, avec des choix forts et pertinents. Ici, le principal coup de génie de Polanski, est sans aucun doute de raconter cette histoire longue de douze ans et qui a divisé la France entière, du point de vue du colonel Picquart. Un militaire de carrière qui malgré son antisémitisme assumé – plutôt habituel à l’époque – une fois à la tête du contre-espionnage, et ayant découvert que tout le procès avait été faussé, va mettre sa carrière et sa vie en jeu, pas tant pour faire libérer Dreyfus, pour qui il n’a pas une grande estime, mais pour faire triompher la vérité et redorer l’image de l’armée.
C’est lui, sa vie, ses errements, ses contradictions, ses conflits intérieurs, ses batailles, ses amours… que le spectateur va suivre tout au long du film. Un personnage complexe et finalement passionnant porté magnifiquement par un Jean Dujardin qui rappelle là qu’il n’a pas obtenu un Oscar par hasard. Face à lui, Louis Garrel en Dreyfus et Grégory Gadebois en commandant Henry offrent des performances du même acabit.
Pablo Chimienti