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[Cinéma] «Inside Out 2», concentré d’émotion(s)


Anxiété, Ennui, Embarras et Envie rejoignent les personnages du premier film. «Je voulais que les vieilles émotions soient intimidées par le savoir-faire et les connaissances des nouvelles», explique Kelsey Mann, le réalisateur.

Adolescente dans Inside Out 2, Riley découvre avec la puberté de nouvelles émotions. Et le succès certain du film augure du bon pour les studios Disney et Pixar, tous deux en difficulté.

Très attendue, la suite du blockbuster Disney-Pixar Inside Out (Pete Docter et Ronnie Del Carmen, 2015), consacrée aux affres de l’adolescence de son héroïne, Riley, a fait vendredi une entrée fracassante au box-office nord-américain, raflant 155 millions de dollars dès le week-end de sa sortie. Pour en arriver là, il a fallu quatre ans de travail, «dix versions différentes», 400 professionnels mobilisés, dont 150 animateurs, soit «la plus grosse équipe d’animation jamais réunie par Pixar en 28 films», confie le producteur Mark Nielsen.

Le réalisateur, Kelsey Mann, voulait «de nouvelles émotions, plus sophistiquées» pour accompagner Riley dans son adolescence, période qu’il a lui-même traversée «avec difficulté, comme beaucoup». Dans le premier film, Joie, Tristesse, Colère, Peur et Dégoût se disputaient l’enfance de la petite Américaine. Avec la puberté, Anxiété, Ennui, Embarras et Envie bouleversent sa vie. «Je voulais que les vieilles émotions soient intimidées par le savoir-faire et les connaissances des nouvelles émotions», explique le réalisateur. Pour déstabiliser l’omniprésente Joie, il a imaginé Ennui comme «l’émotion la plus cool», blasée de tout, vautrée sur un divan et dotée d’un accent français porté par Adèle Exarchopoulos. Mais c’est Anxiété, survoltée et orange, qui prend le contrôle de la console mentale de Riley.

Nous nous amusons beaucoup avec nos personnages, mais nous voulons rester au plus près des vraies émotions

Comme pour le précédent volet, Pixar a fait appel à des experts en psychologie. «Ce n’est pas un documentaire ni un film scientifique, c’est une animation et nous nous amusons beaucoup avec nos personnages, mais en même temps, nous voulons rester au plus près des vraies émotions dans leur façon d’agir et de réagir», explique Mark Nielsen, bien parti pour réitérer le succès du long métrage qui a décroché l’Oscar du meilleur film d’animation en 2016. Une avant-première européenne exceptionnelle, samedi, à quelques heures de la clôture du festival international du Film d’animation d’Annecy, a d’ailleurs été saluée par une salve d’applaudissements dans une grande salle bondée d’un public jeune, averti et souvent prompt à la critique.

Chasse aux coûts

Disney, qui traverse une période financière compliquée, a sorti l’artillerie lourde la semaine dernière à Annecy, avec, en plus de la projection d’Inside Out 2, la diffusion des premières images de Moana 2 ou encore la diffusion d’un nouveau court métrage sur Donald Duck réalisé par Mark Henn, animateur vétéran chez Disney avec 43 ans de carrière derrière lui (The Little Mermaid, Mulan, Pocahontas, Aladdin, The Lion King…). Ce dernier en a profité pour tenter de décrypter le succès d’un film Disney : «L’histoire est un facteur clef, je sais à quel point on travaille dur pour parvenir au plus réussi possible (…). Mais sinon, je n’ai pas de réponse… Si on savait, on saurait quoi éviter.»

Alors que le studio aux grandes oreilles fêtait ses 100 ans l’année dernière, il s’est lancé dans une chasse aux coûts tous azimuts, avec le retour aux commandes de son ancien patron, Bob Iger, entraînant le licenciement de plus de 8 000 personnes, principalement dans ses branches média, dont Disney+. Sur le deuxième trimestre de son exercice décalé, le groupe a annoncé que, pour la première fois, son service de streaming générait des bénéfices, après n’avoir connu que des pertes depuis son lancement en 2019. Son bénéfice net est cependant tombé à 216 millions de dollars, contre 1,5 milliard sur la même période en 2023, principalement du fait de la dépréciation d’actifs et malgré une progression de son chiffre d’affaires.

Retour aux films

Quant à Pixar, ce ne sont pas moins de 14 % de ses salariés qui ont été licenciés fin mai, soit environ 175 personnes. La raison? Le président de la filiale de Disney, Jim Morris, avait expliqué que le studio souhaitait «se concentrer à nouveau sur les films». Et d’annoncer au passage abandonner la production de contenus pour Disney+, dont Pixar avait été, depuis son lancement en 2020, l’un des piliers en termes de création de contenus (avec des séries qui prolongent les univers des films comme Cars ou Up).

Pixar, longtemps intouchable dans la galaxie Disney, s’est retrouvé en difficulté après les échecs de Lightyear (2022) et Elemental (2023). Inside Out 2 devrait ainsi renouer avec le succès et le prestige régulièrement associés au studio, avant d’assurer cela avec les sorties de Moana 2 en novembre et d’Elio, histoire d’un petit garçon en mal d’intégration dans son école qui se retrouve ambassadeur de la Terre auprès de civilisations extraterrestres, en 2025.