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[Cinéma] Il était une fois Disney !


«Sur les 543 personnages du film, environ 450 sont dessinés à la main», au crayon sur du papier, indique le dessinateur Eric Goldberg. (Photo Walt Disney Studios)

La marque aux grandes oreilles célèbre cette semaine son centenaire avec un court métrage inédit, le tout sur fond de turbulences.

Intitulée Il était une fois un studio, cette œuvre drôle et touchante de neuf minutes mêlant images numériques, dessins à la main et prises de vues réelles vient compléter le catalogue de la plateforme Disney+, quatre mois après avoir été acclamée au Festival d’animation d’Annecy. Fruit de deux ans de travail, elle montre 543 personnages, issus de 85 longs et courts métrages, sortir des tableaux affichés dans les couloirs des locaux américains du groupe où ils se rassemblent pour une photo de famille après le départ des salariés.

«C’était comme faire le plus grand puzzle de votre vie», résume Trent Corey, coréalisateur de cette prouesse artistique et technologique qui a mobilisé plus d’une centaine de personnes, ainsi que d’anciens animateurs et 40 comédiens revenus spécialement pour l’occasion. «Nous voulions que tous les personnages ressemblent et aient exactement la même voix que dans leurs films d’origine», ajoute le cocréateur Dan Abraham, qui s’est aussi appuyé sur un enregistrement inédit de Robin Williams, l’interprète du Génie d’Aladdin en anglais, décédé en 2014.

Quelques dates importantes

1923  Walt Elias Disney rejoint son frère Roy à Hollywood. Ils fondent un studio dans un garage.

1928 Première apparition de Mickey Mouse dans Steamboat Willie. D’abord baptisée Mortimer, la souris trouvera son nom définitif grâce à Lilly, l’épouse de Walt Disney.

1937 Premier long métrage en couleur de Disney, Blanche-Neige et les sept nains qui obtient un Oscar d’honneur l’année suivante.

1955 Le groupe Disney ouvre en  juillet un parc d’attractions à Anaheim (Californie), premier d’une longue série.

1966 Walt Disney meurt à 65 ans. Il détient le record d’Oscars (22) obtenus de son vivant. Son frère Roy dirige pendant cinq ans le groupe qui se fragilise ensuite.

1984  Michael Eisner prend la direction du groupe qu’il transforme, en 21 ans de gouvernance, en puissante multinationale de médias (avec les rachats d’ABC, ESPN, Miramax…) et de loisirs (et ses multiples produits dérivés), multipliant les ventes par trente.

2006 Disney se relance dans l’animation avec le rachat de Pixar pour 7,4 milliards de dollars. Il rachète ensuite Marvel en 2009 pour 4 milliards de dollars, puis Lucasfilm en 2012 pour 4,05 milliards de dollars.

2019 Pour concurrencer Netflix, le groupe lance Disney+, un service de vidéo à la demande qui propose les films et séries Disney, Marvel, LucasFilm et le catalogue de 21st Century Fox.

Du crayon et du papier

De quoi redonner ses lettres de noblesse à l’animation traditionnelle, définitivement remplacée par la 3D depuis Winnie l’Ourson en 2011. «Sur les 543 personnages du film, environ 450 sont dessinés à la main», au crayon sur du papier, indique le dessinateur Eric Goldberg (Aladdin, Pocahontas). Le film rend aussi hommage aux 70 ans de maison de l’animateur Burny Mattinson, décédé en février, comme au compositeur de Mary Poppins, Richard Sherman qui, à 94 ans, a revisité le titre préféré de Walt Disney, «Nourrir les p’tits oiseaux». «Tout le monde voulait en être!», assure Dan Abraham.

Avec un peu de chance, cela continuera pendant encore 100 ans !

Concerts, expositions… Le géant du divertissement multiplie les célébrations pour son centenaire, dont le point d’orgue sera la sortie en salles en novembre du film Wish, inspiré des classiques Disney.  Mais la sortie du court métrage coïncide avec la date considérée comme fondatrice de la Walt Disney Company. C’est le 16 octobre 1923 que Walt Disney et son frère Roy – qui ont démarré les Disney Brothers Studios dans un garage – ont signé un contrat de distribution déterminant pour leurs Alice Comedies, des courts métrages suivant une petite fille en chair et en os dans un monde animé.

Le personnage de Mickey n’est lui survenu qu’en 1928, en réponse à la mainmise d’Universal sur les droits de son prédécesseur, Oswald le lapin chanceux, tombé dans l’oubli. «C’est vraiment 100 années où on se retourne et on dit merci aux personnes avec qui on a travaillé et à nos fans», insiste la présidente France de Disney, Hélène Etzi, rappelant que l’empire du divertissement s’est installé dans l’Hexagone dès 1934 avec le Journal de Mickey.

Racisme, misogynie et «wokisme»

Reste que l’entreprise californienne, qui a mis le grappin au XXIe siècle sur Pixar, Star Wars et Marvel, traverse une période agitée. Confrontée à la baisse du nombre d’abonnés à Disney+, la firme aux grandes oreilles a notamment entrepris de supprimer 7 000 postes pour faire des économies, tandis que se poursuit la grève historique des acteurs à Hollywood.

Anti-syndicaliste farouche, régulièrement taxé de racisme ou encore de misogynie, l’emblématique fondateur du groupe éponyme a perdu de sa superbe, même si certains détracteurs critiquent désormais les positions progressistes («woke») de la marque, qui a notamment choisi une actrice noire pour son remake de la Petite sirène. Dans tous les cas, «les films Disney trouvent une résonance chez tout le monde», estime Eric Goldberg, soulignant qu’ils sont souvent les premiers vus dans l’enfance au cinéma. «Leurs personnages et leurs histoires ont donné beaucoup de joie et d’espoir», dit-il avant d’ajouter : «Avec un peu de chance, cela continuera pendant encore 100 ans!»

Cinq choses insolites à savoir

Les Beatles absents du Livre de la Jungle

Si l’apparence des vautours du Livre de la Jungle (1967) rappelle les Beatles, ça n’est pas pour rien ! Disney a tenté de les enrôler pour les doubler. Sans succès. La rumeur évoque des problèmes d’agenda ou un veto catégorique de John Lennon.

Des héroïnes pas bavardes

Deux linguistes, Carmen Fought et Karen Eisenhauer, ont comptabilisé le temps de parole des princesses de Disney. Dans les classiques Blanche-Neige (1937), Cendrillon (1950) et La Belle au bois dormant (1959), les femmes ont autant, si ce n’est plus, la parole que les hommes. C’est beaucoup moins dans les années 1990-2000. Une preuve définitive ? Dans La Reine des Neiges (2013), dont les héroïnes sont pourtant deux soeurs, les hommes ont 59 % du temps de parole. La faute, dit-on, des personnages secondaires, essentiellement masculins.

Jackie Chan, voix de la Bête

Célèbre pour ses films d’action, sa maîtrise des arts martiaux et ses cascades, Jackie Chan a d’autres cordes à son arc. Le chant notamment. L’acteur chinois a ainsi prêté sa voix au héros de La Belle et la Bête (1991) dans sa version en mandarin. Il a ensuite doublé un autre héros, Li Shang, dans Mulan (1998).

Dessins animés mortels

Le décès de la mère de Bambi (1942) ou de Mufasa, le père de Simba dans Le Roi lion (1994) ont fait pleurer des générations d’enfants. La mort est omniprésente chez Disney. Plusieurs forums de discussion ont même établi le classement des plus meurtriers. La palme revient au film d’animation Dinosaure (2002), avec un total évalué à 307 143 morts, soit l’équivalent de la population de lémuriens sur l’île de Madagascar, à l’exception d’une famille. Dans Le Roi lion, outre les cinq morts portées à l’écran, le total des décès est estimé à 1 655 pendant les cinq ans du règne du méchant Scar et de ses hyènes sur la Terre des lions.

Images subliminales

Sans qu’on sache quand ou comment, une femme au torse nu s’est glissée à la fenêtre d’un gratte-ciel dans les cassettes vidéo des Aventures de Bernard et Bianca (1977), rappelées par Disney en 1999 parce qu’elles contenaient une «image d’arrière-plan choquante». Des doutes entourent aussi l’affiche du Roi lion, sur laquelle certains croient voir une femme de dos dans le visage du lion. D’autres pensent lire le mot «sex» (sexe en anglais) dans le ciel pendant le film.