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[Cinéma] Gros muscles et cœurs brisés


Avec Adèle Exarchopoulos et François Civil en amants séparés par la vie, L’Amour ouf mélange les genres cinématographiques et les humeurs dans une grande (et longue) valse des sentiments.

Une grande fresque «musicale et violente» sur presque trois heures. Après son triomphe avec Le Grand Bain, Gilles Lellouche explore la passion amoureuse dans L’Amour ouf. Se déroulant dans les années 1980 dans le nord de la France, le film raconte l’histoire d’amour entre Jackie et Clotaire dans une «valse des genres», entre le «film de voyous, de gangsters, de revanche mais aussi le film de teenagers» et surtout «le film que j’avais envie de voir», glisse le réalisateur, interrogé au printemps au festival de Cannes, où il était en lice pour la Palme d’or.

Jackie étudie et vit seule avec son père depuis le décès de sa mère quand Clotaire, issue d’une famille nombreuse d’un milieu populaire, traîne. Leurs destins se croisent et c’est rapidement l’amour fou. La vie s’efforcera de les séparer mais ces deux-là sont comme les deux ventricules du même cœur, nous livre le synopsis. Le film, adapté du roman irlandais éponyme de Neville Thompson, réunit à l’écran deux chouchous du public, François Civil et Adèle Exarchopoulos, mais également un duo de nouveaux venus, Malik Frikah et Mallory Wanecque, qui incarne avec fougue le couple adolescent.

Besoin d’amour

Gilles Lellouche a découvert le livre grâce à Benoît Poelvoorde «il y a 17 ans» et a décidé d’en faire un film. «J’avais envie de faire quelque chose qui soit un tout petit peu dénué de cynisme» avec «de grands mouvements lyriques contrariés par de grands mouvements de violence comme un battement de cœur, la chair et le sang», a confié l’acteur-réalisateur sur la Croisette, précisant d’emblée : «Ce n’est pas une comédie musicale» même si la musique est un personnage à part entière et que le collectif La Horde chorégraphie une scène de danse.

C’est le film d’une génération, j’espère

Pour Adèle Exarchopoulos, récompensée d’une Palme d’or en 2013 pour La Vie d’Adèle, «c’est courageux d’aimer tout court aujourd’hui. On en a besoin». Si le couple Civil-Exarchopoulos fonctionne parfaitement à l’écran, l’amour charnel n’y figure pas : «Je trouve le choix intelligent», juge l’actrice parce que ça «parle du poids des mots, à quel point votre nature peut évoluer en fonction de l’amour que l’on vous porte, des épreuves que vous traversez».  Gilles Lellouche explique aussi avoir «filmé une scène» mais l’avoir finalement enlevée, estimant que ça «n’avait pas beaucoup d’intérêt». «Il va y avoir une version longue donc peut-être qu’elle y sera», révèle l’actrice, même si celle qui a été tournée était «pudique», dit-elle.

Casting XXL

Adèle Exarchopoulos affirme avoir été séduite immédiatement par le scénario. «C’était presque physique, j’ai eu tout de suite envie d’aimer», dit-elle estimant que c’est pour ça «que le cinéma peut être nécessaire. Ça vous révèle quelque chose à vous-même, ça bouscule vos certitudes et surtout, vous vous sentez vivant!», s’est-elle enthousiasmée. Pour Malik Frikah, qui livre une interprétation convaincante du jeune Clotaire, entre malice et colère qui déborde, «ça va faire du bien à la nouvelle génération».

«Ça faisait longtemps qu’il n’y avait pas eu de film qui prône autant l’amour chez les jeunes», témoigne encore le jeune acteur. «C’est le film d’une génération, j’espère», prévoit, quant à elle, Mallory Wanecque, qui joue la jeune Jackie dans ce film au casting XXL, réunissant Élodie Bouchez, Alain Chabat, Benoît Poelvoorde, Vincent Lacoste, Jean-Pascal Zadi et Raphaël Quenard. De son côté, Gilles Lellouche, l’un des visages les plus familiers du cinéma français, jouant les gros bras dans des polars (BAC Nord) comme le bon pote (Les Petits Mouchoirs), quitte le devant de l’écran et espère le même succès que pour Le Grand Bain (4,2 millions de spectateurs en France en 2018).