Adapté de la fameuse série de jeux vidéo, le film Gran Turismo est aussi basé sur la vie inhabituelle de Jann Mardenborough. Itinéraire d’un «gamer» devenu pilote.
Souvent, les gens me demandent comment j’en suis arrivé là, mais, dès que je commence à leur raconter, je vois qu’ils ne comprennent pas. Maintenant, je leur dirai : « Regardez les 45 premières minutes de Gran Turismo, vous verrez qu’elles sont très parlantes »», garantit Jann Mardenborough. Troquer son baquet de «gamer» pour celui de pilote de course «n’a rien d’habituel», convient le Britannique de 31 ans, dont le parcours de vie a inspiré les scénaristes du film réalisé par Neill Blomkamp, en salles aujourd’hui.
Loin du profil type des paddocks des courses automobiles, son histoire commence à l’aube des années 2010. C’est en participant à la GT Academy, un concours annuel ouvert de 2008 à 2016 aux joueurs du jeu vidéo Gran Turismo, que ce fils d’un ancien joueur de foot se fait remarquer. Il a alors 19 ans. «C’était une chance pour moi de devenir pilote», se souvient Jann Mardenborough, incarné à l’écran par l’acteur britannique Archie Madekwe. «Mon idée n’a jamais été de gagner, je voulais juste voir ce que je valais face aux autres.»
Le jeune homme franchira toutes les étapes jusqu’à la finale européenne, sur le légendaire circuit anglais de Silverstone, en 2011, où il prendra le meilleur sur ses concurrents parmi 90 000 joueurs au départ. À la clé : le début d’une carrière professionnelle de pilote.
«J’ai su que je voulais être pilote de course»
Cette passion pour les voitures, il la cultive depuis l’enfance : «Je devais avoir sept ans et mes parents avaient un ami dont le fils était à peu près du même âge que moi et qui avait un tas de Matchbox», des jouets modèles réduits réalistes. «J’en ai ramené plein à la maison et c’est là que l’amour des voitures est apparu. Ensuite, j’ai commencé à les regarder à la télévision. Puis j’ai découvert Gran Turismo sur PlayStation», retrace celui qui a grandi à Cardiff, au pays de Galles. Les choses se préciseront plus tard : «Vers dix ans, dès que j’ai eu une idée plus spécifique de ce qu’était le métier, j’ai su que je voulais être pilote de course.»
À son entrée dans l’âge adulte, exit les études, le jeune homme abandonne l’université. «Je n’avais pas vraiment prévu cette année sabbatique, mais il s’est avéré que j’étais au bon endroit au bon moment.» «Mon père comme mon frère m’ont toujours dit : « Tu dois faire quelque chose dans la vie qui t’apporte un but et qui te passionne. » Pour moi, c’est la course automobile. Quand l’opportunité s’est présentée avec la GT Academy, j’ai été complètement emballé.»
Lorsque j’ai piloté pour la première fois, j’ai simplement reproduit ce que je faisais dans le jeu
Du championnat de Super GT au Japon à celui de GP3 (où il a notamment affronté le futur pilote français de Formule 1 Esteban Ocon), en passant par les 24 Heures du Mans, Jann Mardenborough vit «une vie rêvée». «Quand on m’a dit qu’on pensait faire un film sur ma vie, en 2017, je n’y ai pas tout de suite cru», se souvient-il. «J’ai toujours essayé d’être aussi rapide que possible pour réussir. Le film n’est que le fruit de mon dévouement.»
Un dévouement qui est d’abord passé par une préparation physique intense : «Je me suis entraîné tous les jours pour me préparer à prendre le volant de ces missiles.» «Lorsque j’ai piloté pour la première fois, j’ai simplement reproduit ce que je faisais dans le jeu, comme si je me connectais inconsciemment. Et cela a fonctionné.»
Pilotes contre «gamer»
Les choses ne se sont toutefois pas révélées aussi simples face aux autres pilotes : «J’ai eu des échanges qui n’ont pas toujours été agréables à cause de mon parcours de « gamer »», retrace le Britannique. «Imaginez quelqu’un qui fait de la course depuis 12 ans, qui a financé sa carrière grâce à des sponsors, des fonds privés, et qui se retrouve en compétition avec quelqu’un qui a dépensé 500 euros pour une PlayStation 3 et Gran Turismo.»
La trentaine passée, Jann Mardenborough espère intégrer l’an prochain la catégorie reine du championnat du monde d’endurance (WEC) avec, en ligne de mire, les 24 Heures du Mans, qu’il avait terminées en 2013 à la troisième place dans sa catégorie.
Gran Turismo, de Neill Blomkamp.