Accueil | Culture | [Cinéma] Éternelle Barbara

[Cinéma] Éternelle Barbara


Jeanne Balibar étonne à chaque instant par un jeu fascinant qui la transforme physiquement en Barbara, jusqu'à maîtriser l'hallucinant débit de la mythique chanteuse. (photo DR)

La ressemblance est troublante, entraînant le spectateur dans un savoureux tournis : Jeanne Balibar livre une double performance de chanteuse et d’actrice dans « Barbara », biopic de Mathieu Amalric qui joue avec les règles du genre.

En salle ce mercredi après avoir été présenté au festival de Cannes, Barbara met en scène une actrice possédée par le personnage qu’elle doit incarner et un réalisateur interprété par Mathieu Amalric lui-même, envoûté par l’inoubliable interprète de L’Aigle noir, Nantes ou Göttingen, disparue en 1997. À l’écran, avec des archives vidéo de son personnage, Brigitte l’actrice (Jeanne Balibar) travaille la voix, les chansons, mais aussi les attitudes et gestes familiers de Barbara. Sans préavis, on passe des répétitions à l’incarnation, ne sachant plus qui est qui.

Parallèlement, le spectateur suit dans ses recherches le réalisateur vite ensorcelé par son sujet, au point de s’autoriser à plusieurs reprises des dialogues avec l’incarnation de Barbara. «Vous faites un film sur Barbara ou un film sur vous ?», l’interroge d’ailleurs en pleine répétition l’actrice. «C’est pareil…», lui répond-il. Trois ans après La Chambre bleue, Mathieu Amalric bouleverse au passage les codes du biopic, craignant d’être à l’étroit dans le format purement biographique.

«J’avais un lien avec elle»

Sur scène, en répétitions ou dans la vie quotidienne, Jeanne Balibar étonne à chaque instant par un jeu fascinant qui la transforme physiquement en Barbara, jusqu’à maîtriser l’hallucinant débit de la mythique chanteuse quand elle parlait. «On m’avait souvent proposé de l’incarner et j’avais toujours refusé. Les projets que l’on me soumettait ne rendaient pas justice à l’amour que je lui portais», explique ainsi l’actrice.

«J’avais 8 ans lorsqu’on m’a offert un premier 45 tours d’elle. Lorsqu’on est actrice, on se construit aussi avec les artistes qu’on a aimé écouter et regarder. J’avais un lien avec elle», ajoute Jeanne Balibar, ex-compagne du réalisateur. Pendant plus d’un an, l’actrice a appris à jouer du piano, travaillant quotidiennement les chansons de Barbara.

«La seule chose qui nous réunit peut-être et qui explique qu’on m’ait choisie pour le rôle, est de l’ordre de la concentration, de l’intensité : la foi dans ce qu’on fait au moment où on le fait», souligne Jeanne Balibar. Le film «joue là-dessus, bien plus que sur une ressemblance ou un mimétisme», conclut-elle.