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[Cinéma] Anne Parillaud : « J’ai besoin de personnages forts pour exister »


Anne Parillaud a reçu le coup de cœur du festival de Mons. (photo Thibaut Demeyer)

Cette année, pour sa 33e édition, le Festival du Film d’Amour de Mons a attribué son coup de cœur à Anne Parillaud, césarisée en 1991 pour son rôle dans le film de Luc Besson « Nikita ». Rencontre avec celle qui, petite, rêvait de devenir avocate. Rencontre.

Qu’est-ce que cela représente pour vous ce genre d’hommage tel que le coup de cœur d’un festival ?

Anne Parillaud : Cela me touche énormément car je ne suis pas quelqu’un de blasé. Je suis touchée par la reconnaissance en général, que ce soit pour un prix ou un coup de cœur, parce que c’est une reconnaissance du travail que j’essaie de faire.

À quel moment avez-vous décidé de devenir comédienne et d’abandonner cette idée d’être avocate ?

C’est une histoire de destin qui m’a menée à faire un premier film, à l’âge de 16 ans, pendant mes vacances. C’est à ce moment-là que je me suis rendue compte que je n’allais pas devenir une avocate qui allait défendre des dossiers indéfendables, mais que j’allais plutôt utiliser des personnages pour vivre mon rêve d’enfance avec, pour avantage, de ne pas être obligée de faire des études, avoir moins de risques et moins d’enjeux que si j’avais été une vraie avocate.

Dans votre filmographie, vous alternez films aux personnages forts, voire violents, et les comédies. Doit-on comprendre que vous avez besoin de vous oxygéner par le biais d’une comédie ?

Non pas du tout (rire). Je n’ai nullement besoin de me ressourcer après un rôle. J’ai besoin de rôles, de personnages et plus ils sont forts, chargés, plus je vais exister. Si je pouvais les enchaîner les uns après les autres, je passerais ma vie à cela. Malheureusement, ce genre de personnages est rare. L’alternance est donc le fruit du hasard car je n’ai aucun critère, si ce n’est de tomber amoureuse de mon personnage, pour me permettre de le façonner comme j’en ai envie.

Après le film, comment cela se passe-t-il avec vos personnages ? Vous avez des difficultés à vous en séparer ?

Non. Je vous explique pourquoi. Prenons l’exemple d’un appartement à louer. Je suis un peu comme cet appartement. Le personnage va donc louer mon appartement, meublé ou pas, en colocation ou pas.

En revanche, il n’est pas à vendre car lorsque le personnage s’en va, l’appartement est à nouveau libre pour un autre personnage. De cette manière, je n’oublie pas qui je suis. Mais il est vrai que je m’abandonne entièrement à la personne qui est à l’intérieur de moi, c’est cela que j’aime.

Parmi tous les réalisateurs avec lesquels vous avez travaillé, lequel vous a le plus marqué ?

Il y en a trois qui m’ont marquée et pour diverses raisons. Il y a d’abord eu Luc Besson qui m’a inculquée la notion de personnage avec « Nikita ». C’est d’ailleurs depuis ce moment-là que je n’ai plus voulu fabriquer le personnage mais être le personnage. Puis, il y a eu Catherine Breillat avec « Sex is Comedy », parce que j’ai compris ce qu’est l’abandon à un metteur en scène. Et enfin le troisième est Amos Gitaï pour le film « Terre promise », où j’ai compris ce qu’était l’abandon à un film.

Ces trois films sont donc pour moi des films clés. Ceci dit, je découvrirai peut-être d’autres clés plus tard. Ce qui est paradoxal, c’est que ce ne sont pas nécessairement ces films-là que j’ai le plus aimé faire ou qui ont le mieux marché.

Thibaut Demeyer        

Un commentaire

  1. i love you