L’actrice italienne Virna Lisi, éclatante beauté blonde récompensée à Cannes à la fin de sa carrière, est morte à l’âge de 78 ans sans jamais avoir cessé de tourner.
Après quelque 40 ans de carrière, l’actrice italienne Virna Lisi a été couronnée Meilleure actrice à Cannes en 1994. (Photo : AFP)
C’est son fils, cité par les médias italiens, qui a annoncé la nouvelle, précisant que l’actrice était morte dans son sommeil des suites d’une maladie incurable.
Italienne au visage de Madonne qu’Hollywood imaginait en nouvelle Marilyn, elle a été dirigée par les plus grands, d’Alberto Lattuada à Mario Monicelli, Dino Risi, Henri Verneuil, Joseph Losey. Dans près de 80 films pour le grand écran et une quarantaine pour la télévision, la déesse italienne apparaît dans des registres multiformes, osant passer des rôles de vamp à ceux de femme vieillie, enlaidie, méconnaissable mais toujours éblouissante. Après quelque 40 ans de carrière, elle a été couronnée Meilleure actrice à Cannes en 1994, pour sa puissante interprétation de Catherine de Medicis dans « La Reine Margot » de Patrice Chéreau, qui lui a aussi valu le César du Meilleur second rôle féminin.
Née à Ancône (Italie) le 8 novembre 1936, Virna Pieralisi y passe ses premières années avant de s’installer à Rome avec sa famille. Elle a 16 ans lorsque le chanteur Giacomo Rondinella, un ami de ses parents, les convainc de la laisser jouer à ses côtés dans une petite comédie musicale, « E Napoli canta » (Armando Grottini). Elle poursuit avec de petits rôles d’ingénue jusqu’à « La femme du jour » de Francesco Maselli (1956) puis des dramatiques sur petit écran. Virna monte aussi sur les planches grâce à Vittorio Gassman, qui la présente à Giorgio Strehler, directeur du Piccolo Teatro de Milan. Au printemps 1956, le metteur en scène lui fait interpréter Lucile Desmoulins dans « Les Jacobins », de Federico Zardi, au côté de Serge Reggiani en Robespierre.
> Pas seulement blonde sexy
Après son mariage en avril 1960 avec l’architecte romain Franco Pesci, elle privilégie sa vie personnelle mais retrouve les plateaux pour « Eva », sous la direction de Joseph Losey, avec Jeanne Moreau (1962) puis « La tulipe noire » (Chistian Jacque, 1963) et « Les poupées » (Dino Risi, 1964). Appelée à Hollywood, elle y emmène son mari et son fils Corrado (2 ans), signe un contrat de sept ans avec la Paramount et tourne entre autres « Comment tuer votre femme » (Richard Quine, 1965), avec Jack Lemmon. Mais refusant d’être cantonnée dans des rôles de blonde sexy, elle dédaigne « Barbarella », de Roger Vadim – qui sera un immense succès pour Jane Fonda – et rompt son contrat après seulement trois ans.
Sa carrière se poursuit de Rome à Paris, Londres ou Berlin, parfois dans des productions hollyoodiennes, comme « L’arbre de Noé » (Terence Young, 1969), « Barbe-Bleue » de Edward Dmytryk (1972) ou encore « Le Serpent » (Henri Verneuil, 1972). Ses films-phares comptent aussi « Au-delà du bien et du mal » (Liliana Cavani, 1977), « La Cigale » (Alberto Lattuada, 1980), « Sapore di Mare » (Carlo et Enrico Vanzina, 1982), « Joyeux Noël… Bonne année » (Luigi Comencini, 1990)…
Sa carrière sur grand écran se termine avec Cristina Comencini, fille de Luigi, sous la direction de laquelle elle tourne « Va où ton coeur te porte » (1996) et « Le plus beau jour de ma vie » (2002). Elle marque aussi le petit écran dans « Balzac », téléfilm de Josée Dayan (1999) aux côtés de Gerard Depardieu, Jeanne Moreau et Fanny Ardant. En Italie, après six Nastri d’Argento de la Meilleure actrice, un prix David de Donatello couronne en 2009 l’ensemble de sa carrière, qu’elle poursuit à la télévision où elle a travaillé jusqu’à ses derniers jours. La mort de son mari en septembre 2013 l’avait laissée veuve après une histoire d’amour de 53 ans, entourée de son fils et de trois petits-fils.
AFP