Christine and the Queens, après avoir conquis la France et mis un pied aux États-Unis, trouve aujourd’hui un écho en Angleterre, le pays où tout a commencé pour la chanteuse nantaise de 28 ans, en concert vendredi dernier au festival de Glastonbury.
Phénomène assez rare outre-Manche pour un artiste français, le disque Chaleur humaine de Christine and the Queens est apparu la semaine dernière à la première place du classement iTunes des albums les plus téléchargés. Jeudi, elle était encore dans le top 5 sur cette plate-forme et sur le site d’Amazon UK. Cette percée fait suite à une apparition remarquée à la télévision britannique, au Graham Norton Show, où la chanteuse, entourée de ses danseurs, a interprété Titled, la version anglaise de son tube Christine.
«L’Angleterre est un marché très compliqué pour un artiste français, ce qu’elle réalise est assez exceptionnel», observe-t-on au Bureau Export, organisme qui accompagne la carrière à l’international des artistes produits en France. Les rares «Frenchies» à avoir percé récemment dans les charts britanniques s’appellent Daft Punk, Air ou David Guetta.
Un travail de longue haleine
Christine and the Queens était vendredi sur l’une des scènes du célèbre festival de Glastonbury (sud-ouest de l’Angleterre), un pas de plus en terre anglaise pour Heloïse Letissier qui avait précisément créé son personnage de Christine lors d’un séjour à Londres. Partie pour oublier une rupture amoureuse, elle y avait trouvé sa voie et l’envie de chanter au contact des drag queens qu’elle fréquentait dans un club de travestis.
En France, la chanteuse s’est imposée avec ses costumes masculins et ses chorégraphies saccadées, et un sacre aux Victoires de la musique en 2015. Ses clips cumulent les vues sur internet et son premier album s’est écoulé à ce jour à quelque 700 000 exemplaires selon sa maison de disques Because. Mais elle trouve aussi un public hors de l’Hexagone, avec 150 000 albums vendus à l’export.
À l’étranger, sa stratégie a consisté à «se concentrer sur les États-Unis et l’Angleterre», explique Emmanuel de Buretel, le patron du label français. Cela s’est traduit par quelques concerts remarqués outre-Atlantique – au festival californien Coachella ou au Webster Hall de New York – et l’apparition de sa chanson It dans un épisode dans la célèbre série Girls.
L’Angleterre semble à son tour se laisser séduire après avoir découvert Christine en avril dans une émission musicale où elle a notamment repris une chanson de Prince, I Feel For You.
«Percer sur un marché comme l’Angleterre, c’est un travail de longue haleine», prévient toutefois Emmanuel de Buretel, en saluant le «souci du détail» d’une artiste qui mêle l’anglais et le français dans ses chansons.
Ainsi, non contente d’avoir adapté certains de ses textes pour le marché américain à l’automne, en traduisant par exemple certains de ses textes français, Christine and the Queens a cette fois réenregistré certains titres avec un accent «plus British». La France et le continent devront désormais patienter encore un peu avant de revoir sur scène Christine and the Queens. La chanteuse planche actuellement sur son deuxième album.
Le Quotidien / AFP