Les yeux fixés, l’artiste vietnamienne Nguyen Thi Ha An laisse tomber d’un geste précis un piment rouge sur un bol de nouilles pho de la taille d’une pièce de monnaie : la touche finale à une figurine hyper-réaliste qu’elle a mis plusieurs jours à fabriquer.
Architecte de formation, An a commencé à fabriquer des miniatures alimentaires il y a un an, voyant dans cet art une chance de capitaliser sur la popularité grandissante dont jouit la cuisine de son pays à travers le monde. « Chaque plat vietnamien a sa beauté spécifique », dit-elle en utilisant une pince à épiler pour déposer délicatement un oignon vert à côté d’un mini « banh mi ».
Du banh mi, le fameux sandwich à base de baguette, à la traditionnelle soupe pho, An a appris à reproduire tous les grands classiques du menu vietnamien, jusqu’aux minuscules bouteilles de sauces chili qui accompagnent les mets. »Chaque modèle a sa propre difficulté », explique-t-elle. « Les bols doivent être très propres et soignés, les détails comme les lignes sur un oignon vert, sont essentiels pour transmettre la texture. »
Pour Nguyen Ngan Ha, l’assistante d’An, le travail entièrement fait à la main doit être « méticuleux à chaque étape ». Même en miniature, « Les gens doivent pouvoir croire que c’est de la vraie nourriture », dit-elle. Faits à 90 % d’argile et 10 % de plastique liquide, les modèles peuvent prendre jusqu’à cinq jours, et An les vend jusqu’à 80 dollars. Elle prévoit également d’étendre son activité aux boissons – y compris le café et la bière vietnamienne – généralement servies en plein air dans les bars traditionnels « bia hoi ».
An n’a aucun regret d’avoir abandonné une carrière d’architecte plus stable pour un métier de niche. « Je veux vraiment faire mon travail du mieux possible », dit-elle. « Et aider les gens à apprécier la beauté de la culture vietnamienne. »
AFP/LQ