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« Chatterton », une des révélations de l’année


Feu! Chatterton, jeune quintette parisien au rock bardé de références au romantisme et au dandysme, est une des révélations de l’année.

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Le fantôme de Bashung et l’ombre de Christophe planent sur ce groupe aux chansons oniriques. (Photo : DR)

> Pouvez-vous remontez l’histoire et raconter la genèse du groupe ?

Sébastien : Avec Arthur et Clément, on était au lycée ensemble il y a dix ans. On a débuté en mettant des mélodies sur les textes d’Arthur, qui écrivait des poèmes et nous forçait à les lire (rire). C’était une sorte de slam sur de la musique improvisée. Feu! Chatterton, dans le format que l’on connaît aujourd’hui, plus pop-rock, est né il y a trois ans.

Arthur : Il faut préciser qu’avant de faire de la musique, on appréciait passer du temps ensemble. Feu! Chatterton est avant tout une histoire d’amitié.

> Dès vos premiers morceaux disponibles sur internet, des médias d’importance (France Inter, Télérama…) se sont emballés, et ont mis Feu! Chatterton sur un piédestal. Comment vivez-vous ce succès rapide, alors que vous n’avez sorti qu’un seul EP ?

Clément : C’est dur, franchement déprimant (rire général). Non, on sait que le succès est quelque chose de fragile, et qu’il peut partir aussi vite qu’il est arrivé. Du coup, on en profite à mort!

Arthur : Ce que l’on vit depuis un an, ça suffit déjà! Même si certaines choses se sont faites dans la douleur, on s’entend encore à merveille tous les cinq. C’est le plus important. Et cette chance, on en a conscience.

Sébastien : À mes yeux, le plus important dans cette récente histoire, c’est le fait d’avoir pu partir en tournée et de rencontrer enfin notre public. On parle de succès mais on ne savait toujours pas qui soutenait vraiment le groupe. Au moins, en concert, on voit des visages, on échange. Bon, malgré tout, on ne sait toujours pas pourquoi ils nous écoutent…

> Justement, comment expliquez cette réussite. Quelle est la singularité de Feu! Chatterton ?

Clément : Quelle singularité ?

Arthur : Disons que l’on s’inscrit dans une longue tradition de la chanson française arrangée. Notre démarche – et c’est peut-être ce qui plaît – c’est d’être honnête, de porter sincèrement un message.

Clément : Et sur scène, on se met à nu, sans déguisement.

Arthur : C’est vrai, en live, il y a un truc qui s’ajoute : la nervosité, l’énergie, bref, le rock’n’roll. C’est un jeu qui vient du cœur.

> Que pensez-vous de cette expression, très en vogue dans les médias français : « le renouveau de la pop française »? Et vous sentez-vous concernés ?

Clément : Il n’y a pas de renouveau, juste une continuité. De tout temps, on chante français. Il y a deux-trois ans, certains artistes et groupes étaient dans un « revival » des années 80 (Lescop, Aline), voire des « seventies » (Granville). Actuellement, sous l’impulsion de FAUVE, c’est encore différent. Avant, il y a eu la Mano Negra, Louise Attack, Eiffel… Bref, le phénomène est sans cesse dans l’air. Je ne pense pas que Feu! Chatterton soit en mission dans cette lignée, même si on en a bien profité…

Sébastien : Il faut quand même préciser que FAUVE a donné beaucoup de visibilité médiatique à plein d’autres groupes. Il a clairement ouvert des portes, d’où, sûrement, notre présence dans cette filiation. Peut-être aussi que les médias s’inquiètent de la relève. Car on assiste à la fin de l’ère des mastodontes de la chanson française.

> Votre EP, sorti à la rentrée de septembre, répondait-il à un besoin de satisfaire les attentes autour de Feu! Chatterton ?

Sébastien : Non, pas du tout. Notre premier morceau, La Mort dans la pinède, a plus de deux ans! On a simplement mis du temps, en raison de contraintes financières et de choix artistiques.

Clément : La sortie de cet EP n’est pas le fruit d’un calcul, bien au contraire. Il est important de préciser que l’on est entrés une première fois en studio il y a une grosse année, et le résultat a été catastrophique. On était effondrés. On a donc repris le chemin de la scène pour retravailler nos morceaux. Bref, tout est une question de continuité.

Sébastien : C’est tout à fait cela. Les gens ne le perçoivent pas forcément, mais on est dans un processus de travail qui dure depuis trois ans, et qui suit son cours.

> Forcément, avez-vous déjà une idée de ce à quoi va ressembler votre premier album ?

Clément : On a beaucoup de morceaux sous le coude et on compte en rassembler certains sur un disque qui devrait sortir en septembre prochain. Après, à quoi il va ressembler, ça, on n’en sait rien.

Sébastien : D’abord, il va y avoir, en mars, un second EP avec une seule chanson dessus (NDLR : Bic Médium), très longue et découpée en quatre partie, qui devrait être accompagnée d’un court métrage.

Clément : Dans la foulée, on devrait graver dans le marbre quelques-unes des quinze chansons que l’on a à notre répertoire.

Arthur : Dans la roche, plutôt…

Entretien avec notre journaliste Grégory Cimatti