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C’était la « boum » de Christine


Les tubes de l'artiste nantaise ont fait mouche.

Le visage à moitié révélé par la lumière d’un projecteur, elle a posé sa main sur son front, le regard plongé vers le fond de la grande salle de la Rockhal. Starshipper venait de passer, le premier morceau de la soirée de Christine and the Queens, évocation d’un passage douloureux suite à une métamorphose profonde, de l’envie d’être quelqu’un d’autre…

«C’est grand chez toi, je te vois à perte de vue. C’est comme si j’avais invité 20 personnes à une boum et qu’il y en avait 120 !» On le savait depuis un moment, le concert ayant été repoussé d’un mois et demi pour faire face à la demande : la Rockhal Box était pleine, mardi soir.

Mine réjouie dans son costume cintré, Christine tutoie, comme s’il s’agissait d’un rendez-vous en tête-à-tête entre elle et ce public qui ne forme qu’une personne. «Ce soir, tu peux être qui tu veux. Il n’y a pas de jugement. Moi, j’ai envie d’être un petit garçon de huit ans.»

Une façon de poser la question du genre, du temps, cet entre-deux où l’artiste française de 26 ans, alias Héloïse Letissier, révélation féminine l’année dernière avec son album Chaleur humaine, dit se plaire plus que dans les codes classiques de la séduction où ceux des magazines féminins. Entre le français et l’anglais aussi.

Entourée de ses quatre danseurs, elle a montré dès Half Ladies que ses chorégraphies étaient aussi maitrisées que sa voix était impeccablement réglée. Passaient Christine, Chaleur humaine, Saint-Claude, Here devant un public tantôt touché, tantôt hypnotisé, tantôt emballé, tantôt amusé.

Christine met dans sa balance la tristesse des thèmes d’un côté et une énergie débordante de l’autre. Un désir sincère de communiquer, tout le temps, d’improviser, et ce qui transparait moins à l’écran : celui de faire rire. Un «moment The Voice» quand elle a poussé la voix sur des prénoms pris à la volée.

Un jet de fleurs raté pour son premier rendez-vous galant avec le Luxembourg, même si elle se souvenait avoir fait une première partie il y a deux ans. «Ceux qui n’ont vu que le clip de Saint-Claude sur Youtube doivent se demander s’ils sont au bon concert !» lançait-elle en plein milieu de sa boum de 6000 personnes.

Un retour pour chanter Paradis perdus le visage baigné dans un halo de lumière rose. Un dernier pour Nuit 17 à 52, valeur sûre de l’album. Il n’y avait ni beaux ni moches mardi soir. C’est le premier message qu’elle a voulu faire passer. Mais il était bien difficile de ne pas succomber à la beauté de cette Christine-là.

Raphaël Ferber