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Césars : « J’accuse », « les Misérables » et « La Belle époque » dans le trio de tête


Manifestation en novembre dernier à Paris, contre la sortie de J'accuse. L'annonce des nominations mercredi a aussitôt relancé la polémique sur le cinéaste franco-polonais de 86 ans, qu'une partie de l'opinion publique et les féministes n'acceptent plus de voir honorer. (archives AFP)

La polémique repart sur Roman Polanski, alors que son film « J’accuse », dont la sortie a été perturbée par une nouvelle accusation de viol contre le réalisateur, mène les nominations pour les César annoncées mercredi.

Thriller historique sur l’affaire Dreyfus avec Jean Dujardin, récompensé par le Grand prix du jury à Venise, J’accuse est en lice pour douze prix pour les récompenses suprêmes du cinéma français, notamment dans les catégories reines de la meilleure réalisation et du meilleur film. Il est suivi par Les Misérables de Ladj Ly, film coup de poing sur les banlieues, et La Belle époque de Nicolas Bedos, avec onze nominations chacun, puis Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma, histoire d’amour interdite entre deux femmes aux destins opposés au XVIIIe siècle, avec dix nominations.

Interrogé sur les nominations obtenues par Polanski, le président de l’Académie des César Alain Terzian a affirmé que les César n’étaient « pas une instance qui doit avoir des positions morales ». « Sauf erreur de ma part, 1,5 million de Français sont allés voir son film. Interrogez-les ». Mais l’annonce des nominations a aussitôt relancé la polémique sur le cinéaste franco-polonais de 86 ans, qu’une partie de l’opinion publique et les féministes n’acceptent plus de voir honorer. Toujours poursuivi par la justice américaine dans le cadre d’une procédure pour détournement de mineure lancée en 1977, Roman Polanski est visé par une nouvelle accusation de viol de la Française Valentine Monnier, qu’il conteste. Cette photographe française affirme avoir été frappée et violée par Polanski en 1975 en Suisse quand elle avait dix-huit ans. Son témoignage s’ajoute aux accusations d’autres femmes ces dernières années, pour des faits prescrits.

Après la conférence de presse des César, une multitude de réactions sont apparues sur les réseaux sociaux, alors que le sujet Polanski était dans les principales tendances sur Twitter. « 12 nominations pour le film J’accuse de Polanski ! 12 comme le nombre de femmes qui l’accusent de viols! Honte @Les César », a twitté l’association Osez le féminisme. « C’était bien la peine de soutenir Adèle #Haenel, pour ensuite applaudir et célébrer #POLANSKI, #violeur #pedocriminel en cavale », a-t-elle ajouté, avant d’appeler à manifester devant la salle Pleyel, où se tiendra le 28 février la 45e cérémonie des César, présidée par l’actrice Sandrine Kiberlain. « RDV salle Pleyel, nous y serons comme devant la Cinémathèque en 2017 ! », où des féministes avaient manifesté contre une rétrospective consacrée au cinéaste.

En 2017, les César avaient déjà été au cœur d’une controverse concernant le réalisateur, qui avait dû renoncer à présider la cérémonie sous la pression des féministes. Son film J’accuse a suscité de multiples remous depuis l’annonce de sa sélection pour la Mostra de Venise en septembre, vivement critiquée par les féministes. Le film a ensuite connu une sortie compliquée en France en novembre, des manifestants ayant bloqué des séances et appelé à le boycotter, même s’il a attiré le public avec 1,52 million de spectateurs.

Ce sujet est d’autant plus sensible que le monde du cinéma français a été secoué en novembre par les déclarations de l’actrice Adèle Haenel, qui a accusé le réalisateur Christophe Ruggia d' »attouchements » et de « harcèlement » quand elle était adolescente. Celui-ci a été mis en examen à la mi-janvier pour agressions sexuelles par un juge d’instruction parisien. Adèle Haenel, qui avait trois films à Cannes en 2019, figure d’ailleurs parmi les nommées pour le César de la meilleure actrice pour Portrait de la jeune fille en feu aux côtés, entre autres, de sa partenaire dans le film Noémie Merlant, d’Eva Green dans Proxima ou de Karin Viard dans Chanson douce.

Du côté des hommes, Jean Dujardin est en lice pour son rôle du lieutenant-colonel Georges Picquart dans J’accuse, face notamment à Daniel Auteuil dans La Belle époque ou Vincent Cassel et Reda Kateb dans Hors normes. L’an dernier, les César avaient couronné le film choc sur les violences conjugales Jusqu’à la garde de Xavier Legrand, et les acteurs Alex Lutz et Léa Drucker.

LQ/AFP