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[CES Las Vegas] Les seniors connectés des pieds à la tête


Des couches-culottes équipées d'un capteur, qui peut par exemple analyser les urines ou prendre la température et retrouve les pensionnaires égarés. (photo AFP)

Comment répondre au vieillissement de la population et au manque de ressources humaines pour s’occuper des personnes âgées isolées, malades ou dépendantes ? Avec des capteurs « intelligents », répondent les entreprises de la tech, au salon de l’électronique de Las Vegas, qui se termine vendredi.

En cas de chute, le sol connecté de Technis est le premier au courant. Il peut même prédire des pertes d’équilibre. Sous la moquette, des capteurs de pression calculent le nombre de pas, la fréquence d’utilisation des toilettes, et analysent la manière de se déplacer des personnes, grâce à l’intelligence artificielle (IA). Ils transmettent ensuite les informations au personnel médical. Elle analyse les urines, prend la température et retrouve les pensionnaires égarés : Smardii est un petit disque qui coûte 99 dollars et se clipse sur l’avant de la protection, elle-même équipée de capteurs jetables.

La start-up basée à Miami a déjà signé des contrats avec plusieurs maisons de retraite aux États-Unis, en France et en Italie. « Comme les gens sont mobiles, il faut une solution sur la personne, qui englobe tout », explique Sébastien Gaddini, le fondateur de Smardii. Et l’idée de porter des capteurs dans une zone aussi intime ? « Quand on vous demande si vous préférez qu’on mette plusieurs jours à détecter une infection urinaire ou que ce soit instantané, le choix est vite fait », répond-il.

La marque japonaise Xenoma conçoit des pyjamas « intelligents », avec ou sans rayures, qui analysent la qualité du sommeil. En journée, ils peuvent faire alliance avec l’enceinte connectée, qui encourage à faire de l’exercice. Selon Xonoma, ces capteurs intégrés au tissu permettent de récupérer des informations à distance et de façon « imperceptible ». « Savez-vous que maman a moins mangé cette semaine que la semaine dernière ? » La montre CarePredict sait où vous vous trouvez, combien de temps vous mettez à manger ou à vous laver les dents. Et elle partage les infos avec vos proches ou votre équipe soignante. Portée de façon préventive, elle repère les changements d’habitude. Une baisse d’appétit ou d’activité peut indiquer le début d’une dépression, par exemple. Pas d’écran sophistiqué sur la montre, juste un bouton qui sert à communiquer, comme un talkie walkie. « Cela ne dérange pas les gens, car la montre ne partage pas d’informations intimes », assure Jerry Wilmink, responsable des ventes de CarePredict.

Un « perroquet » comme auxiliaire

Perché sur le dossier du fauteuil roulant, la caméra en forme de perroquet coloré observe de ses pupilles électroniques l’entourage de la personne handicapée ou âgée, qui le contrôle depuis une tablette armée à l’accoudoir. « De cette façon elle peut voir même les gens derrière elle, sur son écran », précise David Hoja, cofondateur de Loro (perroquet, en espagnol). En cas de difficulté à s’exprimer, Loro prend le relais et parle pour lui. L’IA du logiciel reconnaît les objets dans le champ de vision de la personne et l’aide à formuler des phrases plus rapidement, en prédisant ses besoins (Je voudrais… « une bouteille d’eau », par exemple). Quelques dizaines de personnes ont adopté le perroquet à ce stade. Il coûte 1 000 dollars et requiert un abonnement mensuel. Elles n’adouciront pas la chute mais pourront alerter les secours.

Les lunettes Ellcie Healthy ont des verres pour la vue et des capteurs qui détectent les « chutes brutales ou molles ». Dans la Sekisui House, c’est le plafond qui joue les espions, grâce à des capteurs qui détectent les battements du cœur. En cas d’arrêt cardiaque, ils alertent des agents qui appellent les secours et déverrouillent la porte pour eux après avoir vérifier leur identité via les caméras sur le palier.

« Contrairement aux médicaments qu’il faut penser à prendre et aux accessoires qu’il faut penser à porter, vous n’avez pas besoin de vous préoccuper de la technologie, elle est intégrée dans votre environnement », remarque brian Anthony, professeur du Massachusetts Institue of Technology invité par la marque. Le cofondateur d’Ejenta a conçu l’IA qui surveille les données biométriques des astronautes de la NASA pendant leurs sorties dans l’espace et communique avec eux, pour leur dire, par exemple, qu’ils seront bientôt à court d’oxygène. Ejenta a mis en place ce système pour des patients de 85-90 ans : leur technologie récupère les données de tous les capteurs et accessoires connectés disponibles et informe en conséquence les personnes et leur équipe soignante. Elle peut aussi répondre aux questions.

LQ/AFP