Si les quelque 550 femmes originaires des pays occidentaux parties rejoindre le groupe État islamique (EI) ne sont pas autorisées à combattre, elles épousent et facilitent la vie des jihadistes, recrutent et appellent à commettre des attentats contre l’Occident, estiment des experts.
Les raisons de leur adhésion à la cause de l’EI et de leur décision de partir en Syrie, sont pour la plupart « similaires à celles des hommes », mues par un sentiment de devoir idéologique ou religieux, dit le rapport. (Photos : illustration AFP)
« La menace qu’elles représentent est différente de celle de leurs alter-ego masculins. Les femmes recrutent pour le compte de l’EI. Elles aident les combattants pour des tâches non-militaires et encouragent ceux qui ne peuvent pas partir à mener des attentats contre l’Occident », conclut cette étude de l’Institute for strategic dialogue, publiée mercredi.
Ce rapport de 48 pages porte sur des centaines de ces femmes et aborde en profondeur l’itinéraire de 11 d’entre elles : une originaire d’Autriche, de France et du Canada, six du Royaume-Uni et deux des Pays-Bas. « La violence du langage et le dévouement à la cause sont aussi forts que ceux de certains hommes », a déclaré à l’AFP Ross Frenett, expert de l’extrémisme à l’Institute for strategic dialogue et co-auteur du rapport. « Elles jouent le rôle de propagandistes d’attaques terroristes dans leur pays d’origine », a-t-il ajouté.
Mais plus encore, « elles affichent également leur capacité et leur volonté de prendre part aux violences et même aux attaques suicide si les circonstances changeaient », note le rapport.
Quant aux raisons de leur adhésion à la cause de l’EI et de leur décision de partir en Syrie, elles sont pour la plupart « similaires à celles des hommes : le sentiment que l’Oummah (NDLR : la communauté des croyants musulmans) est attaquée, le devoir idéologique et religieux de faire quelque chose, la recherche d’une camaraderie et la volonté de donner un sens à leur vie », détaille le rapport.
« La mission de créer l’état islamique (ou khalifah) est particulièrement forte chez les femmes », selon la même source qui juge également internet et les réseaux sociaux « cruciaux » dans la radicalisation tant des femmes que des hommes. Malgré leur militantisme, nombre de ces femmes éprouvent cependant des difficultés à quitter leurs proches, note Ross Frenett, qui estime que cela pourrait être l’élément-clé pour parvenir à les dissuader d’entreprendre le voyage.
L’une des onze femmes étudiées par les experts explique sur les réseaux sociaux que « la meilleure chose pour une femme est d’être une bonne épouse et d’élever de bons enfants ».
Certaines perdent leurs illusions — quand par exemple leur mari est tué au combat ou à la naissance d’un enfant — et « ces événements doivent et peuvent alors être exploités par les familles et leur pays d’origine comme une opportunité de désengagement », juge le rapport.
AFP