Camélia Jordana était, ce week-end, l’une des têtes d’affiche des Francofolies d’Esch-sur-Alzette. Confidences recueillies quelques heures avant de monter sur scène.
Camélia Jordana est sur tous les fronts. Tout juste revenue de Corse où elle vient de finir le tournage de son dernier long-métrage, elle était samedi à Esch-sur-Alzette pour y présenter son double-album facile x fragile.
Ce nouvel album est très varié et surtout plus pop que les précédents. Pourquoi cette orientation ?
J’ai fréquenté beaucoup de personnes qui écoutaient de la pop, ce qui ne faisait pas forcément partie de mon répertoire. J’y ai pris goût… Je voulais aussi me projeter sur de grosses scènes, avec plein de gens qui chantent, cette joie de se retrouver, ensemble, autour de chansons.
Est-ce que le dansant Ta vie pour toi est, pour vous, une bonne illustration de cette envie de sons plus légers ?
Oui, mais c’était aussi – et surtout – l’envie que ma musique puisse engager corporellement les gens. Si j’entends du hip-hop dans la rue, cela me donne envie de danser ! J’aimerai que le public fasse de même sur mes chansons.
En quoi un double album s’imposait-il ?
J’étais dans une boulimie créative, plusieurs séances de studio par jour avec des personnes différentes et le soir, je continuais à faire des chansons seule sur mon piano. Je me suis retrouvée avec quarante chansons ! Cela a d’ailleurs été très difficile de faire des choix, de n’en retenir que vingt au final.
Comment s’est passé l’enregistrement de la partie plus intimiste, nommée «fragile» ?
Je me suis offert le bonheur d’aller enregistrer dans ce lieu mythique qu’est «La Fabrique» à Saint-Rémy-de-Provence. C’était une expérience dingue ! Pour l’anecdote, j’ai appris que Radiohead y venait le lendemain. Je voulais laisser quelque chose, ne serait-ce qu’un petit mot sur une table (elle rit).
Comment est née votre collaboration avec le «hit-maker» Renaud Rebillaud ?
On s’était rencontré sur le titre On My Skin avec Vitaa et Slimane puis on s’est retrouvé juste tous les deux en studio. J’ai appris alors à travailler dans la légèreté, en s’amusant, tout en parlant de choses intimes. Il m’a montré qu’en une heure et demie, on peut faire une chanson qui me plairait. C’est le cas de Facile, que j’ai chantée sous toutes les formes et que j’aime toujours autant. Oui, Renaud est l’un des compositeurs les plus doués de sa génération.
Avec le titre Si j’étais un homme, vous vous adressez à la gent masculine. Comment est né cet hommage ?
Cela me fait déjà très plaisir d’entendre ça car j’ai eu le droit à une polémique : un journaliste avait titré son article «Si j’étais un homme, je demanderais pardon». Les gens ont mal compris mon intention. Je ne suis pas pour la guerre des sexes. Si je suis féministe, c’est pour demander l’égalité des droits. Rien de plus !
Est-ce que les textes de cet album sont, justement, l’occasion de livrer votre vision du féminisme ?
Je savais que ce thème allait infuser dans cet album, que mon amour pour tous les genres puisse se ressentir dans cet objet. On trouve ainsi des titres comme Femmes, Le monde en main ou encore Les garçons. Mais à aucun moment, le féminisme ne doit diviser, mais plutôt rassembler.
Quels sont vos projets en cours ?
Je remets la main à l’écriture de mon film accompagnée de l’extraordinaire Raphaëlle Desplechin. Je retourne aussi en studio pour faire des chansons, pour moi et pour d’autres. Ah oui, je vais prendre des vacances (elle rit). Sans oublier la tournée qui s’annonce et se dire que derrière les quelques dates prévues, on va refaire le plein de bonnes ondes !
Entretien avec notre collaborateur Nikolas Lenoir