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Brooklyn : deux pays, deux hommes, et la lumineuse Saoirse Ronan


Saoirse Ronan vers un Oscar?

Adapté d’un roman et réalisé par John Crowley et Paul Tsan, Brooklyn est à la fois une romance et un film sur l’immigration. Avec la lumineuse Saoirse Ronan.

Même l’affiche peut le laisser penser et croire  : on aurait là, donc sur grand écran, une belle romance, une de plus! Près de deux heures plus tard, on comprend que Brooklyn , le film réalisé par John Crowley et Paul Tsan, est certes une romance, mais aussi et surtout bien plus que cela. Brooklyn est un beau film sur l’immigration. Adapté d’un roman du journaliste et écrivain irlandais Colm Tóibín, le long métrage de Crowley et Tsan est nommé dans trois catégories aux Oscars, dimanche  : meilleur film, meilleur scénario et meilleure actrice (Saoirse Ronan).

Les deux réalisateurs ont tenu à rester au plus près du roman  : ainsi, dans les années 1950, une jeune Irlandaise, Eilis Lacey, quitte sa terre natale et sa famille. Elle espère un avenir meilleur et va tenter sa chance aux États-Unis. Arrivée à New York, elle rencontre un jeune homme. Elle oublie alors vite son Irlande et vit un bonheur nouveau. Mais un jour, rattrapée par son passé, elle doit retourner sur son île natale. Dès lors, elle balance entre deux pays. Entre deux hommes. Oui, bien sûr, énoncé ainsi, ce n’est pas très neuf. Des romans, des films sur le même thème, on en a lus, on en a vus… Mais il en va différemment avec Brooklyn , film tout en sensibilité et pudeur.

L’Amérique de tous les espoirs

Première raison  : la qualité du scénario auquel a collaboré l’écrivain Nick Hornby. Seconde raison  : la construction intelligente du film en deux parties. Ainsi, dans un premier temps, arrivée à New York, la jeune femme se sent étrangère et pense à son pays et à sa sœur. Pourtant, elle va dépasser ce chagrin, ce blues pour faire de cette terre nouvelle son «chez-elle»  : elle suit des cours de comptabilité, travaille dans un magasin, apprend et comprend les codes de la société américaine, rencontre l’amour.

Le personnage d’Eilis Lacey prend de l’épaisseur et trouve sa place dans cette Amérique de tous les espoirs. Deuxième partie, deuxième temps  : Eilis est contrainte de retourner en Irlande. Et les deux réalisateurs font alors basculer le film, l’ensemble de l’histoire, la psychologie du personnage principal… Eilis ne se sent plus américaine mais est perçue comme une «pin-up» par sa famille. Au même moment, elle va rencontrer un homme cultivé, sensible, aimable, bon joueur de rugby. Surgit alors un dilemme amoureux…

Brooklyn , c’est le film du tiraillement. Du départ vers l’ailleurs, du retour à la terre natale. De l’illusion. Du choix de vie, d’une vie plutôt qu’une autre. Pudique et émouvant, délicatement mis en images, Brooklyn est illuminé par Saoirse Ronan, actrice irlandaise de 21  ans vue pour la première fois sur grand écran en 2007 dans I Could Never Be Your Woman , d’Amy Heckerling, aux côtés de Michelle Pfeiffer et Paul Rudd, revue dans Hanna, de Joe Wright (2011), The Grand Budapest Hotel , de Wes Anderson en 2013, ou encore The Host, d’Andrew Niccol, la même année. Dans les prochains mois (après un Oscar de la meilleure actrice?), elle sera à l’affiche de The Seagull, de Michael Mayer avec Annette Benning, puis d’ On Chesil Beach , de Dominic Cooke.

Serge Bressan

Brooklyn, de John Crowley et Paul Tsan. (Irlande/Grande-Bretagne/Canada, 1  h  53) avec Saoirse Ronan, Domhnall Gleeson, Emory Cohen…

Dans les années 50, attirée par la promesse d’un avenir meilleur, la jeune Eilis Lacey quitte son Irlande natale et sa famille pour tenter sa chance de l’autre côté de l’Atlantique. À New York, sa rencontre avec un jeune homme lui fait vite oublier le mal du pays… Mais lorsque son passé vient troubler son nouveau bonheur, Eilis se retrouve écartelée entre deux pays… et entre deux hommes. Bafta du meilleur film britannique de l’année.