Le lait, « ça fait mal au ventre », « c’est mauvais pour la santé », « c’est bon pour la croissance »… On entend tout et son contraire à propos du lait. Démêlons le vrai du faux.
Aujourd’hui, en France, les enfants consommeraient chaque jour 24% de produits laitiers, alors que les adultes n’en ingurgiteraient que 6%, selon les données recueillies lors des états généraux de l’alimentation. Parmi eux, le lait, un aliment qui provoque des avis très contrastés. Etat des lieux.
Il favorise la croissance
Vrai et faux. Le Programme national nutrition santé préconise la consommation de produits laitiers pour ingérer au moins 700 à 800 mg de calcium par jour, soit 3 à 4 produits laitiers. Or, le lait en est riche. En en consommant, cela permettrait de maintenir le niveau de calcium dans nos os pour favoriser la croissance des jeunes et ralentir le vieillissement des os des moins jeunes. Or, le lien entre le calcium d’une part, les produits laitiers de l’autre, et les fractures chez les plus de 50 ans n’a jamais été clairement établi, selon une étude néo-zélandaise parue en 2015 dans le British Medical Journal. Et, outre les laitages, pour le renforcement des os, il existe d’autres aliments riches en calcium, comme le chou ou les fruits secs.
Il diminue l’ostéoporose
Faux. Dans une interview accordée au site Lanutrition.fr en 2008, le professeur Walter Willet, président du département de nutrition de l’Ecole de santé publique de Harvard, affirme que le calcium et les laitages ne sont pas la solution à l’ostéoporose, la maladie des os poreux : « boire du lait n’est pas la solution. L’exercice aide, mais le lait non ». Ce serait même l’inverse : une étude suédoise publiée en 2014 par le Bristish Medical Journal a même montré que les pays qui consomment le plus de calcium -trois verres ou plus par jour de lait- ont des taux de fractures plus élevés. Les scientifiques estiment qu' »en raison de la teneur élevée en lactose dans le lait, la consommation élevée de lait peut augmenter le stress oxydatif, ce qui accroît le risque de fracture ».
Il fait mal au ventre
Vrai et faux. L’enzyme qui permet aux enfants de digérer correctement le lait, la lactase, disparaît en grandissant. En ce sens, certains adultes sont plus sensibles à ses effets négatifs et évoquent des problèmes de digestion lié au lait. Ils restent néanmoins une minorité. En revanche, les intolérants au lactose, ce sucre présent dans le lait, peuvent être sujets, entre autres, à des maux de ventre, diarrhées, vomissements et ballonnements en cas de consommation.
Il favorise les cancers
Vrai et faux. Le lait est soupçonné de favoriser certains cancers, notamment parce qu’il contient naturellement des facteurs de croissance (IGF insulinométriques, EGF épidermiques, et TGF-B transformants) destinés au veau. Or, des études ont montré chez l’humain une association entre des concentrations sanguines d’IGF-1 — le facteur de croissance favorisant la division cellulaire — et un risque de développer des cancers, rappelle Sciences et avenir, en citant les résultats du colloque international Nutrition et cancer, en juin 2013 à Paris.
Ainsi, les produits laitiers réduiraient le risque de cancer colorectal d’environ 22% (analyse de l’étude américaine Women Health initiative en 2013) mais augmentent celui de cancer de la prostate de 12 % (étude européenne Epic (European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition, 2013). En revanche, il n’y aurait pas d’impact sur le cancer du sein.
La raison? Certaines substances contenues dans le lait pourraient avoir un effet bénéfique sur les cellules cancéreuses (par exemple les bactéries, sur la tumeur du colon), d’autres, comme les facteurs de croissance, pourraient être nocives, explique Le Monde.