Quand le metal, bien hardcore, fusionne avec le hip-hop, ça donne Body Count. Le groupe américain, emmené par un Ice-T bien givré, a fait corps avec le public, hier soir à la Kulturfabrik d’Esch-sur-Alzette.
Non, ne l’appelez plus Ice-T, mais bien « Ice motherfucker T, bitch » ! Voilà pour les présentations, par ses propres mots, du leader de Body Count, groupe qui a connu un beau succès au début des années 90, à l’époque où le mariage entre metal, punk et hip-hop venait d’être consommée. Comme d’autres camarades du même acabit, ces furieux de Los Angeles ont laissé derrière eux quelques belles pépites, issus de deux albums majeurs : Body Count (1992) et Born Dead (1994).
Mais leur renommée tient aussi (surtout ?) à leur chanteur-mentor, casquette visée sur la tête qu’il tourne et retourne à besoin, en homme de paradoxe qu’il est. Il y a plus de vingt ans, c’est avec des flingues en bouche et invectivant régulièrement la police que lui et ses musiciens posaient, dans le plus pur style « gansta rap ». Un peu plus tard, le revoilà renaissant à la télévision dans la peau… d’un enquêteur d’une brigade criminelle (Law and Order: Special Victims Unit). Sa famille se prête même au jeu de la téléréalité…
Renaissance, c’est aussi le terme qui pourrait bien correspondre à Body Count, qui, l’année dernière, a sorti un sympathique album, Manslaughter, qui ne taquine que seulement ses illustres prédécesseurs, mais tout de même.
Rodé, costaud et énergique
Du coup, vendredi soir, dans une Kulturfabrik aux airs de hammam, c’est un parterre nombreux (800 personnes) et bigarré qui se présentait là : un brin de jeunesse, donc, et un paquet de vieux loups, de ceux arborant le look à la Cyco Miko (Suicidal Tendencies), style basketteur avec bandana, à d’autres bikers tatoués.
Ce mélange de générations s’observait même sur scène, quand « petit » Ice T a fait son apparition avec son papa, mimant même, appuyés par des bruits de balles, une exécution le clouant au sol. Bref, le show était rodé, costaud et énergique.
Étonnant quand on apprend que le groupe jouait encore dans l’après-midi aux Pays-Bas, avant de partir aussi sec vers le Luxembourg pour un second set. Bon, on va dire que la musique est un monde impitoyable et qu’il faut bien vivre…
En tout cas, musicalement, le public, tout aussi bigarré qu’il soit, a semblé apprécier ces morceaux tout en percussions et aux guitares ultra lourdes, sachant remuer la tête sur les anciens « tubes » comme sur les nouveaux. On a même eu le droit au morceau du film Judgment Night, que Body Count a enregistré avec Slayer.
Au passage, Ice T s’est tout de même laissé aller en évoquant ses conceptions sur la masculinité, pas forcément au goût de toute l’assistance, notamment féminine. En somme, des sonorités et des propos « couillus ». De toute façon, Bodycount n’a jamais su faire dans la finesse. On ne se surnomme pas « Ice motherfucker T, bitch » pour rien.
Grégory Cimatti
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