Le couple star de la musique Beyoncé et Jay-Z a créé la surprise en annonçant sur scène à Londres samedi soir la sortie d’un nouvel album commun pour célébrer leur amour.
Cet album, intitulé Everything is love et comptant neuf titres, est sorti exclusivement sur la plateforme de streaming Tidal, propriété de Jay-Z. Il n’est pas disponible sur Spotify, plateforme concurrente nettement plus importante et dont Beyoncé se moque sur l’album à grand renfort de jurons. La diva de la pop et le rappeur superstar ont annoncé la sortie de leur nouvel opus à la fin du concert londonien dans le cadre d’une tournée internationale débutée le 6 juin au Royaume-Uni.
Le couple a également publié une vidéo soigneusement chorégraphiée qui se déroule à l’intérieur du musée du Louvre à Paris pour une chanson tirée de l’album, nommée Apeshit. La vidéo s’ouvre sur les époux posant, hiératiques, devant la Joconde – Jay-Z vêtu d’un costume croisé vert clair, Beyoncé d’un tailleur pantalon lavande – et se poursuit avec des danseurs, eux très déshabillés, devant Le Sacre de Napoléon de Jacques-Louis David.
Au plan musical, Everything is Love marie les styles des deux artistes avec des chansons marquées par une soul chaleureuse et sensuelle et une facture hip-hop. La chanteuse livre même généreusement des détails sur sa vie sexuelle avec Jay-Z. Les deux stars, qui ont eu trois enfants dont des jumeaux nés en juin 2017, avaient déjà enregistré ensemble, comme sur l’album de Beyoncé Drunk in Love, mais franchissent encore un pas ici après avoir particulièrement exposé leur vie maritale. Sur son dernier disque solo en 2016, Lemonade, Beyonce avait révélé l’infidélité de son mari. Un an après, Jay-Z lui avait demandé pardon dans son propre opus 4:44.
Leur relation semble revenue au beau fixe, comme le suggère le titre de l’album où Beyoncé dit à son mari dès les premières paroles « faisons l’amour en été ». Dans la dernière chanson, Lovehappy, ils reconnaissent les difficultés passées mais aussi leurs efforts de réconciliation. « Nous avons des défauts/Mais nous sommes toujours parfaits l’un pour l’autre », chante Beyoncé.
Rôle politique assumé
Les deux des principales figures de la scène pop afro-américaine jouent aussi un rôle politique de plus en plus visible après leur soutien à la campagne pour l’ex-président Barack Obama ou au mouvement Black Lives Matter. Et Everything is Love comporte un hymne à l’identité afro-américaine avec Black Effect qui s’ouvre sur un monologue à la manière de Beyoncé, consacré à l’amour de soi-même, avant un sample de soul ensorcelant. Dans la chanson, Jay-Z cite le nom de Trayvon Martin, un adolescent noir abattu par un vigile en Floride en 2012, et détourne les appels coutumiers au public en concert en rappant « levez les mains en l’air bien haut comme pour une fausse arrestation ».
Ailleurs sur l’album, Jay-Z semble confirmer des informations de presse selon lesquelles il a refusé une offre de la Ligue nationale de football américain (NFL) pour le Super Bowl en février dernier – l’événement le plus regardé à la télévision américaine – durant lequel s’était finalement produit Justin Timberlake. Jay-Z est un partisan affiché de Colin Kaepernick, l’ex-quaterback de San Francisco maintenant sans emploi qui avait initié un mouvement de protestation dans le football contre les violences raciales en mettant un genou à terre durant l’hymne national en 2016. Le président Donald Trump avait alors entamé un bras de fer avec la NFL, exigeant le licenciement des joueurs qui, selon lui, manquaient de respect au pays. « J’ai dit non au Super Bowl/Vous avez besoin de moi, je n’ai pas besoin de vous », lâche Jay-Z dans son flow, évoquant ensuite le fait que dans le football américain les employeurs sont presque tous blancs et les joueurs presque tous noirs.
Le rappeur, connu également sous le surnom de Hov, s’en prend directement à Trump sur un autre morceau, avec Beyoncé et intitulé Salud !, qui ne figure pas sur l’album mais a été publié simultanément en bonus. « Votre président tweete à propos de Hov comme s’il nous connaissait/Mon chemin vers le sommet c’était pour reprendre ce que vous nous devez », rappe Jay-Z.
Le Quotidien/AFP