Voilà onze ans qu’on n’avait plus de ses nouvelles ! Que ses fans se rassurent, malgré quelques soucis avec la justice, sœur Marie-Thérèse va bien. Elle est même de retour en librairie avec un 7e tome : Ainsi soit-elle !
Quel bonheur de retrouver sœur Marie-Thérèse! Quelle envie de prendre cet Ainsi soit-elle! en main et d’entamer sa lecture. Onze ans qu’on attendait – voire qu’on n’attendait plus! – la suite des aventures de cette nonne pas comme les autres. Depuis le mois de novembre 2008 très exactement, quand l’éditeur Drugstore sortait le sixième tome : La Guère Sainte.
Car sœur Marie-Thérèse est un de ces personnages phares de la BD d’humour à la française. Un humour à la fois intelligent et noir, malin et sous la ceinture, sociétal et gagesque! Le tout avec un fond libertaire, humaniste, sociétal même. Balèze la nonne!
Des vannes dans les moindres détails
Un cocktail qui n’a pas pris une ride et qu’on retrouve dès les premières pages de cet Ainsi soit-elle! Chaque case propose une ou plusieurs vannes, que ce soit dans le texte ou le dessin. Certaines sont bien visibles, claires, voire importantes dans le récit, d’autres sont cachées dans les détails, les coins des cases ou entre les lignes des phylactères. Des apartés, des clins d’œil, des jeux de mots… sans grande conséquence sur le récit, certes, mais tellement agréables. Du coup, il vaut mieux prendre son temps sur chaque case. Au risque de rater quelques bons fous rires !
Reste que le récit semble un peu trop inspiré par les comic US, avec ce monstre vert rappelant un certain Hulk ou encore ces pages empruntées au style Splash si souvent utilisé par les auteurs nord-américains. Un style qui détonne, non seulement par rapport aux précédents opus de sœur Marie-Thérèse, mais aussi par rapport à l’humour franchouillard qui reste l’essence de la série.
Et si le changement de dessinateur en plein album – Maëster a dessiné jusqu’à la page 24, Julien Solé ayant pris le relais jusqu’à la fin – passe presque inaperçu, le prologue, mis en images, lui aussi, par Solé perturbe l’œil habitué au dessin de Maëster. Difficile de dire si ce sont les lignes, les courbes ou les couleurs, mais quelque chose passe difficilement. Mais on chipote, là. Ne boudons pas notre plaisir. Sœur Marie-Thérèse garde sa gouaille, son franc-parler, sa libido, ses coups de sang qui se transforment régulièrement en coups de poing… ainsi que sa consommation excessive de drogues, licites ou non. Vers la fin de l’album, les auteurs expliquent même, avec leur humour noir habituel, les raisons de son éternelle colère. Histoire de mieux cerner le personnage.
Pablo Chimienti
Sœur Marie-Thérèse, T7, Ainsi soit-elle!, de Maëster et Julien Solé. Glénat.