Auteur du désormais culte « Zaï zaï zaï zaï », Fabcaro offre, dans « Moins qu’hier, plus que demain », un portrait acide et décomplexé des relations de couple. Une soixantaine de strips qui inaugurent la nouvelle collection «trash» des éditions Glénat (GlénAAARG!), et qui rassurent les célibataires…
Après « Et si l’amour c’était aimer ? », vous revenez aux couples dans « Moins qu’hier, plus que demain ». Est-ce une obsession ?
Fabcaro : (Il rigole) C’est aussi un hasard de calendrier ! Moins qu’hier, plus que demain est un projet que j’ai attaqué il y a de ça plusieurs années pour une revue, Arrgh!, disparue depuis. Quinze pages y étaient parues. Lorsque Glénat a lancé sa nouvelle collection, l’idée est ressortie des tuyaux. Ainsi, deux BD sur les couples sont sorties à quelques mois d’intervalle… Alors oui, ça fait un peu le mec qui a des obsessions !
Est-ce le cas ?
Pas plus qu’un autre ! C’est un sujet qui me passionne et un terreau fertile pour un auteur, comme moi, qui s’intéresse aux relations humaines et aux liens intimes. Dans les couples, on retrouve tout : l’amour, les conflits, la passion… On peut tout y caser, au même titre que le rapport à la famille, l’éducation, la sexualité. C’est un excellent terrain de jeu !
Vous-même, vous êtes en couple. Dans cet ouvrage, quelle est la part d’autobiographie ?
Je ne vais pas dire que c’est autobiographique, car ça serait dramatique pour moi (il rit). Mais, c’est vrai, il y a du vécu, mais à l’instar de plein d’autres couples au quotidien : les courses, les tâches ménagères, les enfants, les beaux-parents… Ces situations sont, disons-le, banales. Ce sont des archétypes du couple, que je m’amuse à tordre… un peu.
Justement, vous parlez d’universalité. Est-ce pour cette raison que vos couples se ressemblent tous ?
Tout à fait. On m’a d’ailleurs souvent demandé pourquoi, dans ce livre, il n’y avait pas de couples homosexuels. Mais en choisissant un couple modèle, iconique, tout le monde peut s’y reconnaître ! Les dessins, figés, ont ainsi tous la même forme. Ce sont des coquilles vides afin que chacun puisse s’y projeter.
Justement, ces dessins « figés », est-ce un bon moyen de laisser le propos prendre le dessus ?
Oui. Mais surtout parce que je ne me considère pas comme un dessinateur : j’adapte le dessin en fonction des scénarios. L’idée, c’est d’éviter les redondances, et là, avec ce genre de propos, il ne faut pas que le dessin parasite l’intention, le regard. D’où ces saynètes figées, inexpressives, qui laissent le texte respirer.
Êtes-vous d’accord avec les Rita Mitsouko, qui chantaient : « Les histoires d’amour finissent mal… en général »…
Oui, assez. Alors, elles finissent mal de différentes façons, soit parce que ça explose, soit parce que ça dégénère vers quelque chose de plus « pépère », d’installé… Après, c’est peut-être une généralité que de dire ça, mais selon moi, une histoire d’amour est limitée dans le temps. Peut-être, aussi, que je suis pessimiste !
Quel serait le secret d’un couple réussi ?
C’est arriver à admettre que le couple, dans la durée, c’est difficile ! Il faut se dire que, devant cette union pas forcément naturelle, on passe par plusieurs étapes. Et que cette passion des origines – qui dure un, deux, trois ans – se mute en autre chose. Une fois qu’on a admis cela, on peut essayer de construire un truc sympathique. Je dis cela en connaissance de cause : ça fait 20 ans que je suis avec ma compagne !
Entretien avec Grégory Cimatti